Le cessez-le-feu "sans délai" voté à l'ONU vole déjà en éclats en Syrie, selon une ONG.
La Ghouta orientale, située à l'est de Damas est visée depuis une semaine par des bombardements du régime qui ont tué plus de 500 civils.
Les raids du régime syrien se poursuivent ce dimanche 25 février dans la Ghouta orientale au lendemain du vote d'une résolution par le Conseil de sécurité de l'ONU réclamant une trêve "sans délai" dans ce fief rebelle assiégé, a annoncé une ONG.
"Les raids ont repris dimanche matin, avec deux frappes contre le secteur de Chifouniya, à la périphérie de Douma", la grande ville de la Ghouta orientale, a précisé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Cette région située à l'est de Damas est visée depuis une semaine par des bombardements du régime qui ont tué plus de 500 civils.
Le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane, a par ailleurs rapporté des tirs de roquettes et d'artillerie sur aux moins trois localités de la Ghouta orientale, notamment la ville de Douma. Un correspondant de l'AFP présent à Douma pouvait entendre des raids aériens et des tirs d'artillerie.
340.000 morts
La campagne de bombardements du régime sur la Ghouta orientale, d'une rare intensité même pour un pays ravagé depuis 2011 par une guerre qui a fait plus de 340.000 morts, a été lancée en prélude à une offensive terrestre pour reprendre cette région qui a échappé à son contrôle peu après le début du conflit.
Mohamed Allouche, un responsable de Jaich al-Islam, un des deux principaux rebelles dans la Ghouta orientale, a fait état sur son compte Twitter de raids sur Chifouniya et de "tentatives d'assauts" du régime auxquelles les rebelles ont résisté. Plusieurs trêves temporaires ont déjà été adoptées en Syrie. Leur entrée en vigueur et leur respect par les belligérants peut parfois prendre du temps et elles finissent souvent par voler en éclats.
Le texte adopté samedi à l'ONU, maintes fois amendé, réclamait "que toutes les parties cessent les hostilités sans délai pour au moins trente jours consécutifs en Syrie pour une pause humanitaire durable". L'objectif était "de permettre la livraison régulière d'aide humanitaire, de services et l'évacuation médicale des malades et blessés les plus graves".
"Ce n'est pas un accord de paix sur la Syrie, le texte est purement humanitaire", avait souligné l'ambassadeur suédois Olof Skoog, co-signataire avec son homologue koweïtien de ce texte qui a nécessité plus de quinze jours de négociations pour obtenir un assentiment de la Russie, alliée indéfectible du régime de Bachar al-Assad.
"Le nettoyage de l'armée syrienne va se poursuivre"
Quelques heures après l'échec du cessez-le-feu, un échange téléphonique a eu lieu entre Vladimir Poutine, Emmanuel Macron et Angela Merkel.
Les trois dirigeants ont prôné la "poursuite des efforts communs" pour la mise en place de la trêve et se sont mis d'accord pour "renforcer l'échange d'informations" sur la situation dans ce pays en guerre.
Le président russe, son homologue français et la chancelière allemande ont "souligné la poursuite des efforts communs dans l'intérêt de mettre en place pleinement et le plus vite possible" la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU sur la trêve d'un mois en Syrie, a indiqué le Kremlin dans un communiqué.
Mais l'Iran, allié du régime syrien, a affirmé ce dimanche que l'offensive contre les groupes "terroristes" allait se poursuivre dans la Ghouta orientale. "Comme l'indique la résolution, des zones de la périphérie de Damas qui sont aux mains de terroristes ne sont pas concernées par le cessez-le-feu et les offensives et le nettoyage de l'armée syrienne vont se poursuivre", a déclaré le chef d'état-major de l'armée, le général Mohammad Bagheri, cité par l'agence officielle Irna.
Cet écueil avait déjà été souligné par les observateurs internationaux immédiatement après l'adoption du cessez-le-feu. L'accord trouvé par l'Onu prévoyait en effet des exceptions pour les "autres individus, groupes, entités, associés avec Al-Qaïda et l'EI, ainsi que d'autres groupes terroristes désignés par le Conseil de sécurité". De quoi donner lieu à des interprétations contradictoires, Damas qualifiant de "terroristes" les rebelles soutenus par l'Occident.
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