Agents et courtiers d’assurances : Le ras-le-bol des intermédiaires.
Une vive colère secoue les intermédiaires d’assurances. Plus de 88% d’entre eux ont observé une grève, ce lundi, pour dénoncer nombre de dysfonctionnements et de pratiques illégales qui rongent leur profession. Explications.
C’est un ras-le-bol général chez les agents et courtiers d’assurances. Dans un communiqué de presse de l’Union Marocaine des Agents et Courtiers en Assurances (UMCA) ils déplorent, à l’unanimité, la stagnation de leurs commissions depuis plus de quarante ans et dénoncent les conditions que vit la profession qu’ils qualifient de « lamentables ». Ils pointent aussi du doigt certaines pratiques qu’ils qualifient d’illégales.
La circulaire de la discorde
Les commissions des intermédiaires n’ont pas bougé d’un iota depuis quarante ans et elles sont à hauteur de 12% toutes taxes comprises. « Cette rémunération n’a pas vu d’amélioration alors qu’elle ne répond pas aux besoins des intermédiaires, surtout avec la montée actuelle des charges. L’intermédiaire doit assurer un travail titanesque de la prospection au recouvrement, avec cette maigre commission, il se retrouve donc à faire du bénévolat », martèle un membre de l’UMCA.
D’ailleurs, une circulaire du ministère de l’Économie et des Finances – entrée en vigueur en 2016 – est venue enfoncer le clou. En plus de n’annoncer aucune amélioration du taux de leur commission, elle oblige les intermédiaires à supporter le risque des impayés dans sa totalité. « Nous, intermédiaires, supportons entièrement le risque impayé et nous nous devons de régler notre compagnie d’assurance dans les délais impartis. Si nous avons, à titre d’exemple, un chèque impayé, c’est à nous de faire le nécessaire pour le recouvrer ». De plus, les compagnies exigent de leurs intermédiaires des règlements dans les 15 jours. « C’est pratiquement impossible. Les petits intermédiaires ne pourront jamais suivre parce qu’ils n’ont pas toujours de fonds de roulement suffisant et sont donc dans l’impossibilité de régler leurs compagnies dans ces délais », s’indigne cet intermédiaire. « Dans le droit commercial, le délai minimum est de 60 jours, ce qui serait plus raisonnable », ajoute-t-il.
De plus, la circulaire incriminée ne protège pas les petits intermédiaires, loin de là. Ils sont d’ailleurs les principales victimes de certaines pratiques de leurs concurrents directs qui usent de facilités de paiement pour attirer un maximum de clients.
« Il y a une concurrence telle que le client trouvera toujours un intermédiaire qui lui fera des facilités de paiement (paiement par chèques étalés sur plusieurs mois, NDLR).
De plus, la circulaire incriminée ne protège pas les petits intermédiaires, loin de là. Ils sont d’ailleurs les principales victimes de certaines pratiques de leurs concurrents directs qui usent de facilités de paiement pour attirer un maximum de clients.
« Il y a une concurrence telle que le client trouvera toujours un intermédiaire qui lui fera des facilités de paiement (paiement par chèques étalés sur plusieurs mois, NDLR).
Ceux qui peuvent faire des facilités de paiement sont justement ceux qui ont un gros fonds de roulement. C'est pour cela que nous dénonçons cette circulaire, parce qu'elle vise à tuer les petits », nous explique cet intermédiaire.
Banques et l’État : concurrence déloyale
Une autre menace pèse sur les intermédiaires. Les banques qui commercialisent de plus en plus de produits d’assurance. « Ça a commencé par l’assurance vie, puis la multirisque habitation et dernièrement, certaines se sont lancées dans la vente d’assurances automobiles via leurs agences bancaires », indique cet intermédiaire. Pourtant, les banques n’ont pas le droit de proposer ces services via leurs agences. En effet, pour proposer ce type de produit, elles doivent le faire via un cabinet dédié spécialement à l’assurance, une sorte de filiale. « Certaines banques exigent de leurs clients de souscrire à leurs assurances en contrepartie de l’octroi de crédits », s’indigne notre interlocuteur.
Et ce n’est pas tout, l’UMCA dénonce la concurrence de l’État qu’elle considère comme déloyale. En ligne de mire, la Société Nationale du Transport et de la logistique (SNTL) qui ne serait pas censée proposer un service assurance aux particuliers. « Cet organisme, anciennement Office National des Transports (ONT), a été créé au départ pour gérer le parc automobile de l’État. Mais aujourd’hui, la SNTL s’attaque au citoyen lambda en pratiquant des tarifs imbattables », nous explique l’un des intermédiaires grévistes.
Nous avons sollicité le service de communication de la SNTL pour avoir plus d’explications, mais sans succès.
Les doléances des intermédiaires se multiplient. Si des solutions ne sont pas apportées, il est fort probable qu’ils se remettent en grève le 13 mars prochain.
Nous avons sollicité le service de communication de la SNTL pour avoir plus d’explications, mais sans succès.
Les doléances des intermédiaires se multiplient. Si des solutions ne sont pas apportées, il est fort probable qu’ils se remettent en grève le 13 mars prochain.
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