Feux de forêts : Une experte italienne introduit un nouvel élément d’analyse.

14 août 2021 

 

Mêmes scènes apocalyptiques en Grèce, en Turquie et en Italie (photo). D. R.

De Rome, Mourad Rouighi – Isabella Pratesi n’est pas une experte parmi tant d’autres, elle est la présidente du WWF Italie et participe à toutes les initiatives lancées de par le monde pour la sauvegarde des forêts, de la nature et de sensibilisation face au problème du réchauffement climatique. 

De toute évidence, l’actuelle vague d’incendies qui sévit un peu partout en Méditerranée est loin de l’avoir surprise, elle qui consacre à ce phénomène toute l’attention nécessaire et ce, depuis des dizaines d’années.

Et, partant d’un constat incontournable à la base de toute approche à venir, entre autres que 98% des incendies qui se sont déclarés en Algérie, en Italie, en Grèce, en Turquie et à Chypre sont d’origine criminelle et sont le fait de pyromanes aux objectifs divers, elle tente aujourd’hui d’introduire de nouveaux éléments dans la compréhension de cette nouvelle donne, qui intègrent outre les aspects criminels, économiques voire de déstabilisation de certains pays, un facteur qui a échappé aux politiques en charge de ce dossier, à savoir l’explosion de la consommation de toutes sortes de drogues ces dernières années, du cannabis, aux drogues synthétiques, qui rendent ces pyromanes hors contrôle et capables de tout.

Un fait nouveau qui ne doit en aucun cas être minimisé et qui doit faire l’objet d’une politique à même de tarir les sources de ce déferlement d’un autre type et tout aussi toxique.

Cela dit, les dizaines de morts enregistrées en Sardaigne, en Sicile et en Calabre rendent cette situation des plus explosives avec, en prime, comme le souligne Emanuele Feltri, un entrepreneur agricole sicilien, les nuisances de Cosa Nostra et N’Drangheta. Ces dernières pratiquant la politique de la terre brûlée pour gérer l’après-incendies et rappeler à qui de droit que toute activité économique doit composer avec les différents sigles du crime organisé, fortement enracinés dans ces territoires.

Un constat amer celui de cet agriculteur et trois recommandations à adopter en toute urgence.

Tout d’abord, l’institution d’un fonds méditerranéen doté de moyens modernes dont feraient partie les pays de la région et à même de garantir les interventions rapides nécessaires avec des dizaines de Canadair prêts à intervenir à tout moment

Une prise de conscience collective de l’importance d’une action commune qui doit s’accompagner d’une législation adaptée aux nouveaux dangers et prévoir des peines plus sévères pour ces apprentis pyromanes et des moyens de prévention à la mesure des risques encourus par l’écosystème méditerranéen.

Enfin, Emanuele Feltri appelle les Etats de la région à lancer en urgence des programmes de reboisement et à privilégier les variétés dont les bienfaits ont été scientifiquement prouvés, car plus résistantes aux conséquences du réchauffement climatique, dont nous ne cessons de mesurer, jour après jour, spectres et dangers.