Julien Wosnitza, 24 ans, pense que le monde va s'effondrer et son pessimisme n'est pas à prendre à la légère.

Julien Wosnitza, 24 ans, pense que le monde va s'effondrer et son pessimisme n'est pas à prendre à la légère. ....

Ce jeune Français ne voit aucune solution pour sauver la planète.



Le monde va s'effondrer. Pas dans cent ans, pas dans vingt ans, mais très, très bientôt. C'est l'intime conviction de Julien Wosnitza, Français de 24 ans, après de nombreuses études et missions de terrain avec l'association Sea Sheperd. Cet ancien étudiant banquier, devenu collapsologue, a sorti le 16 mai l'ouvrage "Pourquoi le monde va s'effondrer" aux éditions Les Liens qui Libèrent, et intervient ce samedi 2 juin au festival We Love Green. La collapsologie, du verbe "collapse", "s'effondrer" en anglais, étudie l'effondrement de la société industrielle actuelle.
Que les festivaliers se rassurent: le jeune homme n'a rien d'un scientifique désabusé et déprimant. Interviewé par Le HuffPost en marge de l'événement, c'est presque avec entrain que Julien Wosnitza annonce la fin du monde pour 2030. "On s'arrête à cette date car il y a, globalement, un consensus scientifique au niveau de la biodiversité. Si on y ajoute les questions géopolitiques, c'est même avant 2030, et si on prend en compte les enjeux géopolitiques et financiers... Alors là, je dirai même avant 2020", avance, pragmatique, le Mosellan.
La fin de l'open bar
De sa courte expérience de banquier en alternance, Julien tire l'idée que la finance est complètement "hors-sol". "Elle utilise les ressources de la planète comme un open-bar, en considérant qu'il y en aura toujours assez, mais sans réaliser que le barman va finir par être à court de mojito", résume-t-il avec humour. La découverte du film "Cowspiracy" un documentaire américain montrant l'étendue du désastre écologique créé par l'élevage industriel de bétail, achève de le convaincre. "Le lendemain j'ai jeté toute la viande de mon frigo, et je suis devenu végétarien", raconte-t-il.
Il quitte des études de commerce prometteuses, pour rejoindre l'équipe de Sea Shepherd, ONG fondée en 1977 par le Canadien Paul Watson (qui signe la préface de son livre), une association attachée à la protection des océans et de ses espèces. Il y réalise deux missions de quatre, puis six mois.
"J'étais de plus en plus convaincu que la seule solution, c'était d'agir au quotidien. Toute la journée sur le bateau, on voit des braconniers et on ramasse des dizaines de dauphins et baleines mortes. Ça vous fait prendre conscience que le crash de la biodiversité est bien là. Les lions, éléphants et girafes sauvages auront disparu d'ici 2050... en réalité, l'effondrement a déjà commencé" - Julien Wosnitza
D'après le collapsologue, les désastres sont multiples et les solutions devraient toutes s'emboîter pour que l'on puisse sauver la planète... si tant est qu'une vraie politique de changement soit un jour mise en œuvre. "Il n'y a pas un problème urgent à régler, pas une solution à trouver. Il faut tout changer, et il faudrait appliquer au moins 500 solutions en même temps pour s'en sortir", estime le jeune pessimiste. Son livre se veut comme un résumé factuel, simple et illustré. Il vient compléter l'ouvrage "Comment tout peut s'effondrer", best-seller de Pablo Sevigne, qui signe d'ailleurs sa postface.
Le végétalisme comme arme
Pour ne pas sombrer dans le survivalisme et la dépression pure et simple, Julien Wosnitza a opté pour des solutions concrètes: s'engager au quotidien (il lance l'opération Wings of The Ocean, un voilier pour lutter contre la pollution plastique des océans), et adopter le végétalisme, c'est à dire ne plus consommer aucun produit d'origine animale (lait, fromage, cuir...). "Être végétalien, c'est déjà une action de dingue, à sa petite échelle c'est incroyable la différence que cela peut faire", affirme-t-il. L'élevage bovin par exemple, représente l'une des plus grosses émission de méthane au monde: une vache produisant 30 litres de lait par jour va émettre près de 150 kilos par an de ce gaz à effet de serre 25 fois plus puissant que le CO2.
"1% de vegans en France, ça ne va pas changer grand chose. Mais il suffit qu'un peu de moins de 5% de la population soit militante, et intransigeante, c'est à dire bienveillante mais sans faire de concessions, pour que 50% de la population finisse par être aussi convaincu. C'est ce qui s'est passé pour les suffragettes et le droit de vote des femmes!", affirme-t-il.
Faut-il continuer à croire en la technologie?
Pour Julien Wosnitza et à l'image de nombre de ses confrères collapsologues, il n'y aura pas de technologie miracle pour sauver une planète qu'ils voient au bord du gouffre. "Voir les éoliennes comme renouveau de l'énergie, c'est oublier qu'elles demandent elles-mêmes l'intervention de matériaux fossiles pour leur création", prend-il comme exemple.
Pourtant, les opposants à la collapsologie sont nombreux, et ils voient dans la technologie le salut de l'homme. C'est notamment le cas de Rémi Sussan, journaliste spécialisé dans les nouvelles technologies qui signe une série d'articles intitulés "Contre l'effondrement: de la place pour l'optimisme?". Sur le site InternetActu.net, il donne la parole à de nombreux auteurs et chercheurs qui tentent de relativiser ces théories pessimistes, sans tomber dans le climato-scepticisme.
Julien Wosnitza ne manque pas de bons mots pour leur répondre. "Emmanuel Macron a dit qu'il ne fallait pas écouter les "Cassandre", comme cette prophétesse de la mythologie grecque qui avait prédit un grand malheur si l'on faisait entrer le Cheval de Troie dans la ville. Sauf que Cassandre avait raison!", conclut-il. S'il refuse l'appellation "lanceur d'alerte", Julien Wostniza ne pourra pas dire qu'il ne nous avait pas prévenus.
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