Hôpitaux publics : Les Marocains montent au créneau !

Hôpitaux publics : Les Marocains montent au créneau !
Hôpitaux publics : Les Marocains montent au créneau!

Le ministère de la Santé est au centre de plusieurs polémiques qui mettent à nu les graves dysfonctionnements dont souffrent les hôpitaux publics. Des scandales en série qui risquent de plonger le département d’Anas Doukkali dans une crise sans précédent. Explications.

Depuis quelques jours, un vent de colère souffle sur les hôpitaux publics du Royaume. En effet, depuis qu’une ressortissante française a mis en ligne une vidéo montrant l’état catastrophique des urgences de l’hôpital de Casablanca, les langues se délient et plusieurs témoignages et dénonciations fleurissement sur la toile mettant à nu les dysfonctionnements du secteur de la santé publique. Hôpitaux délabrés, manquements aux devoirs, médecins absents et erreurs médicales, les Marocains semblent déterminés à faire (enfin) entendre leurs voix et à en découdre avec le département d’Anas Doukkali. 

Les témoignages inondent les réseaux sociaux

La semaine dernière, la vidéo d’une ressortissante française montrant l’état catastrophique des urgences de l’hôpital Ibn Rochd de Casablanca a vite fait le tour de la toile. Dans cet enregistrement, la touriste filme un hôpital dont l’hygiène est plus que déplorable, des patients qui attendent vainement une prise en charge depuis plusieurs heures à en croire les témoignages de certains d’entre eux et des bureaux de médecins désespérément vides. Face au tollé suscité par ce film de moins de trois minutes, le ministre de la Santé, Anas Doukkali, a été contraint de sortir de son silence pour annoncer l’ouverture d’une enquête « dont les résultats seront présentés très prochainement à l’opinion publique » a-t-il promis. Dans la foulée, la directrice du service d’urgences incriminé a fait une sortie médiatique des plus surprenantes. Ainsi, c’est tout sourire que celle qui se présente comme la Chef du service en question, a formellement démenti au micro du média « Kifach ? » la version de la ressortissante française : « Le contenu de l’enregistrement est mensonger. Notre service est connu au niveau national pour son sérieux. Nous recevons des patients de Casablanca et ses environs et traitons plus de 200 cas par jour (…). Nous aurions aimé que cette personne fasse un tour dans nos blocs opératoires, elle aurait pu constater de ses propres yeux que médecins, assistants et infirmiers étaient tous sur le pied de guerre et prenaient en charge tous les malades avec la plus grande abnégation et sérieux (…) », a-t-elle détaillé. Des « explications » qui n’ont apparemment pas convaincu une opinion publique, très en colère, qui se déchaîne davantage depuis la mise en ligne de cette interview vendredi dernier.



Et la polémique qui aurait dû, comme le voudrait la « tradition », rester aux portes de l’hôpital de Casablanca et donc s’essouffler, a commencé à prendre une tournure inattendue. En effet, la vidéo de cette « invitée » a ouvert les portes à d’autres témoignages et dénonciations qui inondent les réseaux sociaux et les médias.
Ainsi, samedi dernier, une vidéo tournée au cœur d’un hôpital psychiatrique (dont on ignore la localisation, NDLR) a indigné l’opinion publique. Le film commence par une scène surréaliste où on voit une femme, manifestement en pleine crise d’hystérie, en train de se rouler par terre avant de perdre connaissance devant d’autres patients et visiteurs impuissants. Cette scène a provoqué un mouvement de panique et durant tout l’enregistrement, bien qu’à terre, cette femme n’aura reçu aucune assistance médicale. La vidéo montre aussi une salle d’attente archi-comble et des patients ainsi que leurs familles se plaignant des absences fréquentes du staff médical et du laxisme de l’hôpital en question. L’une des personnes présentes sur place affirmera que les médicaments, qui sont en principe destinés aux malades, seraient revendus à l’extérieur.
 
Dimanche, un témoignage écrit et titré « La boucherie de l’hôpital Mohammed V », a été partagé des milliers de fois. Dans ce récit, l’auteur explique qu’une femme de sa famille a perdu la vie suite à une erreur médicale qui aurait été commise à l’hôpital Mohammed V de Tanger. « Ma cousine a accouché à l’hôpital de Tanger il y a vingt jours. Il y a cinq jours, elle est tombée soudainement très malade. Nous l’avons emmenée dans une clinique où les médecins lui ont diagnostiqué une angine et lui ont prescrit un antibiotique. Mais, trois jours plus tard, son état s’est aggravé et nous avons été contraints de retourner à l’hôpital où elle a accouché. Là, les médecins ont découvert qu’elle avait encore des restes de « placenta » (…). Elle a été opérée en urgence mais les chirurgiens nous ont expliqué que son état était critique et qu’elle était dans un coma profond. Deux jours plus tard elle est décédée et l’hôpital nous a interdit de voir sa dépouille en plus de nous réclamer la somme de 7.000 dirhams (…) ». L’auteur du témoignage explique que la famille n’a reçu aucune explication, que l’hôpital ne semble pas vouloir chercher le coupable et promet que la famille portera l’affaire devant la justice.

Pour couronner le tout, ce lundi matin, nous apprenons dans les colonnes du journal « Al Ahdat Al Maghribiya » qu’un centre de santé de la région d’Azilal a placardé une affiche informant les patientes que les accouchements seront « interdits » le vendredi soir, le samedi, le dimanche et les jours de fête. Et qu’il fallait, si le travail venait à commencer, s’adresser à l’hôpital provincial de Béni Mellal. Autrement dit, celles qui doivent accoucher pendant les périodes précitées seront obligées de parcourir près de 120 kilomètres sur une route de montagne, comme le précisent nos confrères du 360.
Un énième scandale en très peu de jours qui risque de plonger le ministère de la Santé dans une crise sans précédent et ce, malgré les récentes déclarations d’Anas Doukkali qui a promis de « restructurer et moderniser les services d’urgences au niveau des douze régions du pays avant de (nous) attaquer aux centres hospitaliers de proximité ». Des promesses qui ne calmeront manifestement pas une colère qui sommeille depuis plusieurs années …

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