De grâce, abolissons la peine capitale !


De grâce, abolissons la peine capitale !


29 avril 2020




Une vie humaine a-t-elle une valeur ?


Nous vivons aujourd’hui dans un monde qui se targue d’être civilisé et moderne, d’être juste et démocratique, d’être humain et généreux, mais en dépit de tous ses nobles attributs que nous nous donnons, à chaque occasion qui se présente,pour nous congratuler pour notre humanité, n’empêche qu’il y a une réalité qui montre, sans ambages, qu’en est tout à fait le contraire de ce qu’on se dit être.

Tout le monde pense que la vie humaine est précieuse, pour ne pas dire très précieuse, mais nos justices injustes continuent, dans plusieurs pays, à appliquer la peine capitale sans gêne et sans remords. Certes, Dieu a gratifié l’être humain avec le don de la vie. C’est un cadeau divin et céleste qui a plus d’un sens. Mais malheureusement l’homme, dans sa propre conception de la justice, prive son proche de ce don par le déni de la vie : la peine de mort, une horreur de la société moderne, qui nous rabaisse.

La peine capitale est une aberration, une injustice humaine et un déni de la générosité divine : Dieu, dans sa bonté sans limite, donne le souffle de la vie et l’homme, dans sa méchanceté déguisée en justice, étouffe ce souffle dans un total mépris de l’acte divin.

La vie humaine a une telle valeur que même les pires meurtriers ne devraient pas être privés de la valeur de leur vie.La vie du délinquant ne peut pas être détruite par sa mauvaise conduite – même s’il a tué quelqu’un. La vie est sacrée et elledoit être préservée tout le temps, pour préserver notre humanité, sinon en continuant à appliquer la peine de mort on se met au même niveau que tout criminel qu’on condamne.

En réalité, tout le monde a un droit humain inaliénable à la vie, même ceux qui commettent un meurtre ; la condamnation à mort et l’exécution d’une personne violent ce droit. Cet argument est très similaire à celui de la « valeur de la vie », mais il est abordé sous l’angle des droits de l’homme. 

Le contre-argument est qu’une personne peut, par ses actes, perdre ses droits de l’homme, et que les meurtriers perdent leur droit à la vie. 
Un autre exemple le montre clairement : une personne perd son droit à la vie si elle lance une attaque meurtrière et la seule façon pour la victime de sauver sa propre vie est de tuer l’agresseur.

La rétribution est nulle doute une aberrance
L’argument le plus courant et le plus convaincant contre la peine capitale, disons-le avec insistance, est que tôt ou tard, des innocents seront tués, à cause d’erreurs ou de failles dans le système judiciaire. 

Les témoins (lorsqu’ils font partie du processus), les procureurs et les jurés peuvent tous commettre des erreurs. 
Si l’on ajoute à cela les failles du système, il est inévitable que des innocents soient condamnés pour des crimes qu’ils ont pas commis. Lorsque la peine capitale est appliquée, ces erreurs ne peuvent être corrigées.

La peine de mort légitime un acte de violence irréversible de la part de l’État et fera inévitablement des victimes innocentes. Tant que la justice humaine restera faillible, le risque d’exécuter des innocents ne pourra jamais être éliminé Il est largement prouvé que de telles erreurs sont possibles : aux États-Unis, 130 personnes condamnées à mort ont été déclarées innocentes depuis 1973 et ont été libérées du couloir de la mort, selon Amnesty International.

La rétribution, disons-le haut et fort, est une erreur humaine monumentale et beaucoup de gens pensent qu’elle est moralement défectueuse et qu’elle est problématique dans son concept et sa pratique.

Pour la Conférence catholique américaine : « Nous ne pouvons pas enseigner que tuer est mal en tuant ». Quant à l’archevêque Desmond Tutu, il dit avec emphase que : « Prendre une vie quand une vie a été perdue, c’est une vengeance, ce n’est pas la justice ».

Nous savons tous que l’argument principal selon lequel la rétribution est immorale est qu’elle n’est qu’une forme aseptisée de vengeance. Les scènes de foules hurlantes attaquant des camionnettes de prison contenant des personnes accusées de meurtre sur le chemin du tribunal ou chantant agressivement à l’extérieur des prisons lorsqu’un délinquant est exécuté, suggèrent que la vengeance reste un ingrédient majeur de la popularité publique de la peine capitale. 
Mais la juste rétribution, destinée à rétablir la justice, peut facilement être distinguée de la vengeance et de la vindicte.

On nous dit que la rétribution est utilisée de manière unique dans le cas de la peine de mort. Les crimes autres que le meurtre ne reçoivent pas une punition qui imite le crime – par exemple, les violeurs ne sont pas punis par une agression sexuelle, et les personnes coupables d’agression ne sont pas battues de façon cérémonieuse.

Les écrivains Camus et Dostoïevski, nous éclairent de leur grande sagesse, en faisant valoir que le châtiment dans le cas de la peine de mort n’était pas juste, parce que la souffrance anticipée du criminel avant son exécution l’emporterait probablement sur la souffrance anticipée de la victime de son crime.

D’autres affirment que l’argument de la rétribution est erroné car la peine de mort est une « double punition », celle de l’exécution et de l’attente qui la précède, ce qui ne correspond pas au crime. Au Japon, les accusés ne sont informés de leur exécution que quelques instants avant qu’elle ne soit programmée. Il en résulte que chaque jour de leur vie est vécu comme si c’était le dernier.

Certaines personnes qui croient en la notion de rétribution sont contre la peine capitale parce qu’elles estiment que la peine de mort n’apporte pas une rétribution suffisante. 
Elles soutiennent que l’emprisonnement à vie sans possibilité de libération conditionnelle cause beaucoup plus de souffrance au délinquant qu’une mort sans douleur après une courte période d’emprisonnement. 
Un autre exemple est le planificateur d’un attentat suicide à la bombe – l’exécution pourrait faire de cette personne un martyr, et serait donc une punition moindre que l’emprisonnement à vie.

La peine de mort n’est point une dissuasion
La peine de mort, soulignons-le, ne semble pas dissuader les gens de commettre des crimes violents graves. 
Ce qui est dissuasif, c’est la probabilité d’être pris et puni. Le consensus général parmi les spécialistes des sciences sociales est que l’effet dissuasif de la peine de mort n’est pas prouvé. En 1988, une enquête a été menée pour les Nations unies afin de déterminer la relation entre la peine de mort et les taux d’homicide. Cette étude a ensuite été mise à jour en 1996. Elle a abouti à la conclusion suivante : « …les recherches n’ont pas réussi à fournir la preuve scientifique que les exécutions ont un effet plus dissuasif que la prison à vie. 

Il est peu probable qu’une telle preuve soit apportée. L’ensemble des preuves n’apporte toujours pas de soutien positif à l’hypothèse de la dissuasion ». La clé d’une dissuasion réelle et véritable consiste à augmenter la probabilité de détection, d’arrestation et de condamnation.

Les statistiques nous montrent, avec insistance, que la peine de mort entraîne une brutalisation de la société et une augmentation du taux de meurtres.
Aux États-Unis, les meurtres sont plus nombreux dans les États où la peine capitale est autorisée. En 2010, le taux d’assassinat dans les États où la peine de mort a été abolie était de 4,01 % pour 100 000 personnes. Dans les États où la peine de mort est appliquée, ce chiffre était de 5,00 %. 
Ces calculs sont basés sur les chiffres du FBI. 
L’écart entre les États où la peine de mort est appliquée et les États où elle ne l’est pas a considérablement augmenté, passant de 4 % de différence en1990 à 25 % en 2010, d’après le FBI Uniform Crime Report, du Centre d’information sur la peine de mort.


La peine de mort abaisse nos valeurs sociétales
En Conclusion, je voudrais dire, haut et fort, que la peine capitale abaisse, malheureusement, la valeur de nos sociétés.

Les sociétés civilisées ne tolèrent pas la torture, même s’il peut être démontré que la torture peut avoir un effet dissuasif ou produire d’autres effets bénéfiques. 
De même, de nombreuses personnes estiment que la peine de mort est inappropriée pour une société civilisée moderne qui doit répondre aux crimes les plus horribles. Le meurtre qui est décrit comme un crime horrible est répété de sang-froid, sans remords.

Heureusement, il faut le dire, la plupart des pays – mais pas tous – n’exécutent pas les gens en public, la peine capitale est un spectacle inhumain et dégradant. Mais la peine de mort est,quand même, un cirque médiatique, qui reçoit une grande publicité, afin que le public soit bien conscient de ce qui est fait en son nom. 
Cependant, ce cirque médiatique prend le relais du spectacle de l’exécution publique en enseignant au public des leçons sur la justice, la rétribution et la responsabilité personnelle de ses propres actions.

De grâce, abolissons la peine capitale, sans regrets. 
Abolissons ce déni de la vie humaine et de la justice divine. 
Abolissons cette forme déguisée de torture. 
Abolissons cet acte de sauvagerie primaire, pour rétablir notre humanité et notre valeur de la vie, pour rétablir notre amour et respect de notre proche et de nous-mêmes.
Amen

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