«Je préfère servir que me servir»
◆ Mehdi Qotbi, président de la Fondation nationale des musées, est un être comblé qui se dépense sans compter pour de nobles causes.
Avec sa mise juvénile, il nous parle de la rétrospective «Les peintres marocains dans les collections nationales, de Ben Ali R’bati à nos jours».
Propos recueillis par R. K. Houdaïfa
Finances News Hebdo : Que signifie pour vous le titre de l’exposition «Les peintres marocains dans les collections nationales, de Ben Ali R’bati à nos jours ?»
Mehdi Qotbi : Le titre a été réfléchi d’une manière qui permet de rendre hommage aux premières institutions qui ont initié l’acquisition d’une collection, en l’occurrence marocaine. Il s’agit en premier lieu du ministère de la Culture, de la Jeunesse et des Sports, qui, depuis les années 80 et de façon méthodique, avait instauré une approche de choix curatorial, en créant le noyau du musée d’art, précisément à Tanger en 1989. Bien évidemment, cette opération a pris encore de l’ampleur par l’acquisition d’une collection spécifiquement marocaine.
L’Académie du Royaume, à son tour, sous l’impulsion de son ancien Secrétaire perpétuel, Abdellatif Berbich, a constitué une collection toujours de peintres marocains et qui a été enrichie par Abdeljalil Lahjomri, l’actuel Secrétaire perpétuel. Nous avons aujourd’hui cette chance de voir réunies ces deux collections dans une exposition, et nous sommes, par ce choix, portés sur la scène marocaine qui restera redevable aux initiateurs.
F.N.H. : Parlez-nous un peu de l’univers pictural de cette exposition ?
M. Q. : L’univers pictural est illustré par la «Time Line» que vous pouvez voir et apprécier à l’entrée de l’exposition. Il s’agit d’un parcours «chrono-thématique» qui retrace l’histoire du Maroc à la fois à travers les générations et les thèmes récurrents auxquels les artistes marocains se sont intéressés.
F.N.H. : En combien de temps un événement de cette ampleur se préparet-il ?
M. Q. : Une exposition similaire demandera au minimum entre 6 et 12 mois de travail préparatoire, et nous l’avons commencée juste à la fin de la Biennale de Rabat. Il est primordial de garantir les conditions nécessaires à l’organisation d’une exposition de cette ampleur qui retrace l’histoire de la peinture marocaine et servira comme élément de base pour une exposition permanente du MMVI (Musée Mohammed VI d'Art moderne et contemporain).
F.N.H. : Ce n’est pas encore fini, mais pourriez-vous dresser un bilan de l’exposition ?
M. Q. : La constitution de cette collection regroupant des œuvres historiques que le public marocain n’a pas eu encore l’occasion de voir, nous a permis d’accomplir notre mission par cette manifestation, et nous avons par la même occasion gagner la confiance du grand public et des institutions.
F.N.H. : Aucune de vos œuvres n’est accrochée sur la cimaise du musée ?
M. Q. : Tant que je suis président de la Fondation nationale des musées, mes œuvres ne peuvent jamais figurer dans une collection quelconque des musées. Ceci est évident du point de vue éthique, je préfère servir que me servir.
F.N.H. : Bien qu’il soit si difficile d’analyser l’art, vous avez une méthodologie ou des critères d’appréciation lorsque vous êtes face à une œuvre ?
M. Q. : Une œuvre d’art est comme une musique, comme un livre. Nous ressentons une émotion difficile à décrire. Je serai incapable de vous dire des critères, car c’est l’émotion qui parle.
F.N.H. : Quel regard portez-vous sur le marché de l’art ?
M. Q. : Depuis son intronisation, Sa Majesté le Roi Mohammed VI a insufflé une nouvelle dynamique à l’art. Cela a permis de stimuler tout le marché de l’art, les galeristes, les curateurs, les conservateurs et la création des musées et du Musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain en particulier.
Tous ces éléments se répercutent positivement sur la scène artistique et sur le marché de l’art. («Les peintres marocains dans les collections nationales, de Ben Ali R’bati à nos jours», jusqu’au 15 décembre, au Musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain. Angle avenue Moulay El Hassan et avenue Allal Ben Abdallah, Quartier Hassan, Rabat).
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