La nécessaire monarchie marocaine
Par Charles Saint-Prot
Sur le plan géopolitique, la crise sanitaire due au virus chinois du Covid 19 va avoir des répercussions énormes, avec en premier lieu la fin de l’illusion ultralibérale. Elle marque également le retour du politique sur le stupide primat de l’économie. Elle souligne enfin la supériorité de la monarchie sur les systèmes soumis aux aléas de l’élection et aux lobbies de toute sorte. C’est pourquoi, le Maroc s’en sort mieux que d’autres.
La fin de l’idéologie ultralibérale
D’abord, cela remet en cause de nombreux mythes de la pensée unique : la fable de la mondialisation heureuse, ce libéralisme absolu qu’on nous a présenté comme inéluctable au motif qu’il aurait triomphé du système communiste – ce qui est naturellement une blague car le communisme s’est effondré tout seul en URSS mais il subsiste en Chine où il s’accommode fort bien du libéralisme.
Ensuite, on revient surtout à la réalité, à savoir que c’est l’État seul qui protège, l’État seul qui garantit les services publics, l’état seul qui peut faire face aux graves crises.
La fin des idéologies mondialo-libérales, dont le mythe européiste, marque donc le retour de l’Etat nation d’un nouveau paysage géopolitique. La crise due au Covid 19 a été traitée par l’Asie, en Chine, au Japon à Singapour, à Taiwan et en Corée du Sud. Ces pays ont fait face à la crise avec beaucoup d’efficacité, alors qu’en Occident, les pays de l’Union européenne et les Etats-Unis, a prévalu l’incertitude, la pagaille, la politique de deux pas en avant et deux pas en arrière. Il est notable que certains pays du Sud, se sont mieux tirés d’affaire que d’autres du Nord. L’OMS vient de déclarer que la Tunisie s’en sortira sans trop de dégâts de la crise épidémique. Le Maroc est un cas très intéressant.
Le Maroc s’en sort mieux
En matière de lutte contre le Covid-19, le Maroc a fait preuve de deux qualités dont pourraient s’inspirer la France et d’autres pays occidentaux: d’abord la capacité à produire, localement, de quoi subvenir à ses besoins vitaux ; ensuite, celle de réunir un large consensus national pour mobiliser ses forces vives et de les canaliser dans le but de juguler une menace.
Le Royaume est à l’avant-garde en ce qui concerne les mesures prises pour endiguer le Coronavirus, notamment en mettant en place un système de confinement très strict et en mobilisant d’énormes ressources médicales, financières (création d’un Fonds spécial pour la gestion de la pandémie du Coronavirus) et humaines pour protéger ses citoyens. La stratégie marocaine a été saluée au niveau international, non seulement pour l’efficacité de sa mise en œuvre, mais aussi pour l’implication de toutes les institutions et les composantes de la société marocaine. Le roi Mohammed VI a lancé un fonds spécial de lutte contre le Covid-19 pour pallier les conséquences économiques de la crise. L’objectif est d’aider les personnes affectées à faire face au chômage ou au risque de faillite.
Depuis le 7 avril, le port du masque est obligatoire dans l’espace public au Maroc sous peine d’amende, voire d’emprisonnement. Au lieu de s’en remettre à des commandes parfois incertaines à l’étranger (comme l’Allemagne et la France, victimes de retards ou même de vols), l’Etat marocain a mobilisé l’industrie textile locale pour produire 5 millions de masques par jour. Afin de maîtriser toute tentative de spéculation, le gouvernement a encadré les prix en les fixant à 80 DHS les 100 (moins de 8 euros, soit 0,08 euros l’unité). Le fonds spécial du Covid-19 compensera la différence auprès des industriels se pliant à cet effort de guerre sanitaire. Lorsque des particuliers sont prix à vendre des masques à la sauvette, à des tarifs plus élevés, leurs stocks sont confisqués et ils sont arrêtés.
Autre effet positif de l’effort national, les masques ont pu être distribués rapidement et en grands nombres dans les services médicaux, les pharmacies, les commerces de proximité, les supermarchés et les grandes surfaces, grâce à la mobilisation des réseaux logistiques de la grande consommation et notamment de l’industrie… laitière. En effet, les centrales laitières ont les meilleurs réseaux de livraison auprès de tous les petits commerces du pays, y compris les plus isolés, dans les villages reculés ou les zones montagneuses.
Pour poursuivre la lutte, l’Etat a également programmé la production d’au moins 500 respirateurs artificiels d’ici le 20 avril. Là encore, l’objectif est que toutes les composantes soient disponibles au Maroc, afin de ne pas recourir à l’importation
L’exception marocaine
Surtout, le Maroc s’en sort mieux parce qu’il y a une autorité claire, la monarchie qui réunit l’indispensable consensus – c’est-à-dire le consentement profond, l’adhésion de l’ensemble d’une population vivant dans un cadre déterminé à un type de pouvoir – qui assure la légitimité d’un État.
C’est précisément à la réalité nationale que ne cesse de renvoyer le roi Mohammed VI, et cela est bien naturel puisqu’il en est le dépositaire. Parce qu’il « ne s’agit pas de refaire le monde, mais juste de faire évoluer son pays vers de meilleurs horizons sans pour autant le détruire et le plonger dans l’inconnu », l’essentiel consiste à continuer à construire une nation moderne et à devenir un pays émergent, tout en s’appuyant sur ses fondamentaux.
L’ambition de la monarchie est de parachever la construction d’un pays moderne. Certes, la construction d’un pays capable de relever les défis du XXIe siècle exige du travail, de la patience, de l’opiniâtreté, une bonne entente nationale, un État de droit, de l’ordre et une vision à long terme. C’est tout ce dont dispose le Maroc et c’est son capital le plus précieux. Le roi Mohammed VI a la conviction qu’une monarchie concrète, agissante, a pour mission de promouvoir les réformes et mettre en place une dynamique proposant un nouveau projet de société répondant aux attentes d’un peuple qui est à la fois attaché aux fondamentaux de la tradition et aspire au progrès et au développement. Il s’agit de faire en sorte que l’époque de la modernisation ne soit pas celle des aventures sans lendemain.
Qui, mieux que la monarchie peut concilier cette double exigence ? Qui, mieux que le roi peut penser une stratégie à long terme, reposant sur une vision cohérente ? Il ne s’agit pas de faire table rase, de tout chambouler, mais il s’agit plutôt de poursuivre la construction d’une nation moderne, dans le respect de son identité et de ses traditions historiques
Il y a donc une incontestable exception marocaine qui est, sans aucun doute, due à la vision prospective et stratégique de la monarchie, Dans sa sagesse, le peuple marocain sait combien la monarchie est une condition de l’unité nationale, du respect des intérêts du Maroc sur la scène internationale et des progrès du pays.
Et si l’exception marocaine résidait tout simplement dans le fait que, là où d’autres s’agitent en tous sens, tâtonnent ou sont frappés d’une sorte de paralysie cadavérique, le Maroc poursuit son évolution dans la stabilité ?
Mais cette exception porte un nom, celui d’une monarchie qui n’est pas limitée à l’instant et n’a pas comme unique champ de vision les échéances électorales et les petits calculs politiciens.
Comme y invitait Charles de Gaulle, il faut considérer l’histoire comme une science pure dans le respect du passé commun, contestant toute interprétation dogmatique, idéologique ou partiale qui conduirait au dénigrement des longs siècles de la formation de la nation, laquelle est naturellement l’objet essentiel d’un droit gouvernement.
Face à l’idéologie, que le Général appelait l’« attrait séculaire de l’a priori, de l’absolu, du dogmatisme », il y a la réalité nationale et le lien indéfectible entre l’indépendance de la nation et la souveraineté de l’État, d’une part, et la dignité de l’homme, d’autre part.
Par Charles Saint-Prot
Directeur général de l’Observatoire d’études géopolitiques
Au contraire, elle s’inscrit dans le temps long, c’est pourquoi elle peut planifier et voir loin.
Comme y invitait Charles de Gaulle, il faut considérer l’histoire comme une science pure dans le respect du passé commun, contestant toute interprétation dogmatique, idéologique ou partiale qui conduirait au dénigrement des longs siècles de la formation de la nation, laquelle est naturellement l’objet essentiel d’un droit gouvernement.
La grande philosophe Simone Weil, la nation est porteuse d’un humanisme car l’homme est société et non un individu sans feu ni lieu : « la nation seule […] joue le rôle qui constitue par excellence la mission de la collectivité à l’égard de l’être humain, à savoir assurer à travers le présent une liaison entre le passé et l’avenir. En ce sens, on peut dire que c’est la seule collectivité qui existe dans l’univers actuel».
Face à l’idéologie, que le Général appelait l’« attrait séculaire de l’a priori, de l’absolu, du dogmatisme », il y a la réalité nationale et le lien indéfectible entre l’indépendance de la nation et la souveraineté de l’État, d’une part, et la dignité de l’homme, d’autre part.
Voilà très exactement l’objectif de la monarchie moderne et visionnaire illustrée par Mohammed VI. Au grand dam des idéologues et des cercles gauchistes, le Maroc offre l’image d’une monarchie moderne.
Alors que les régimes républicains s’assoupissent, plus ou moins tranquillement, dans une torpeur mortifère, le Royaume se caractérise par une institution nationale, populaire et dynamique.
Quand ailleurs ne règne que la léthargie, le Maroc est véritablement une nation en marche.
En conclusion, la conséquence géopolitique la plus éclatante de la crise du Covid 19 est le retour du primat du politique sur l’économie.
En conclusion, la conséquence géopolitique la plus éclatante de la crise du Covid 19 est le retour du primat du politique sur l’économie.
Or, le retour du politique, c’est très précisément le retour au réel, la fin des idéologies mortifères. Cela signifie le retour de l’Etat-nation. Mais tous les systèmes politiques ne se valent pas. Il y a les professionnels et les néophytes qui découvrent le politique et tâtonnent.
Nous devons tirer les leçons de ces temps de crise aigüe. Il faut bien réaffirmer la suprématie de la monarchie parce qu’elle est par excellence l’Etat national.La monarchie est supérieure aux régimes liés aux groupes de pression (les lobbies), aux brigues infâmes et aux intrigues vulgaires, à l’opinion toujours fluctuante. Oui, plus que jamais il faut un roi !
Par Charles Saint-Prot
Directeur général de l’Observatoire d’études géopolitiques
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