VIDEO. Comment l’affaire du financement libyen
a mené Nicolas Sarkozy en garde à vue
JUSTICE Nicolas Sarkozy a été placé en garde à vue, ce mardi matin, dans le cadre
de l’enquête portant sur des soupçons de financement illégal de sa campagne en 2007…
- Nicolas Sarkozy a été placé en garde à vue ce mardi.
- Il est soupçonné d’avoir touché de l’argent libyen en 2007.
- Cela lui aurait permis de financer sa campagne présidentielle.
- En échange, il aurait permis à Mouammar Khadafi de revenir sur la scène internationale.
« Calomnie ! » « Honte ! » Voilà les deux mots que Nicolas Sarkozy prononce le plus souvent quand il est interrogé en public sur les soupçons de financement illégal de sa campagne 2007 par la Libye de Mouammar Khadafi. Cinq ans après l’ouverture d’une information judiciaire par le parquet national financier, l’ancien chef de l’État a été placé en garde à vue, ce mardi matin.
Cette nouvelle étape est le signe d’une réelle accélération de l’enquête menée par trois juges qui ont accumulé les soupçons contre l’ancien président. Alors que Nicolas Sarkozy pourrait être déféré en vue d’une mise en examen dans les quarante-huit heures, 20 Minutes revient sur toute cette affaire en détail…
Pourquoi Nicolas Sarkozy a-t-il été placé en garde à vue, ce mardi matin ?
L’ancien chef de l’État est en garde à vue depuis ce mardi matin dans les locaux del’Office central contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCCLIF)à Nanterre (Hauts-de-Seine). Il est entendu dans le cadre d’une information judiciaire ouverte en avril 2013 par le parquet national financier sur des soupçons de financement illégal de sa campagne présidentielle de 2007.
Les trois juges d’instruction chargés du dossier enquêtent sur des soupçons de financement illégal de sa campagne par la Libye de l’ex-dignitaire Mouammar Khadafi. La garde à vue de Nicolas Sarkozy peut durer jusqu’à quarante-huit heures, soit jusqu’à jeudi matin. Il peut, à tout moment, être déféré au parquet en vue d’une mise en examen.
C’est quoi, cette histoire de financement illégal par le Libye de Khadafi ?
Tout a débuté par la publication, en 2012 par Médiapart, d’une note laissant penser à un financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. À l’époque, la note laissait entendre que le clan Sarkozy aurait reçu frauduleusement 50 millions d’euros pour financer sa campagne 2007. Depuis, le montant s’est considérablement réduit. Mais les accusations se sont étoffées.
En novembre 2016, en pleine primaire du parti Les Républicains, l’ancien intermédiaire franco-libanais Ziad Takieddine sort du bois et affirme qu’il a transporté 5 millions d’euros en liquide de Tripoli (Libye) à Paris entre fin 2006 et début 2007. Il explique qu’il a fait trois voyages. Lors des deux premiers, il aurait remis des valises à Claude Guéant.
Lors du dernier, il aurait donné l’argent à Nicolas Sarkozy lui-même. Des propos qui viennent corroborer ceux tenus, en 2012 en Libye, par Abdallah Sanoussi, ancien directeur du renseignement militaire de Khadafi.
Pourquoi la Libye aurait-elle accepté de financer la campagne de Sarkozy ?
Plusieurs considérations entrent ici en jeu. La première est surtout politique et diplomatique. En froid avec la plupart des démocraties pesant sur la scène internationale, Mouammar Khadafi aurait d’abord accepté de financer Nicolas Sarkozy dans le but de redorer un peu son blason au niveau mondial. Vivement critiqué pour son côté dictatorial, le leader libyen avait été reçu en grande pompe,et même sous la tente de bédouin qu’il avait réclamée, à Paris en décembre 2007.
Ce financement aurait aussi servi au régime libyen à blanchir Abdallah Senoussi. Condamné en France en 1999 à la réclusion criminelle à perpétuité pour sa responsabilité dans l’attentat contre l’avion de ligne du DC-10 d’UTA (170 morts dont 54 Français en 1989), Abdallah Senoussi aurait obtenu la garantie d’être amnistié par Nicolas Sarkozy en échange du versement d’argent. « Dès ma prise de fonction à la présidence de la République, pas le premier acte mais le deuxième acte d’amnistie sera pour M. Senoussi », aurait dit Nicolas Sarkozy, selon l’audition devant les juges de Ziad Takieddine reproduite par Mediapart.
Quel aurait été le rôle de Claude Guéant dans toute cette affaire ?
Dans ce dossier, l’ancien ministre de l’Intérieur a été mis en examen pour faux, usage de faux et blanchiment de fraude fiscale en bande organisée. Les magistrats s’interrogent notamment sur le virement de 500 000 euros qu’il assure avoir reçu en provenance d’un avocat malaisien et qui aurait servi à l’achat d’un appartement à deux pas de l’Arc de Triomphe. L’ancien secrétaire général de l’Elysée a toujours indiqué qu’il s’agissait du fruit de la vente de deux tableaux. Mais les enquêteurs en doutent.
Ils s’interrogent aussi sur la raison qui a poussé l’ancien ministre à louer un vaste coffre bancaire à l’agence BNP Opéra de Paris durant la campagne présidentielle de 2007. « Si grand qu’un homme pouvait y entrer debout », précise Mediapart. Claude Guéant s’y serait rendu à sept reprises entre le 23 mars et le 19 juillet 2007. Interrogé à ce propos, il a simplement prétendu qu’il s’en était servi pour cacher les discours de Nicolas Sarkozy, ce que Cécilia Sarkozy, l’ex-épouse du président, a démenti.
Pourquoi Brice Hortefeux est également entendu par la police ce mardi matin ?
L’ancien ministre de l’Immigration et de l’Identité nationale est entendu, lui, dans le cadre d’une audition libre et non pas d’une garde à vue, notamment en raison de son immunité d’eurodéputé. Les magistrats souhaitent sans doute l’interroger sur un voyage qu’il a effectué en Libye en décembre 2005. Un voyage qui « n’avait pas grand sens », selon l’ambassadeur de France de l’époque cité par Mediapart.
Brice Hortefeux a reconnu avoir rencontré Abdallah Senoussi lors de ce voyage mais, jusqu’à présent, a toujours prétendu ne plus se souvenir de la teneur de leur conversation. C’est l’intermédiaire Ziad Takieddine qui aurait mis les deux hommes en contact.
Que vient faire Alexandre Djouhri dans toute cette histoire ?
Présenté comme un personnage clé de l’enquête, Alexandre Djouhri a été arrêté à Londres (Grande-Bretagne) fin janvier en vertu d’un mandat d’arrêt européen émis par la justice française. Proche de Nicolas Sarkozy, il avait été placé une première fois en détention provisoire avant d’être relâché après le paiement d’une caution.
Mais il a été, à nouveau, incarcéré fin février. Souffrant de problèmes cardiaques, il est hospitalisé depuis une dizaine de jours. Éminence grise de Nicolas Sarkozy, il aurait, lui aussi, selon les premiers éléments de l’enquête, servi d’intermédiaire dans toute cette affaire.
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