Le problème de la retraite des parlementaires reste entier, mais le groupe PJD sème le trouble.
Les anciens parlementaires ne perçoivent plus leurs retraites depuis le 4 octobre dernier. L’annonce avait sonné comme un coup de tonnerre car les anciens élus avaient cotisé, selon la loi 24-92, et bénéficient donc du principe du droit acquis. Mais il n’y a plus d’argent dans les caisses de retraites des élus. Il fallait trouver une solution, et personne n’en a trouvé une, miraculeuse. Alors le PJD arrive avec un projet de loi, dans le même temps qu’une commission d’experts a soumis ses conclusions à la Chambre
C’était donc le 4 octobre dernier… La Caisse marocaine des retraites, en charge des pensions des parlementaires retraités, annonçait son impossibilité de continuer de servir ces retraites, n’ayant plus d’argent à son crédit pour les députés. Branle-bas de combat et longs débats sur la question, très sensible… Mardi 10 octobre, le Bureau de la Chambre s’était réuni et avait demandé des explications complémentaires.
Puis le président de la Chambre Habib Malki avait annoncé avec une certaine emphase que n’égalait que sa discrétion qu’il avait décidé « de rencontrer et de se concerter avec les chefs des différents groupes parlementaires afin de les tenir informés et de discuter avec eux de la marche à suivre ».
Les choses en étaient restées là, publiquement du moins…
Mais dans l’intervalle, un groupe d’experts avait été chargé par Habib Malki de plancher sur la question. Et ces spécialistes étaient au parlement le 8 janvier dernier, avec deux propositions dans leur sac : soit liquider purement et simplement ces retraites, soit réformer la caisse des parlementaires.
Dans ce dernier cas, les experts ont proposé, selon une source de notre confrère Mowatine.com, une série d’ajustages au régime de retraite des élus : augmenter les cotisations, ne servir les pensions que quand l’élu atteint l’âge de 63 ans, et s’assurer une contribution publique pour renflouer les caisses de la Caisse. Et malgré cela, la Caisse des retraites des parlementaires sera en faillite en 2029, sachant qu’en 2016, les cotisations s’étaient élevées à 27,4 millions de DH, contre des primes versées de 58,65 millions, pour 734 bénéficiaires. Le double…
Or, le chef du gouvernement Saadeddine Elotmani, qui avait abordé la question en octobre, avait déclaré que puisque cette question est du ressort du Législatif, il appartient au Législatif, et à lui seul, de trouver la solution. Toujours est-il que M. Malki devra lui proposer les solutions proposées par ses experts, pour décision finale.
… et le PJD arrive
Le groupe du PJD a donc soumis un texte de projet de loi privilégiant la solution 1, celle de la liquidation de la retraite des élus parlementaires. Dans l’esprit des députés dirigés par Driss el Azami el Idrissi, pour cette liquidation, il faut préalablement verser les retards de pensions à ceux des parlementaires qui ne les ont pas reçues en temps voulu, c’est-à-dire depuis octobre 2017, puis aussi rembourser les cotisations de tous.
Cela devrait être du ressort d’une commission qui serait constituée, selon le PJD, des questeurs de la Chambre, du représentant du chef du gouvernement, de celui du ministre des Finances et aussi, et enfin, de celui de la Caisse de retraites concernée.
Populisme ou politique, de la part du PJD ? La question reste ouverte, sauf qu’il faut lire dans cette proposition un acte inamical des députés PJD emmenés par el Azami el Idrissi, président du Conseil national du parti et ex-challenger malheureux d’Elotmani pour le secrétariat général du parti, envers le chef du gouvernement.
En effet, retirer leurs retraites à des députés qui y comptaient créera du remous au sein des deux Chambres, et ferait tanguer la majorité gouvernementale. Et pour sa part, rejoignant l’ancien chef du gouvernement et du parti Benkirane, qui avait dit être en faveur de la suppression de la retraite parlementaire, le groupe du PJD se pose en gardien de la vertu et de la morale, à faible coût car ce n’est que depuis 2011 que les élus PJD sont nombreux, et qu’ils n’ont donc pas eu le temps suffisant pour réunir des pensions confortables.