La politique étrangère de Macron au Maghreb et en Afrique: les premiers éléments.


La politique étrangère de Macron au Maghreb et en Afrique: les premiers éléments !


 La politique étrangère de Macron au Maghreb et en Afrique: les premiers éléments
 
Incollable sur les institutions européennes, l’euro et le couple franco-allemand, le nouveau président français n’oublie ni le Maghreb ni l’Afrique.

Mais Macron fait ses classes. 
La France entretient des relations privilégiées avec nombre de pays du Maghreb et d’Afrique avec d’importants potentiels économiques, les problèmes de sécurité restent importants.
Lorsque l’on a à moins de 40 ans et commencé à refonder et à renouveler la politique française, il y a peu de doutes que l’ancien sherpa des sommets du G7 et du G20 et l’ancien ministre de l’Economie de François Hollande apprendra très vite.

Pour l’instant l’homme s’intéresse beaucoup à l’Europe, aux évolutions de la politique commerciale et de défense des Etats-Unis et à Moscou, adepte du cyberhacking, sachant que les attaques contre le site d’"En Marche!" et le piratage des données du mouvement de Macron ont déjà eu pour effet boomerang de durcir la position de l’équipe d’"En Marche!" vis-à-vis de la Russie.
Conseillé par l’actuel ambassadeur à Washington, Gérard Araud, François Heisbourg de la Fondation pour la recherche stratégique ou encore Dominique de Villepin ou Hubert Védrine, Macron dispose également d’une cellule diplomatique au siège du parti.

 Il y est entouré d’Aurélien Lechevallier passé par Beyrouth et la mairie de Paris, Clément Beaune passé par Bercy, ou encore l’ancienne directrice du Quai d’Orsay Nathalie Loiseau, Justin Vaïsse du Centre d’analyse, de prévisions et de stratégie au Quai d’Orsay et Muriel Domenach ancienne consule à Istanbul et aujourd’hui à la tête du comité interministériel de prévention de la délinquance et de la déradicalisation. Cinquante personnes au total s’occupent de politique étrangère aujourd’hui autour d’Emmanuel Macron.
Le Maghreb "partenaire privilégié"
Sur le Maghreb et l’Afrique, la nouvelle politique de Macron devrait marquer quelques inflexions dans l’approche française même si l’on souligne que "le Maghreb fait partie de nos partenaires privilégiés", ce qui est juste. Macron s’est rendu à Alger et Tunis durant sa campagne, mais ses réseaux marocains ne sont pas négligeables.
Cependant et de plus en plus pour les pays du Maghreb, pour "peser plus", il faut peser plus, c’est-à-dire être de plus en plus un Maroc, une Algérie et une Tunisie aux modèles politiques démocratiques et respectueux des droits de l’homme et aux économies assez dynamiques pour inverser de manière sensible les indicateurs de la migration et de la radicalisation.

Les relations de la France, tant avec les dirigeants du Maghreb que ceux d’Afrique de l’ouest et du Sahel, sont basées sur des réseaux datant de l’époque coloniale. Finances, industrie extractive, agriculture d’exportation et projets d’infrastructures dominent. Aujourd’hui, une quinzaine de pays de la zone CFA continuent de déposer la moitié de leurs réserves en devises à la banque de France pour en garantir la stabilité!

Au Maghreb, selon que l’on soit à Casablanca, Alger ou Tunis, les choses sont différentes. Sur le plan économique, les relations entre le Maroc et la France connaissent un développement important et discontinu depuis 20 ans. Toutes les entreprises du CAC 40 sont présentes au Maroc. Renault et Peugeot y disposent d’importants investissements, mais également Véolia, Suez, Air Liquide ou la BNP Paribas, le Crédit Lyonnais ou la Société générale.
La situation est différente en Algérie où les limites posées à l’investissement privé et les dogmes anti-occidentaux algériens freinent le partenariat bilatéral même si plus de deux millions d’Algériens vivent en France et qu’au Maghreb, les Algériens sont les meilleurs francophones de la région.
A ces éléments s’ajoutent des éléments tenant à la personnalité du nouveau chef de l’Etat français. Il n’a connu ni l’époque de l’Algérie française ni celle du protectorat au Maroc, en Tunisie ou de l’AOF, l’Afrique occidentale française. C’est aussi un technocrate et un pragmatique formé aux meilleures écoles françaises et passé par l’Elysée, Bercy et la banque Rothschild. Son équipe, au sens large, est du même profil. Son profil, son parcours politique et sa méthode de travail pragmatique et transparente ringardisent les élites politiques maghrébines et africaines.
L’étude de l’IFRI qui analyse ce que pourrait être la politique étrangère française pour la période 2017-2022, démarrent sur deux sujets:" Comment la politique étrangère est entravée par la dette publique" et en matière de politique commerciale, comment "au-delà des postures, défendre les intérêts de la France".
Ces deux questions centrales pointent du doigt la priorité pour la France de mettre son économie et ses comptes en ordre et la nécessité d’être pragmatique en matière diplomatique et commerciale. Lors des dernières années de la présidence Hollande, le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, était également responsable du Commerce extérieur.
Durant la campagne électorale qui vient de s’achever, il a été le seul candidat, avec François Fillon, à mentionner spécifiquement le Maghreb dans son programme.
Son équipe Maghreb est globalement pilotée par la sénatrice Bariza Khiari qui dispose de bonnes entrées à Rabat et Casablanca comme à Alger et Oran. On trouve également dans l’entourage de Macron Hamed El Karoui, François-Aissa Touazi et le Marocain Hamza Hraoui.
Macron a déjà eu l’occasion de s’exprimer clairement sur les rapports de Paris avec Rabat ou Alger. Il refuse de choisir, ce qui est plutôt normal. Macron a déjà déclaré ne pas vouloir commenter "la nature des relations entre le Maroc et l’Algérie car il s’agit de deux pays souverains" tout en ajoutant des mots qui sonnent comme une recommandation et un avertissement: "Je crois profondément à l’intérêt des pays du Maghreb à coopérer davantage, à intensifier leurs relations avec le reste du continent africain". En substance, Macron dit qu’il n’est pas disposé à perdre son temps dans les "bisbilles" intermaghrébins qui n’ont que trop duré; que dirigeants marocains et algériens doivent prendre leurs responsabilités sur la démocratisation et le développement économique et social de leurs pays, l’ouverture des frontières, la lutte anti-terroriste ou le dossier du Sahara.
 
Afriques

Le programme de Macron réserve un espace important à l’Afrique. C’est le nom de Lionel Zinsou, banquier franco-béninois et ancien candidat malheureux aux élections présidentielles à Cotonou qui revient le plus souvent sur les dossiers Afrique au sein de l’équipe macron.
Sur le continent noir, Macron annonce "une grande initiative de développement dès le début du quinquennat". Il sera intéressant de voir quelle forme elle prendra et si elle se fera notamment en partenariat avec des entreprises marocaines?
Macron veut signer un retour plus marqué de la France et des PME françaises en Afrique.

Intitulé "La politique africaine de la France à l’épreuve de la diversité du continent" la section du document de l’IFRI prend acte de la diversité et de l’immensité du continent, les différences de développement selon que l’on se trouve à Lagos, Johannesburg ou Bamako et les disparités en matière de sécurité.

Une récente carte de l’International Crisis Group montre que sur la planète l’Afrique reste le continent le plus affecté par des problèmes de sécurité et d’insécurité alimentaire. La moitié du continent se trouve dans le "rouge".

Sur l’Afrique, l’IFRI juge que "la présence sur le continent africain est un élément clé de la puissance de la France, ou tout du moins de son influence. Elle a toujours été une priorité de son action extérieure. Pour le demeurer, elle devra s’adapter aux mutations profondes du continent, et à la diversité des dynamiques qui le traversent".

Concrètement, dans le programme du président Macron cela se traduit par les propositions suivantes: la première est de "proposer un grand partenariat avec l’Afrique"; cela devrait être le cas au cours des prochains mois. Il s’agit ensuite de renouer avec une politique de promotion de la francophonie en développant la coopération linguistique et le soutien aux lycées français à l’étranger.
Parmi les propositions il s’agit aussi d’ "intensifier l’action climatique en coopération avec l’Afrique". L’objectif d’une aide publique à hauteur de 0,7% du PIB aux pays africains est réaffirmé.
Outre le Maghreb et l’Afrique, l’équipe Macron s’est naturellement intéressée aux défis du terrorisme et à ceux de l’énergie et du climat. La maîtrise du numérique est traitée et directement liée à l’autonomie stratégique.

Plusieurs ressources existent sur le sujet à commencer par le programme du candidat et un document de l’IFRI , l’Institut français des relations internationales, intitulé "L’Agenda diplomatique du nouveau président" et téléchargeable gratuitement.

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