DÉRAPAGE AU PARLEMENT

DÉRAPAGE AU PARLEMENT


 

15 octobre 2020 à 12h15 - 209 vues

Et ce n’est pas fini !

C’était pure naïveté que de croire que le député Driss Azami allait tempérer ses propos, après qu’il ait rabroué les influenceurs marocains, dans l’enceinte du parlement.

Ses sorties médiatiques, loin d’œuvrer dans le sens d’une pacification de l’opinion publique, se révèlent être d’un mordant sans pareil. Le moins que l’on puisse dire, est que ça fait tapage !

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Serait-on taquin pour renverser la vapeur et de désigner de telles attaques comme étant populistes ? Un mot qui semble être le fer de lance du député Pjdiste.

Driss Azami semble à peine tenir les influenceurs dans son discours. Du cœur n’en parlons point.

Toutefois, et pour marquer une nuance de taille, laquelle nuance ne semble pas être le propre du populisme, tant et si bien que ce mot-valise, confondrait toutes les nuances à la fois. Pour marquer une nuance donc, Driss Azami, et comme pour séparer le bon grain de l’ivraie, précise que ces influenceurs, qui semblent avoir toute l’attention du député, ne seraient en rien représentatifs du peuple marocain, qu’ils seraient de piètres agitateurs illégitimes,  ne répondant à aucun  processus démocratique.

Le député, n’a pas rechigné à montrer des dents encore plus aiguisées, prêtes à mordre dans un sujet qui fait actualité. Le nom de barrière revient aussi souvent dans son expression que celui de populisme. Une barrière qu’il dit  travailler d’arrache-pied pour  la dresser contre ces trublions. « Une barrière immune » pour le reprendre au mot. Certains, évoquent le fait que le député aurait bien fait de rectifier le tir, et de dissocier les influenceurs de l’ensemble des marocains, en les confinant à une minorité,  en leur prêtant toutes les mauvaises intentions du monde. Une façon de s’attaquer, à ce que dans sa conception, répondrait aux cas isolés.

 

Les temps ont changé !

 

Certains prêts à désarçonner cette configuration simpliste, ne manqueraient d’objecter que ce qui justement fait le succès de ces dits influenceurs est la vox populi, ou la populace.

Une masse qui de fait tranche avec ce qu’on appellerait minorité. De bonne ou mauvaise foi, on ne peut qu’émettre des hypothèses et rappeler à notre cher député, et au cas où il l’ignorerait, que si ces influenceurs ont une telle visibilité, s’ils jouissent d’une popularité telle, c’est qu’ils sont d’abord et avant tout encouragés par la masse.

Peut-être que notre cher député a raté la transition technologique pour comprendre la subtilité de ces propos, mais sur internet, c’est tout simplement la loi de l’offre et la demande.

Peut-être qu’au lieu « d’abîmer ses chaussures » et là nous reprenons son expression, pour brasser vingt ou trente mille électeurs, devrait-il épouser les moyens de ce nouveau monde, s’initier aux réseaux sociaux, et ainsi, répondre on ne peut plus efficacement à sa fonction de député. laquelle fonction ou mission pour certains est de représenter le peuple.

Et pour le représenter, ne faudrait-il pas  garder  contact avec lui et d’une façon permanente, écouter ses doléances, être sensible à ses craintes.  Prenons un exemple très simple :

On peut oser dire que tout le brouhaha levé autour de la question des pensions parlementaires relèverait d’un faux problème, pourquoi ?

Pour la bonne et simple raison que les bruits qui courraient dans les réseaux sociaux et qui s’élevaient plus que d’autres, avaient trait plutôt aux pensions qui seraient toujours mis à la disposition des parlementaires.

Alors que cela est faux. Toutes les pensions sont à l’arrêt et cela depuis 2017, comme ça a été dit au grand jour lors  du débat parlementaire.  Nous pouvons présumer que si nos députés étaient réactifs, que si nos députés étaient connectés, ils auraient pu couper court à ces divagations et remettre le dialogue social à sa place.

Car un député ne devrait-il pas  sortir de son schéma archaïque et suivre la marche du monde. Et si en étant connecté il pourrait mieux répondre aux sollicitations des citoyens ? ça lui permettra d’abîmer moins ses chaussures, et de préserver les frais de déplacements.

 

Du bon sens

N’est-ce pas que si nos concitoyens se reconnaissent davantage  dans nos influenceurs, qui ne sont pas moins citoyens, c’est qu’il y a échec au niveau de la représentativité ?

Combien de personnes connaissent leurs députés ?

Ne faudrait-il pas restructurer le processus représentatif ?

Et si nos députés, au lieu que de taper aveuglément sur nos influenceurs, pouvaient s’inspirer d’eux, leur guigner cette proximité ?  

Qu’il les invite autour d’une table, qu’ils oeuvrent  ensemble pour un Maroc meilleur ?

Et supposé même que ceux-là soient sous l’emprise répétitive  de bévues, qu’ils véhiculent de fausses informations, ne serait-il pas plus malin de les contacter, de corriger, preuve à l’appui, leurs erreurs ?

Un bon politique ne serait-il pas celui qui aimerait plutôt avoir ses adversaires avec lui que contre lui ?

Ne devrait-il pas s’inspirer du grand modèle de notre système politique  mis en vigueur, vu d’en haut, celui-ci n’amène-t-il pas et les partis de la majorité et ceux de l’opposition à composer ensemble, à cohabiter pour équilibrer notre donne marocaine ?  

Certains ont vu d’un bon œil l’initiative, bien sûr critiqué par notre cher député, du président du conseil spécial désigné par Sa Majesté le Roi que Dieu l’assiste,  Chakib Benmoussa, et  qui avait reçu nos influenceurs les plus en vues pour parler des problèmes des marocains.

De ces influenceurs qui peuvent être des porte-voix,  des catalyseurs qui agissent plutôt dans une transversalité, plutôt que dans une rigidité bureaucratique et sclérosée.

Comme le dit si bien Nietzsche, un philosophe est celui à même de donner un exemple. Et sans êtres philosophes pour autant, nous pouvons prouver l’efficacité de la mise en place de ce pont entre citoyens marocains et hauts responsables.

L’exemple est le suivant : Le sujet des phosphates qui brûlent un nombre de langues de chez nous avait été mis sur la table dressée entre  Chakib Benmoussa et nos  influenceurs.

Celui-ci avait répondu tout de go , que nos imports en phosphates à peine suffiraient-ils à payer nos factures d’hydrocarbures.

Une réponse qui serait à prendre ou à laisser. 

Mais au moins nos concitoyens en ont une maintenant. ....

 

Par Hicham Aboumerrouane

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