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LE MAGAZINE THE LANCET AU COEUR DU SCANDALE AUTOUR DE LA CHLOROQUINE
LE CHÂTEAU DE CARTES S’EST-IL EFFONDRÉ ?
- 4 Juin 2020
Les données à partir desquelles The Lancet a élaboré son étude à charge contre la chloroquine et l’hydroxychloroquine auraient tout bonnement été inventées de toutes pièces.
“Foireuse”, tel avait été le qualificatif dont avait affublé l’infectiologue et microbiologiste Didier Raoult l’étude publiée le 22 mai par la revue médicale britannique The Lancet sur les effets prétendument nocifs de la chloroquine et de l’hydroxychloroquine sur la santé des malades du Covid-19 traités à ces deux molécules utilisées à la base contre le paludisme.
Et il semble qu’il avait raison. Car le scandale suscité quant à la méthodologie de l’étude, et qui au fur et mesure a hérité de l’appellation de “LancetGate” sur les réseaux sociaux -Pr Raoult l’a lui-même utilisé-, n’en a pas fini de faire jaser dans le monde scientifique.
En effet, les auteurs de l’étude, à savoir Mandeep R. Mehra, Sapan S. Desai, Frank Ruschitzka, Amit N. Patel se seraient basés, pour parvenir à leurs conclusions que la chloroquine et l’hydroxychloroquine seraient jusqu’à 2,89 fois plus létaux pour un malade du Covid-19 que s’ils ne se les voyait pas administrés, sur… des données qui n’existeraient tout simplement pas! Et, a fortiori, ils auraient tous des conflits d’intérêts avec de grands laboratoires, à savoir notamment Gilead, dont le remdésevir est également utilisé dans le traitement du Covid-19 après qu’une étude a révélé, le 29 avril, qu’il pouvait réduire le temps de guérison de 15 jours à 11 seulement.
Ce qui, par ricochet, met en question la décision de la France de retirer, le 27 mai, l’hydroxychloroquine de ses protocoles de soin, et surtout celle de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), deux jours plus tôt, de suspendre les tests cliniques entamés le 18 mars dans le cadre de son initiative “Solidarité”. D’ailleurs, cette dernière a tout bonnement annoncé, ce 3 juin, reprendre ces tests. Et quant au Lancet, il a lui-même exprimé, dans une déclaration officielle ce 2 juin, ses inquiétudes eu égard à l’étude qu’il avait publiée. “Le château de cartes s’effondre,” a triomphalement réagi, sur le réseau social Twitter, Pr Raoult suite à cette prise de position de la revue. De fait, la communauté scientifique avait, dès la publication de l’étude, commencé à avoir la puce l’oreille, du fait que les données qu’elle prétendait utiliser -pour rappel, celles de 96.032 malades disséminés entre 671 hôpitaux du monde entier- ne lui a pas paru assez crédible, notamment des “écarts inhabituellement faibles (...) dans les variables de base, les interventions et les résultats entre les continents” et des “rapports invraisemblables entre l’utilisation de la chloroquine et de l’hydroxychloroquine sur certains continents”, comme le fustigeait une lettre ouverte adressée, le 28 mai, par quelque 120 scientifiques au Lancet.
Le château de cartes
En outre, le quotidien britannique The Guardian trouvait, le 27 mai, que les hôpitaux australiens pouvant avoir fourni ces données à M. Mehra et ses coauteurs n’avaient, en fait, jamais été en contact avec ces derniers, ni encore moins les ministères de la Santé des Etats d’Australie ayant recensé la majorité des cas de Covid- 19 -Victoria et Nouvelle-Galles du Sud. Outre The Lancet, The New England Journal of Medicine, autre revue médicale de référence, celle-là américaine, s’est dite, ce 2 juin, dubitative par rapport à la façon dont ladite étude a été menée.
Ce qui n’empêche que des études avec groupe de contrôle, pour tester l’efficacité de la chloroquine et de l’hydroxychloroquine en comparant des patients qui en reçoivent et d’autres qui n’en reçoivent pas, doit encore absolument être menée, et que les résultats quand bien même spectaculaires du Pr Raoult ne sauraient jamais suffire pour tirer des conclusions définitives.
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