Affaire Khashoggi : Le Prince Mohammed ben Salmane s'exprime sur la disparition du journaliste.
Le président américain Donald Trump a annoncé sur son compte Twitter avoir échangé avec le prince héritier saoudien au sujet de la très encombrante affaire Jamal Khashoggi. Alors que journaliste est « porté disparu » depuis son entrée dans le consulat saoudien à Istanbul, le 2 octobre dernier, la polémique et les rumeurs n'en finissent pas d'enfler.
Difficile de faire plus clair ! C'est par l'entremise du président américain – et de son compte Twitter - que l'Arabie Saoudite s'est exprimée, ce lundi 16 octobre, sur l'affaire Jamal Khashoggi. Donald Trump a en effet indiqué avoir échangé avec Mohammed ben Salmane (MBS), le prince héritier du royaume wahhabite sur cette sombre affaire de « disparition » et annonce via son réseau social de prédilection que ce dernier « a nié avoir toute connaissance de ce qui était arrivé au consulat turc. Il [MBS, ndlr] était avec le secrétaire d’État Mike Pompeo lors de la conversation téléphonique, et il m’a dit qu’il avait déjà commencé, et qu’il lancerait rapidement une enquête pleine et complète sur cette affaire. Des réponses arriveront prochainement.»
Le consul met les voiles
En pleine tourmente et sous le coup de nombreuses menaces de sanctions – applicables si les autorités saoudiennes étaient bel et bien impliquées dans cette affaire – l'Arabie Saoudite a très récemment adopté une nouvelle approche. D'abord catégoriquement opposée à une enquête et des perquisitions, elle finit – sous la pression – par ouvrir les portes du consulat saoudien d'Istanbul. Le royaume a même – bien qu'à demi mots – admis le décès du journaliste suite à un interrogatoire musclé qui aurait mal tourné.
Un faisceau de preuves semble désormais attester de l'assassinat du journaliste. Les enquêteurs turcs ont conduit une vaste perquisition, la nuit dernière, dans le consulat saoudien d'Istanbul et récoltent des preuves que le journaliste saoudien a été tué sur place, selon un officiel turc cité par l’agence Associated Press. « La chaîne américaine CNN cite de son côté un responsable turc confirmant que le journaliste aurait été tué et son corps démembré. Les enquêteurs turcs ont commencé à s’intéresser au bâtiment où réside le consul général d’Arabie saoudite, situé à 500 mètres du consulat, lorsqu’ils ont retracé les allers et venues d’un groupe de 15 officiels saoudiens arrivés de Riyad le jour de la disparition de Jamal Khashoggi et repartis tout aussi vite », précisent nos confrères de RFI. La police espère y découvrir des éléments probants, tels que des traces d'ADN, afin d'expliquer ce qu'il est advenu de Jamal Khashoggi. Quant au consul saoudien, il a quitté le pays en fin d'après-midi, ce mardi 16 octobre, sans la moindre déclaration, ni même qu'Ankara n'ait requis son départ...
Faire taire les détracteurs
Les retentissements diplomatiques de cette affaire prennent une ampleur inédite et jettent chaque jour un peu plus le discrédit sur la politique menée par le royaume wahhabite. Selon Clarence Rodriguez, journaliste spécialiste de l’Arabie saoudite, et ancienne correspondante de France 24 à Riyad, MBS oscille entre une volonté de modernité et des relents autocratiques conservateurs. « Le prince héritier voudrait se présenter comme le prince de la modernité, il a d’ailleurs montré qu’il pouvait imposer des réformes, mais il a mis un coup de frein à cet élan avec des vagues successives de répression. […] Il essaye d’éliminer, comme l’ont démontré ses purges, tous ceux qui lui mettent des bâtons dans les roues, ou ceux qui ne vont pas dans son sens, ou dans celui de sa politique », ajoute la spécialiste dans les colonnes de France 24.
Karim Sader, politologue et consultant spécialiste des pays du Golfe, également joint par France 24, propose une nouvelle lecture de ce dossier explosif. « L'affaire Khashoggi, même s’il faut rester prudent le temps d’avoir des éclaircissements sur son sort, fait certes perdre du crédit à Mohammed ben Salmane en Occident, mais à l’inverse, à l’intérieur, elle peut avoir un effet psychologique sur ses détracteurs et les faire taire », explique-t-il.
Jamal Khashoggi s'était exilé aux États-Unis il y a un an, craignant que ses opinions ne lui valent des représailles.
Au cours de l'année écoulée, il a dénoncé dans des articles publiés par le Washington Post l'attitude de Riyad à l'égard du Qatar, la guerre au Yémen et la répression politique ou la censure dans son pays.
Par Bendriss Chahid
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