Aide sociale. Les recommandations du HCP pour cibler les plus pauvres. ...


Aide sociale. Les recommandations du HCP pour cibler les plus pauvres. ...  

 Aide sociale. Les recommandations du HCP pour cibler les plus pauvres
 
Le HCP a une remarquable propension à rebondir sur l’actualité. Ce mercredi 17 mai, il a présenté son modèle de ciblage géographique de la pauvreté, calculée selon des critères monétaires. Une présentation qui coïncide avec la recherche par le gouvernement, d’un ciblage aussi précis que possible, aussi individualisé que possible, des transferts budgétaires vers les plus pauvres.

Ahmed Lahlimi, le haut commissaire au plan, se défend de toute offre de service. Le HCP se contente de mettre des outils à la disposition du gouvernement.
A ce dernier de choisir. C’est un peu ce qu’il dit dans son message ce mercredi lors de la conférence de presse, un message transmis en son nom par le HCP, car il n’a pu assister à la rencontre.

Quoi qu’il en soit, le contexte est clair.
Le gouvernement envisage enfin de cibler les aides car celles-ci vont à la totalité de la population, et d’abord à ceux qui n’en ont pas besoin.
Les exemples ne manquent pas.
Lahlimi en cite quelques-uns, relatifs aux subventions de produits alimentaires ou énergétiques ou encore de couverture sociale (Ramed) et d’éducation :
“Nos travaux à partir de l’Enquête Nationale sur la Consommation et les Dépenses des Ménages (ENCDM) montrent, à cet égard, qu’en 2014, près de 30% des subventions budgétaires destinées au soutien des produits alimentaires et de butane ont profité aux 20% des ménages ayant le niveau de vie le plus élevé, contre 13% aux 20% les plus défavorisés, avec un rapport de plus de 2 fois au profit des premiers. Ce rapport est de 2,4 fois dans le cas de la farine nationale de blé tendre, 3,4 fois dans celui du sucre et de 1,9 fois dans celui du gaz butane.

“Dans le domaine de la couverture médicale, le RAMED, ayant vocation à couvrir la population pauvre et vulnérable non couverte par un système d'assurance maladie, n’échappe pas, selon les mêmes travaux, à ce type de distorsion. Alors que seuls 26,1% de ses bénéficiaires provenaient du quintile ayant le niveau de vie le plus faible, 7,6% appartenaient au quintile le plus aisé“.
A plusieurs reprises, M. Lahlimi effectuera une comparaison entre l’efficacité de ces transferts “forfaitaires et non ciblés“ et l’INDH qui, elle, est ciblée et a contribué selon lui à faire baisser le taux de pauvreté de 21 points dans les communes rurales qu’elle a touchées depuis 2005.

Après ces exemples de distorsion, Lahlimi expose son modèle qui est une cartographie de la pauvreté monétaire comme outil de ciblage territorial et social des programmes sociaux.
Dès ce jeudi 18 mai, le HCP mettra en ligne les données relatives à cette cartographie.

Il s’agit d’une cartographie actualisée de la pauvreté monétaire élaborée par les experts de l’Observatoire des Conditions de Vie de la Population (OCVP, HCP) sur la base d’un couplage des données issues en 2014 de l'Enquête Nationale sur la Consommation et les Dépenses des Ménages (ENCDM) et du Recensement Général de la Population et de l'Habitat (RGPH).

“L’adoption de cette approche [pauvreté monétaire selon les critères de la Banque Mondiale] a l’avantage d’offrir, sur une base comparative, une présence cartographique lisible en nombre et en intensité des situations de pauvreté et de vulnérabilité qui affectent le paysage national territorial et social et de contribuer ainsi à la définition, à ces deux niveaux, territorial et social, d’une politique raisonnée de ciblage dans la lutte contre la pauvreté“.

La lecture de cette nouvelle cartographie de la pauvreté montre que:
-A l’échelle communale, sur un total de 1.683 communes et centres urbains, 39,2% ont un taux de pauvreté monétaire inférieur à 5%, 29,8% un taux entre 5% et 10%, 23,8% un taux entre 10% et 20%, 5,1% entre 20% et 30% et 2,2% un taux supérieur à 30%.
-En milieu rural, sur les 1.279 communes, le taux de pauvreté monétaire est inférieur à 5% dans 28,5% des communes, et se situe entre 5% et 10% dans 34,4%. Il oscille dans une fourchette comprise entre 10% et 20% dans 28,2% des communes, entre 20% et 30% dans 6,0%, et est supérieur à 30% dans 2,9% des communes.

-A l’échelle urbaine, sur les 404 communes et centres urbains, 73,3% ont un taux de pauvreté inférieur à 5%, 15,1% un taux de pauvreté entre 5% et 10%, 9,7% un taux entre 10% et 20%, et 2,0% un taux supérieur à 20%.
La cartographie de la pauvreté offre, par ailleurs, aux politiques publiques un outil d’optimisation de la répartition des ressources destinées à la réduction de la pauvreté monétaire à la double fin d’en faire bénéficier le plus grand nombre et d’en maximiser  le rendement et par conséquent les ressources.
Les simulations opérées par le HCP dans ce domaine, compte tenu des différents modes de ciblage, aujourd’hui vulgarisés par les travaux de la Banque Mondiale, aboutissent à la conclusion que le niveau de réduction de la pauvreté et de la vulnérabilité ou, d’une façon générale, les performances d’un programme social sont d’autant plus élevées et les économies de ressources d’autant plus grandes que les politiques de ciblage s’adressent :
- Géographiquement, aux unités territoriales de base les plus petites (centres urbains, communes, douars, voire districts);
- Socialement, aux ménages les plus pauvres dans les unités territoriales les plus pauvres.

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