Statut de Jérusalem : l’ONU condamne la décision de Donald Trump.

Statut de Jérusalem : l’ONU condamne la décision de Donald Trump.

Statut de Jérusalem : l’ONU condamne la décision de Donald Trump

A une large majorité, l’Organisation des nations unies a condamné, jeudi, la décision du président américain Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël.

A une large majorité, 128 pays contre 9, l’Organisation des nations unies (ONU) a condamné, jeudi 21 décembre, la décision du président américain Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël. Trente-cinq pays ont décidé de s’abstenir. Lire aussi :   Les Etats-Unis isolés à l’ONU sur le statut de Jérusalem A Ramallah en Cisjordanie, un porte-parole du président palestinien Mahmoud Abbas s’est félicité du vote de la résolution à l’Onu. « Ce vote est une victoire pour la Palestine », a estimé Nabil Abou Rdainah. « Nous allons poursuivre nos efforts aux Nations unies et dans tous les forums internationaux pour mettre fin à cette occupation et pour créer notre Etat palestinien avec Jérusalem-Est pour capitale », a-t-il ajouté...

Les pressions diplomatiques de dernière minute de Donald Trump et de sa représentante à l’ONU, Nikki Haley, n’auront pas suffi. 


L’Assemblée générale des Nations unies a adopté, jeudi 21 décembre, à une large majorité (128 votes favorables, 35 abstentions et 9 votes défavorables) une résolution sur le statut de Jérusalem, parrainée par la Turquie et le Yémen.


Affichage du vote condamnant la décision de Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël, à New York, le 21 décembre.

Le texte reprend, dans ses grandes lignes, un projet présenté lundi au Conseil de sécurité, qui condamnait implicitement la récente reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël par le président américain. 

Les Etats-Unis, membres permanents du Conseil, s’étaient alors servis de leur droit de veto pour empêcher l’adoption de cette résolution, soutenue par les quatorze autres membres.

Ce blocage avait conduit les Palestiniens, qui souhaitent que Jérusalem-Est, conquise par Israël en 1967, devienne la capitale de leur futur Etat, à réclamer la tenue d’une session extraordinaire d’urgence de l’Assemblée générale.

En amont de cette réunion, M. Trump a cherché à intimider, menaçant de couper les vivres aux pays récipiendaires de l’aide financière américaine en cas de soutien à la nouvelle résolution. La Maison Blanche a aussi laissé entendre qu’une adoption du texte pourrait affecter à la baisse la participation des Etats-Unis au budget de l’ONU, qui doit déjà être réduite lors du prochain exercice.


Chantage au portefeuille


Ce message a été martelé par Nikki Haley dans un discours musclé à la tribune de l’Assemblée générale, où elle a défendu le choix de Washington de déplacer son ambassade en Israël de Tel Aviv à Jérusalem.

« Les Etats-Unis se souviendront de ce jour où ils ont été pris pour cible à l’Assemblée générale pour le simple fait d’avoir exercé leur droit de nation souveraine », a lancé l’ambassadrice américaine. « Nous nous en souviendrons lorsqu’on nous demandera à nouveau d’être les principaux contributeurs des Nations unies », a-t-elle poursuivi sans fard.

La véhémence de l’intervention de Mme Haley a suscité le scepticisme et l’incrédulité de nombreux diplomates, peu rompus au chantage au portefeuille de la part de la première puissance mondiale. « On n’entend jamais ça à la tribune de l’Assemblée générale, c’est hallucinant ! », s’étouffe l’un d’entre eux.

Le texte, qui rappelle une série de résolutions du Conseil de sécurité sur Jérusalem et souligne le caractère illégal de l’occupation par Israël de la partie orientale de la ville sainte, a été soutenu par près de deux tiers des Etats-membres. 
La France et le Royaume-Uni, partenaires traditionnels des Américains à l’ONU, ont voté pour, tout comme la Chine, la Russie et l’ensemble des pays du monde arabe.

« Malgré leurs menaces et leur agressivité, les Etats-Unis n’ont pas réussi à persuader la plupart des Etats, qui ont fait un choix libre et souverain », s’est réjoui le ministre palestinien des affaires étrangères Riyad Al-Maliki à l’issue du vote. « Nous sommes ici pour écrire un nouveau chapitre avec les pays qui souhaitent que Jérusalem soit la capitale de la Palestine et rejettent la décision du président Trump, contraire au droit international. »


« Le vrai perdant, c’est le processus de paix »


Plusieurs ambassadeurs et diplomates avaient pourtant anticipé un soutien plus massif sur une question qui fait l’objet d’un vaste consensus international. Mais les manœuvres américaines ont dissuadé certains pays de s’aliéner le puissant allié américain. Au total, 65 membres de l’ONU qui ont voté contre le texte, se sont abstenus ou, comme l’Ukraine, n’ont pas participé au scrutin. 
La mission américaine en a d’ailleurs profité pour envoyer une invitation formelle aux représentants de ces Etats afin de les « remercier de [leur] amitié ».

L’adoption de la résolution marque néanmoins un échec de l’administration Trump, qui avait fait du vote un quasi-référendum sur sa crédibilité au Proche-Orient. Un revers qui ne semble guère soucier le locataire de la Maison Blanche, avant tout motivé par des considérations de politique intérieure. « Le président a montré qu’il était prêt à tenir tête au reste du monde au nom d’Israël, ce qui représente un cadeau de Noël idéal pour beaucoup d’électeurs républicains », juge Richard Gowan, expert au Conseil européen des relations internationales.

En revanche, Mme Haley, étoile montante chez les républicains, pourrait avoir entamé une part de son crédit auprès de ses homologues aux Nations unies. « Nikki Haley a toujours défendu Israël avec ardeur, mais elle s’est forgé une réputation de diplomate pragmatique lors de précédentes négociations sur des sujets comme la Corée du Nord », juge M. Gowan. « Cet épisode la montre moins à son aise. »

Le gouffre qui sépare aujourd’hui Washington des autres membres permanents du Conseil de sécurité sur Jérusalem pourrait, dans un avenir proche, geler toute initiative de relance des négociations entre Israéliens et Palestiniens. 
« Le vrai perdant, c’est le processus de paix », regrette un cadre d’une mission onusienne.

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