L'Algérie de Bouteflika prise au piège du tout-pétrole.


L'Algérie de Bouteflika prise au piège du tout-pétrole.



Depuis plusieurs mois le pays multiplie les mesures de court terme pour pallier les effets de sa dépendance aux hydrocarbures. Une attitude qui suscite la réprobation des grandes institutions internationales et de l'Union européenne.

A huit mois de l'élection présidentielle où l'indéboulonnable Abdelaziz Bouteflika, 81 ans, semble parti pour briguer un cinquième mandat, l'Algérie inquiète de plus en plus ses partenaires. " Le pays se referme sur lui-même ", confie un diplomate du Quai d'Orsay. 
Le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale ne cessent d'alerter sur l'absence de diversification de l'économie algérienne. 
Celle-ci reste totalement dépendante aux hydrocarbures, qui représentent toujours 95 % de ses exportations et plus de 50 % de ses recettes budgétaires.

Dans son rapport sur les perspectives de l'économie algérienne publié le 16 juillet, le FMI déplorait notamment que la chute des cours pétroliers, en 2014, ait été compensée par un recours massif à la planche billets - création monétaire – ce qui a contribué à creuser le déficit budgétaire à plus de 8% du Produit intérieur brut (PIB). Un choix que défend le ministre algérien des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel. " Nous avions deux options : recourir à la dette, ce dont nous avons souffert par le passé, ou nous orienter vers du financement non-conventionnel ce qui était judicieux car cela a permis de redonner du sourire et de la gaieté aux Algériens " affirme-t-il à Challenges. 

Un coup de fouet psychologique donc, en guise de réformes structurelles. 
Des propos qui font échos à ceux du Premier ministre Ahmed Ouyahia qui a défendu le recours à la planche à billets comme " seule solution " pour éviter la faillite de l'État.
Les réserves de change fondent

Cette baisse du prix du baril de pétrole conjuguée en novembre 2017 à une hausse des dépenses sociales (subvention de nombreux produits de base, aides aux logements, éducation et soins gratuits) a toutefois eu comme conséquence de faire fondre les réserves de change. Celles-ci sont passées entre 2013 et 2018 de 193 à 97 milliards de dollars. 

A l'allure où elle diminue, cette manne, véritable assurance-vie des Algériens, risque de disparaître d'ici cinq ans si les cours du brut ne remontent pas au-dessus des 80 dollars - contre 70 dollars aujourd'hui. " L'Algérie se contente de vivre d'une rente pétrolière qui se tarit puisque l'on constate une baisse tendancielle de la production et le pays paye son manque d'attractivité auprès des investisseurs privés " analyse Benjamin Augé, chercheur à l'Institut français des relations internationales et spécialiste de l'Algérie. Symbole de ce déficit de compétitivité pour de nombreux économistes : la règle du 49-51 qui interdit depuis 2009 à un étranger de détenir la majorité du capital d'une entreprise locale.

Une forme de protectionnisme qui agace également de plus en plus l'Union européenne. Afin de privilégier son marché local et stopper l'hémorragie de ses réserves de changes, l'Algérie a en effet mis en place ces derniers mois un certain nombre de taxes sur les produits importés et a interdit l'entrée de près de 900 produits sur son territoire (viandes, chewing-gums, produits d'hygiène, céramiques ou encore téléphones mobiles). 
Un coup de force vivement dénoncé en avril par Bruxelles qui a argué que ces mesures étaient " contraires aux clauses de l'accord d'association " de 2005 entre l'Algérie et le Vieux continent. " Nous voulons favoriser la production nationale ce qui est tout à fait légitime, se justifie Abdelkader Messahel. 

Quant aux malentendus que cela a suscité avec l'Europe, je peux dire qu'ils sont derrière nous puisque nous avons accepté que certains produits finis rentrent à nouveau en Algérie. " Un avis loin d'être partagé par le Quai d'Orsay qui pointe du doigt des " mesures populistes " et assure que les discussions avec Alger sont " difficiles ".
Pas de réformes structurelles avant la présidentielle

Pour de nombreux observateurs, l’État algérien pourrait toutefois activer d’autres leviers pour relancer une économie marquée par un chômage des jeunes de 30% et une inflation de 7,5% en dépit d’une croissance stable aux alentours de 3% du PIB. La création d’un fonds souverain capable de réinvestir les recettes des hydrocarbures dans l’agriculture, les énergies renouvelables ou le tourisme, pourrait être une solution. « Nous avons besoin d’un instrument de ce type, semblable à ce que la Norvège ou plus récemment l’Arabie saoudite ont développé pour diversifier leur économie et sortir du tout-pétrole », appuie Mouloud Bakli, cadre du Forum des chefs d’entreprises, le Medef algérien.

Un tel outil a déjà vu le jour en Algérie, il s’agissait du Fonds de régulation des recettes (FFR), créé en 2000 pour capter les excédents budgétaires liés aux exportations d’hydrocarbures. Seulement après avoir atteint un plafond de 41 milliards de dollars fin 2014, ce dernier, qui a servi à éponger le déficit budgétaire, est à sec depuis février 2017. 

A huit mois de l’élection présidentielle, il n‘est donc pas certain que le gouvernement en fasse une priorité. « Il n'y aura pas de mesures de réformes structurelles avant 2019. Le politique prime sur l'économique à la veille d'échéances électorales » prédit l'économiste Abderrahmane Mebtoul qui fut, entre 2013 et 2016, conseiller du Premier ministre Abdelmalek Sellal. La fin de la manne pétrolière algérienne n’est à priori pas pour demain.

A huit mois de l’élection présidentielle où l’indéboulonnable Abdelaziz Bouteflika, 81 ans, semble parti pour briguer un cinquième mandat, l’Algérie inquiète de plus en plus ses partenaires. « Le pays se referme sur lui-même », confie un diplomate du Quai d’Orsay. 

Le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale ne cessent d’alerter sur l’absence de diversification de l’économie algérienne. Celle-ci reste totalement dépendante aux hydrocarbures, qui représentent toujours 95 % de ses exportations et plus de 50 % de ses recettes budgétaires.

Dans son rapport sur les perspectives de l’économie algérienne publié le 16 juillet, le FMI déplorait notamment que la chute des cours pétroliers, en 2014, ait été compensée par un recours massif à la planche billets - création monétaire – ce qui a contribué à creuser le déficit budgétaire à plus de 8% du Produit intérieur brut (PIB). 

Un choix que défend le ministre algérien des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel. « Nous avions deux options : recourir à la dette, ce dont nous avons souffert par le passé, ou nous orienter vers du financement non-conventionnel ce qui était judicieux car cela a permis de redonner du sourire et de la gaieté aux Algériens » affirme-t-il à Challenges. Un coup de fouet psychologique donc, en guise de réformes structurelles. 

Des propos qui font échos à ceux du Premier ministre Ahmed Ouyahia qui a défendu le recours à la planche à billets comme « seule solution » pour éviter la faillite de l’État.



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