L’Algérie face à ses vulnérabilités.

L’Algérie face à ses vulnérabilités.


 
 La baisse de la production d’hydrocarbures est l’autre facteur de stress auquel fait face l’Algérie

Production et consommation de produits énergétiques.


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La crise des subprimes s’est traduite, en Algérie, par une forte contraction des exportations d’hydrocarbures : -42,53% en valeur en 2009.

La production d’hydrocarbures est en baisse depuis une dizaine d’années. Les volumes exportés se sont rétrécis comme peau de chagrin, suivant le ralentissement que connaissait l’amont pétrolier et gazier. C’est un secret de Polichinelle. Depuis 2008, la courbe de la production et celle de l’exportation d’hydrocarbures étaient marquées par des tendances baissières ininterrompues, conséquemment à l’état de désinvestissement que connaissait l’amont pétrolier en gazier.
En effet, en 2008, alors que les prix du pétrole caracolaient en moyenne à plus de 111,51 dollars le baril au premier semestre et à 88,22 dollars au second semestre, les exportations d’hydrocarbures ont chuté, en volume, de 4%. Durant cette année, la planète financière allait être secouée par une dépression sans précédent. La crise des subprimes s’est traduite, en Algérie, par une forte contraction des exportations d’hydrocarbures : -42,53% en valeur en 2009.
En volume, la tendance baissière amorcée depuis 2007 s’est poursuivie avec, au tableau, une croissance négative des exportations (-9,76%) durant la même année. En 2010, les exportations d’hydrocarbures se sont chiffrées, en valeur, à 56,12 milliards de dollars, alors que les quantités exportées ont connu une baisse de 1,78%. Les volumes exportés ont connu une diminution de 4,89% en 2011, de -3,3% en 2012 et de -7,37% en 2013, lit-on dans les différentes notes de conjoncture de la Banque d’Algérie.
En 2014, année durant laquelle le marché pétrolier allait connaître un de ses pires contrechocs, les exportations algériennes d’hydrocarbures ont baissé de 1,74%. L’année suivante a été marquée par un léger changement de tendance puisque la croissance du secteur de l’énergie enregistra un bond de +0,4%.
L’année 2016 a confirmé ensuite le bon résultat de 2015 avec une croissance supérieure à 7%. Du jamais vu depuis au moins une décennie. Cependant, l’année dernière a rompu la série des croissances positives entamée depuis 2015. L’agence Reuters, qui a répercuté récemment les grands axes d’un document confidentiel de la Banque d’Algérie, a levé le voile sur un retour aux contre-performances.
Un mauvais résultat que la Banque centrale avait communiqué dans sa dernière note de conjoncture. La plus haute autorité monétaire avait indiqué que les quantités d’hydrocarbures exportées durant le premier semestre de 2017 ont baissé de près de 6% par rapport au second semestre de 2016.
La semaine dernière, le Fonds monétaire international (FMI) a confirmé le retour du secteur des hydrocarbures aux mauvais résultats en 2017. «La croissance du PIB réel a fortement ralenti, en raison principalement d’une contraction de la production d’hydrocarbures, même si la croissance du secteur hors hydrocarbures est restée stable», lit-on dans un communiqué de l’institution de Bretton Woods, diffusé à l’issue de la visite de ses experts à Alger, au titre de l’article IV de ses statuts.
Dans une étude présentée récemment lors d’un séminaire du FCE sur la transition énergétique de l’Algérie, Abdelmadjid Attar, ancien ministre et ex-PDG de Sonatrach, avait, à son tour, sonné le tocsin quant à une situation qui vire au rouge : «Même si le territoire est considéré comme sous-exploré alors qu’il est couvert à 64% par des permis de prospection et recherche, on constate que le potentiel conventionnel résiduel est en train d’évoluer négativement depuis une décennie.»
Même si les variables sur la production et la récupération pourraient évoluer positivement, «la rente dépendra du marché et non du niveau de production», souligne Abdelmadjid Attar dans cette étude. Mais peut-on bâtir une stratégie de développement et garantir à long terme la sécurité énergétique sur cette seule base «volumétrique» sans compter celle des prix à l’exportation et la croissance effrayante et non maîtrisée de la consommation interne ?
Telle est la question que se pose Abdelmadjid Attar face aux enjeux de la baisse de la production, de la hausse effrénée de la consommation interne et d’un marché pétrolier sous haute tension.  Au sujet de la consommation énergétique nationale, les prévisions du ministère de l’Energie s’établissent à 55 milliards mètres cubes en 2019 pour le gaz naturel, alors que le groupe Sonelgaz prévoit 47 milliards de mètres cubes en 2023 et 75 milliards de mètres cubes en 2030.
Quant aux carburants, la consommation est passée de 5,7 MMT en 2000 à 16 MMT en 2015 ; il est prévu qu’elle passe à 30 MMT en 2030. La capacité de production électrique est passée, elle, de 5900 MW en 2000 à 17 000 MW en 2015. Il est prévu qu’elle atteigne 60 000 MW en 2030 (dont 37% en renouvelable).
La production électrique est passée de 25 TWh en 2000 à 70 TWh en 2015 ; il est prévu qu’elle passe à 150 TWh au moins en 2030, lit-on dans l’étude présentée par M. Attar, qui croit dur comme fer que le taux de croissance de la consommation énergétique est l’un des principaux paramètres de vulnérabilité de l’Algérie. 
A terme, l’Algérie risque de ne plus pouvoir exporter d’hydrocarbures compte tenu de l’évolution de la consommation interne. La baisse de la production d’hydrocarbures est l’autre facteur de stress auquel fait face le pays.

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