Dénudés ou détenus, le triste sort des enfants migrants en Europe.
Certaines méthodes pratiquées par les autorités pour déterminer leur âge irritent particulièrement la société civile.
L’Europe n’est décidément pas à la hauteur des idéaux que projettent sur elles les migrants – mineurs, en l’occurrence.
L’Europe n’est décidément pas à la hauteur des idéaux que projettent sur elles les migrants – mineurs, en l’occurrence.
Dernière désillusion en date : mardi 8 mai, la présidente de la Fondation Raíces (racines, en français), Lourdes Reyzábal, a dénoncé devant le Congrès des députés des tests «intrusifs et inappropriés» pratiqués sur les mineurs étrangers non accompagnés (MENA) en Espagne, afin d’évaluer leur âge, d’après l’agence Europa Press.
Devant la Commission des droits des enfants et des adolescents, la responsable a présenté les enjeux de l’application de la Convention relative aux droits de l’enfant des Nations unies, ainsi que ses protocoles facultatifs sur les enfants migrants non accompagnés. Dans ce cadre, elle a dénoncé «les mauvais traitements que subissent [ces derniers], malgré le soutien prétendu du système de protection de l’enfance».
Lourdes Reyzábal a déclaré que leurs droits sont régulièrement «violés» lors de la procédure de détermination de leur âge, les laissant «dans une situation d’impuissance et de vulnérabilité extrême». Elle dénonce par ailleurs un processus qui «viole systématiquement la présomption de minorité» des enfants.
Une fragilité mise à nu
Des déclarations corroborées par un récit édifiant : celui d’une Camerounaise de 16 ans qui a fui son pays, victime de plusieurs agressions et promise à un mariage forcé. A son arrivée en Espagne, l’adolescente a été identifiée par la police comme une mineure exposée à une grande vulnérabilité et, en tant que demandeuse d’asile, a été orientée vers le système de protection des mineurs de la Communauté de Madrid.
Après deux mois, raconte Lourdes Reyzábal, la jeune femme a été transférée du centre d’accueil pour mineurs vers le bureau du procureur afin de déterminer son âge. Là-bas, «elle a été totalement dénudée» pour procéder à un examen de ses parties génitales, alors même qu’«elle a probablement été victime de traite humaine», s’indigne encore cette militante associative. Loin d’être isolées, ces méthodes pour déterminer l’âge des MENA seraient pratiquées «chaque jour».
L’examen de ses poignets et de sa bouche a révélé qu’elle était mineure. «Malgré cela, elle a été considérée comme majeure par le procureur et expulsée du système de protection» de la Communauté madrilène. Des dérives qui empêchent les migrants d’«exercer leurs droits en tant que mineurs et en tant qu’adultes». La Fondation Raíces déplore le fait qu’«ils ne peuvent travailler, leur passeport indiquant qu’ils sont mineurs, mais ne peuvent pas non plus être scolarisés, bénéficier d’une assistance sanitaire ou accéder à des services sociaux». Pour éviter de tels abus, l’association exige que la détermination de l’âge cesse d’être du ressort du ministère public et qu’elle soit confiée à un juge.
5,4 millions d’enfants migrants en Europe
Les conditions de vie des migrants mineurs en Europe que dénonce la société civile espagnole, ont récemment interpellé le Parlement européen. Dans un communiqué publié le 3 mai dernier sur son site, l’organe parlementaire de l’Union européenne a estimé que «les enfants migrants ne doivent pas être maintenus en rétention à des fins d’immigration».
«Les enfants ne doivent pas être placés en rétention dans le cadre des procédures d’immigration», a déclaré le Parlement dans une résolution non législative adoptée à main levée. La Commission européenne devrait lancer des procédures d’infraction contre les États membres de l’UE «dans des cas de rétention prolongée et systématique d’enfants migrants et de leur famille», a-t-il ajouté.
La résolution note qu’il y a environ 5,4 millions d’enfants migrants vivant en Europe, ce qui en fait le foyer d’un enfant migrant sur six dans le monde, d’après les données de l’Unicef. Près de la moitié de ceux qui sont arrivés ces dernières années étaient des enfants non accompagnés ou séparés. Les députés soulignent que le manque d’informations fiables, la lenteur des procédures de regroupement familial et de désignation des tuteurs, ainsi que la peur d’être détenu, renvoyé ou transféré provoquent la fuite des enfants, qui se retrouvent ainsi exposés à la traite, à la violence et à l’exploitation, poursuit le Parlement européen.
«Les députés soulignent l’importance de mettre en place un système d’identification et d’enregistrement solide pour s’assurer que les enfants entrent et restent dans les systèmes nationaux de protection de l’enfance. Ils exigent également une coopération accrue entre les autorités répressives et chargées de la protection de l’enfance pour trouver et protéger les enfants disparus», réclame-t-il encore.
Devant la Commission des droits des enfants et des adolescents, la responsable a présenté les enjeux de l’application de la Convention relative aux droits de l’enfant des Nations unies, ainsi que ses protocoles facultatifs sur les enfants migrants non accompagnés. Dans ce cadre, elle a dénoncé «les mauvais traitements que subissent [ces derniers], malgré le soutien prétendu du système de protection de l’enfance».
Lourdes Reyzábal a déclaré que leurs droits sont régulièrement «violés» lors de la procédure de détermination de leur âge, les laissant «dans une situation d’impuissance et de vulnérabilité extrême». Elle dénonce par ailleurs un processus qui «viole systématiquement la présomption de minorité» des enfants.
Une fragilité mise à nu
Des déclarations corroborées par un récit édifiant : celui d’une Camerounaise de 16 ans qui a fui son pays, victime de plusieurs agressions et promise à un mariage forcé. A son arrivée en Espagne, l’adolescente a été identifiée par la police comme une mineure exposée à une grande vulnérabilité et, en tant que demandeuse d’asile, a été orientée vers le système de protection des mineurs de la Communauté de Madrid.
Après deux mois, raconte Lourdes Reyzábal, la jeune femme a été transférée du centre d’accueil pour mineurs vers le bureau du procureur afin de déterminer son âge. Là-bas, «elle a été totalement dénudée» pour procéder à un examen de ses parties génitales, alors même qu’«elle a probablement été victime de traite humaine», s’indigne encore cette militante associative. Loin d’être isolées, ces méthodes pour déterminer l’âge des MENA seraient pratiquées «chaque jour».
L’examen de ses poignets et de sa bouche a révélé qu’elle était mineure. «Malgré cela, elle a été considérée comme majeure par le procureur et expulsée du système de protection» de la Communauté madrilène. Des dérives qui empêchent les migrants d’«exercer leurs droits en tant que mineurs et en tant qu’adultes». La Fondation Raíces déplore le fait qu’«ils ne peuvent travailler, leur passeport indiquant qu’ils sont mineurs, mais ne peuvent pas non plus être scolarisés, bénéficier d’une assistance sanitaire ou accéder à des services sociaux». Pour éviter de tels abus, l’association exige que la détermination de l’âge cesse d’être du ressort du ministère public et qu’elle soit confiée à un juge.
5,4 millions d’enfants migrants en Europe
Les conditions de vie des migrants mineurs en Europe que dénonce la société civile espagnole, ont récemment interpellé le Parlement européen. Dans un communiqué publié le 3 mai dernier sur son site, l’organe parlementaire de l’Union européenne a estimé que «les enfants migrants ne doivent pas être maintenus en rétention à des fins d’immigration».
«Les enfants ne doivent pas être placés en rétention dans le cadre des procédures d’immigration», a déclaré le Parlement dans une résolution non législative adoptée à main levée. La Commission européenne devrait lancer des procédures d’infraction contre les États membres de l’UE «dans des cas de rétention prolongée et systématique d’enfants migrants et de leur famille», a-t-il ajouté.
La résolution note qu’il y a environ 5,4 millions d’enfants migrants vivant en Europe, ce qui en fait le foyer d’un enfant migrant sur six dans le monde, d’après les données de l’Unicef. Près de la moitié de ceux qui sont arrivés ces dernières années étaient des enfants non accompagnés ou séparés. Les députés soulignent que le manque d’informations fiables, la lenteur des procédures de regroupement familial et de désignation des tuteurs, ainsi que la peur d’être détenu, renvoyé ou transféré provoquent la fuite des enfants, qui se retrouvent ainsi exposés à la traite, à la violence et à l’exploitation, poursuit le Parlement européen.
«Les députés soulignent l’importance de mettre en place un système d’identification et d’enregistrement solide pour s’assurer que les enfants entrent et restent dans les systèmes nationaux de protection de l’enfance. Ils exigent également une coopération accrue entre les autorités répressives et chargées de la protection de l’enfance pour trouver et protéger les enfants disparus», réclame-t-il encore.
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