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Merkel rencontre Trump à Washington : Mission impossible pour président imprévisible !

Merkel rencontre Trump à Washington : Mission impossible pour président imprévisible !

Angela Merkel et Donald Trump au Bureau ovale, à Washington, le 17 mars 2017.Angela Merkel et Donald Trump au Bureau ovale, à Washington, le 17 mars 2017.Loeb. AFP
Dans le sillage d'Emmanuel Macron, la chancelière allemande rencontre le président étasunien vendredi, dans une tentative européenne de négocier sur le nucléaire iranien et les taxes douanières. Une tâche d'autant plus ardue que les relations entre Merkel et Trump sont loin d'être harmonieuses.

Si la visite du président français à Washington fut teintée d’accolades aussi enthousiastes que peu efficaces au plan diplomatique, gageons que celle d’Angela Merkel aura sensiblement les mêmes effets sur le président Trump – la chaleur humaine en moins. En visite à Washington à la suite du président français dans une tentative européenne de convaincre Donald Trump de préserver l’UE de sanctions commerciales et de sauvegarder l’accord stratégique sur le nucléaire iranien, la chancelière allemande doit s’entretenir vendredi avec le président étasunien lors d’un déjeuner de travail.
Sur la question du rétablissement des barrières douanières, le pessimisme est de rigueur à Berlin. «On doit partir du principe que les taxes douanières seront là le 1er mai», a indiqué jeudi un responsable gouvernemental allemand, ajoutant : «Il nous faudra voir ce que nous allons faire.» Cela laisse peu d’espace à Merkel pour négocier, malgré son indéniable talent politique. Le politique «vert» Jürgen Trittin commentait ainsi dans la presse allemande : «Merkel doit parler à Trump dans une langue qu’il comprend : le calcul coûts-bénéfices.» Sur l’autre dossier brûlant, l’accord sur le nucléaire iranien, la chancelière devra tenter de le convaincre que faute d’une solution alternative, l’accord reste préservé.
Les relations entre Trump et Merkel sont, pour dire le moins, fraîches. Leurs tempéraments sont antinomiques. La chancelière originaire de l’Est, à la réserve et la prudence légendaires, se méfie du rugissant et impulsif locataire de la Maison Blanche. L’inverse est également vrai. Lors de sa précédente visite à Washington, en mars 2017, Donald Trump avait tenté en vain d’établir avec elle une connivence par la plaisanterie, sur le sujet – audacieux – des écoutes de la NSA par l’administration Obama. 
«Au moins nous avons quelque chose en commun, peut-être»,avait-il lâché. Blagounette à laquelle Merkel avait opposé un silence éloquent et une moue ironique. Cela avait beaucoup contrarié Trump. «Elle n’a même pas répondu ! 
Elle aurait pu sourire, au moins ! C’était la meilleure phrase de la journée !» aurait-il dit à son équipe après la rencontre.

Chevrolet contre BMW

Par ailleurs, le président des Etats-Unis se montre régulièrement très critique de l’Allemagne, que ce soit pour sa politique d’accueil des réfugiés ou ses faibles dépenses militaires. Sur le volet commercial, les discussions risquent d’être délicates. Donald Trump s’en prend régulièrement à l’industrie automobile allemande, fleuron du pays, et dont les excédents commerciaux l’exaspèrent. 
La dernière fois que la chancelière a déjeuné avec Trump à Washington, celui-ci lui aurait dit :«Vous inondez nos rues avec vos voitures allemandes. Je ne peux aller nulle part sans en croiser. Il y en a vraiment partout ici… Vous avez des Ford et des Chevrolet partout en Allemagne, aussi ?» 
Ce à quoi la chancelière aurait répondu quelque chose comme : «Nous sommes très fiers de l’industrie allemande.» Trump aurait alors rétorqué : «Nous aussi, nous sommes fiers de notre industrie.»
Si la chancelière, en conférence conjointe avec Emmanuel Macron jeudi dernier à Berlin, a déclaré que «la relation transatlantique est un grand trésor que je veux protéger et préserver», le pessimisme ambiant rend les choses plus hasardeuses. La dernière couverture du Spiegel montrait un Donald Trump rugissant et en flammes, un Emmanuel Macron extincteur à la main… Et une Angela Merkel regardant ailleurs, l’air couard. Le titre est sans appel pour la chancelière : «Qui pour sauver l’Occident ? Il en va de liberté et de la démocratie. Macron a besoin d’aide, et pourtant l’Allemagne fait défaut.»
Selon un sondage diffusé mercredi dans la presse, les Allemands semblent estimer que la relation entre l’Allemagne et les Etats-Unis a tendance à se détériorer (47,3%), voire à empirer de manière significative (20,8%).  
Reste une question : En trois heures, Angela Merkel accomplira-t-elle plus que Macron en trois jours ? 

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