André Azoulay : Le Maroc connaît un « momentum exceptionnel » avec la refondation de toutes ses diversités.
André Azoulay : Le Maroc connaît un « momentum exceptionnel » avec la refondation de toutes ses diversités.
26 janvier 2021
Le Maroc connaît un “momentum exceptionnel” avec la refondation de la profondeur de toutes ses diversités, a souligné lundi M. André Azoulay, Conseiller de Sa Majesté le Roi Mohammed VI.
“Le Maroc connaît un momentum exceptionnel s’agissant de la refondation et de la réappropriation, par le plus grand nombre, de la profondeur de toutes ses diversités et de la résilience de toutes ses histoires”, a dit M. Azoulay qui intervenait lors de la session d’ouverture d’un webinaire international sous le thème “Préserver et transmettre la mémoire pour ancrer l’Altérité”.
Les pays qui tournent le dos à leur histoire et qui ne savent pas résister aux tragiques illusions de l’amnésie compromettent et fragilisent leur propre destinée, a-t-il ajouté.
“Si nous ne nous souvenons pas de notre histoire, qui s’en souviendra pour nous ? Nous avons tous besoin du passé pour construire notre futur”, a-t-il insisté, estimant que l’histoire est “irréfragable” et qu’elle “ne s’écrit pas en fonction des aléas de l’instant, un jour ou l’autre elle impose à tous la vérité de ses faits”.
“La visite historique de Sa Majesté le Roi Mohammed VI à Bayt Dakira (un espace spirituel et patrimonial de préservation et de valorisation de la mémoire judéo-marocaine, ndlr), à Essaouira, le 15 janvier 2020, fera date dans notre histoire. Auréolée du sceau royal, elle a désormais sa place dans les annales de l’Histoire et de la modernité des grandes civilisations”, a-t-il rappelé.
“C’est à Bayt Dakira et depuis Bayt Dakira que nos mémoires mêlées et nos histoire additionnées disent aux autres la proximité, l’intimité et l’exaltante complicité qu’Islam et Judaïsme ont vécus, forgées et ciselées pendant plus de deux siècles de lumière à Essaouira”, a affirmé le conseiller de Sa Majesté.
Cette session d’ouverture a connu la participation de plusieurs personnalités éminentes, notamment M. Salim ben Mohammed Al-Malik, Directeur Général de l’ISESCO, Mme Amina Bouayach, Présidente du Conseil national des droits de l’Homme, M. Driss El Yazami, Président du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger et M.Serge Berdugo, Secrétaire général du Conseil de la communauté israélite du Maroc et Ambassadeur itinérant.
Ce webinaire est organisé par la Rabita Mohammadia des Oulémas, par le biais de son Centre Ta’aruf (Centre de recherche et de formation sur les questions interconvictionnelles et consolidation de la paix), en partenariat avec l’ambassade des États-Unis au Maroc, la Fondation Mémoires pour l’Avenir (FMA) et Archives du Maroc (ADM).
Tenu du 25 au 28 janvier, ce webinaire a pour objectif de réfléchir sur l’apport de la mémoire, de sa sauvegarde, de sa transmission ainsi que sur le renforcement de la capacité des individus et du collectif à s’ancrer et de s’entretenir dans un rapport ouvert et serein à l’altérité et à la diversité.
Au menu de cette rencontre figurent la projection du film “Les cloches de Toumliline” de Mohammed Hamid Derrouich et des ateliers, notamment celui intitulé “Mémoire : Comment réinventer des Rencontres Internationales en Afrique ?”.
Ce webinaire fait suite à la 1ère Conférence régionale pour la préservation du patrimoine culturel des communautés religieuses (Rabat, 3-4 octobre 2019), organisée par le ministère marocain des Affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, en partenariat avec la Rabita Mohammadia des Oulémas et l’Ambassade des États-Unis d’Amérique au Maroc.
La présidente du CNDH : « préserver et transmettre la mémoire pour ancrer l’altérité »
De son côté, à cette occasion, la présidente du CNDH a invité l’auditoire à méditer et à s’inspirer du modèle de Toumliline afin « de développer un modèle non-institutionnel de dialogue inter-culturel dans un espace libre ».
Voici le texte intégral de son intervention :
« Mesdames et Messieurs,
Permettez-moi tout d’abord, de vous faire part de l’immense joie, qui est la mienne, de pouvoir prendre part à cette rencontre internationale autour du thème : « préserver et transmettre la mémoire pour ancrer l’altérité » ; et de partager avec vous quelques idées en vue d’enrichir, je l’espère, le débat autour de la problématique de la mémoire, de sa signification et de sa préservation.
Dans ce sens, l’expérience de Toumliline nous offre un cas d’école à méditer, et un modèle d’inspiration sur comment développer un modèle non-institutionnel de dialogue interculturel dans un espace libre, où s’est construite une mémoire collective, où est valorisé non seulement le débat pluriel mais surtout la célébration commune des croyances et des idées de tous, aussi différents soient-ils.
C’est ainsi qu’à Toumliline a pu se construire, de la manière la plus naturelle et la plus authentique, et même la plus marocaine, une mémoire que l’on peut qualifier d’universelle.
C’est pourquoi la question de comment « préserver et transmettre la mémoire pour ancrer l’altérité » soulève, à mon sens, des questionnements profonds liés à l’anthropologie des droits de l’homme.
Chers amis
L’Universalité des droits de l’homme est fondée sur l’Histoire d’un consensus des différentes cultures et civilisations, élaboré afin de préserver ce qui se trouve au centre de toute identité : l’Humain. Car bien que la culture ne tienne pas de l’universel, son objet et sa matière, le sont. La consolidation de l’universalité des droits de l’homme nous mène, donc, à nous interroger sur le phénomène d’interculturalité dont les droits de l’homme sont l’expression commune, lesquels doivent faire face, tous les jours, aux tensions d’ordre identitaires, au renfermement , à l’extrémisme violent, et à la diffusion rapide des discours d’incitation à la haine, notamment à travers les NTI.
Mesdames et Messieurs
Le thème de la rencontre internationale d’aujourd’hui réitère, ainsi, les expressions et les ambitions des acteurs des droits de l’homme à partager les expériences humaines accumulées durant l’Histoire, comme celle de Toumliline qui fut un engagement des hommes et des femmes dans une démarche universelle de construction du concept même de l’Altérité.
L’article premier de la déclaration des droits de l’homme consacre ce concept dans toute sa valeur et son sens, car il n’y a point d’égalité ni de liberté dans l’autre. Permettez-moi devous rappeler ses termes :
« Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. »
Le concept même de Droit émane de la réalité que je ne sois pas seul au monde, et que je ne sois pas en son centre. Ainsi le concept de l’altérité se construit-il dans un cadre de Droit- Devoir – responsabilité, et non pas seulement dans celui d’une gratitude ou d’une dette. Au-delà de la dimension rationnelle, se trouve celle, morale, d’un devoir envers l’autre qui défie les catégories identitaires. Il n’est pas question seulement de vivre ensemble mais de vivre égaux, avec ce que l’on peut désigner comme une éthique de l’autre.
La fraternité, dictée par l’esprit des droits de l’homme, n’est donc pas seulement une invention de la raison, mais plutôt un précepte de vie, dont la dimension affective et émotionnelle ne fait aucun doute. Le mot fraternité, qui est à mon sens, le miroir de celui d’altérité, renvoie à ce qu’il y’a de plus intime pour tout être humain, à savoir la famille.
C’est ainsi, chers amis, que les visionnaires de toumiline, comprirent ce que voulait dire l’autre. Leur message nous avertissait déjà du danger de l’identité unique.
L’autre ce n’est pas seulement moi, l’autre c’est l’autre. Il est chez lui.
26 janvier 2021
Le Maroc connaît un “momentum exceptionnel” avec la refondation de la profondeur de toutes ses diversités, a souligné lundi M. André Azoulay, Conseiller de Sa Majesté le Roi Mohammed VI.
“Le Maroc connaît un momentum exceptionnel s’agissant de la refondation et de la réappropriation, par le plus grand nombre, de la profondeur de toutes ses diversités et de la résilience de toutes ses histoires”, a dit M. Azoulay qui intervenait lors de la session d’ouverture d’un webinaire international sous le thème “Préserver et transmettre la mémoire pour ancrer l’Altérité”.
Les pays qui tournent le dos à leur histoire et qui ne savent pas résister aux tragiques illusions de l’amnésie compromettent et fragilisent leur propre destinée, a-t-il ajouté.
“Si nous ne nous souvenons pas de notre histoire, qui s’en souviendra pour nous ? Nous avons tous besoin du passé pour construire notre futur”, a-t-il insisté, estimant que l’histoire est “irréfragable” et qu’elle “ne s’écrit pas en fonction des aléas de l’instant, un jour ou l’autre elle impose à tous la vérité de ses faits”.
“La visite historique de Sa Majesté le Roi Mohammed VI à Bayt Dakira (un espace spirituel et patrimonial de préservation et de valorisation de la mémoire judéo-marocaine, ndlr), à Essaouira, le 15 janvier 2020, fera date dans notre histoire. Auréolée du sceau royal, elle a désormais sa place dans les annales de l’Histoire et de la modernité des grandes civilisations”, a-t-il rappelé.
“C’est à Bayt Dakira et depuis Bayt Dakira que nos mémoires mêlées et nos histoire additionnées disent aux autres la proximité, l’intimité et l’exaltante complicité qu’Islam et Judaïsme ont vécus, forgées et ciselées pendant plus de deux siècles de lumière à Essaouira”, a affirmé le conseiller de Sa Majesté.
Cette session d’ouverture a connu la participation de plusieurs personnalités éminentes, notamment M. Salim ben Mohammed Al-Malik, Directeur Général de l’ISESCO, Mme Amina Bouayach, Présidente du Conseil national des droits de l’Homme, M. Driss El Yazami, Président du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger et M.Serge Berdugo, Secrétaire général du Conseil de la communauté israélite du Maroc et Ambassadeur itinérant.
Ce webinaire est organisé par la Rabita Mohammadia des Oulémas, par le biais de son Centre Ta’aruf (Centre de recherche et de formation sur les questions interconvictionnelles et consolidation de la paix), en partenariat avec l’ambassade des États-Unis au Maroc, la Fondation Mémoires pour l’Avenir (FMA) et Archives du Maroc (ADM).
Tenu du 25 au 28 janvier, ce webinaire a pour objectif de réfléchir sur l’apport de la mémoire, de sa sauvegarde, de sa transmission ainsi que sur le renforcement de la capacité des individus et du collectif à s’ancrer et de s’entretenir dans un rapport ouvert et serein à l’altérité et à la diversité.
Au menu de cette rencontre figurent la projection du film “Les cloches de Toumliline” de Mohammed Hamid Derrouich et des ateliers, notamment celui intitulé “Mémoire : Comment réinventer des Rencontres Internationales en Afrique ?”.
Ce webinaire fait suite à la 1ère Conférence régionale pour la préservation du patrimoine culturel des communautés religieuses (Rabat, 3-4 octobre 2019), organisée par le ministère marocain des Affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, en partenariat avec la Rabita Mohammadia des Oulémas et l’Ambassade des États-Unis d’Amérique au Maroc.
La présidente du CNDH : « préserver et transmettre la mémoire pour ancrer l’altérité »
De son côté, à cette occasion, la présidente du CNDH a invité l’auditoire à méditer et à s’inspirer du modèle de Toumliline afin « de développer un modèle non-institutionnel de dialogue inter-culturel dans un espace libre ».
Voici le texte intégral de son intervention :
« Mesdames et Messieurs,
Permettez-moi tout d’abord, de vous faire part de l’immense joie, qui est la mienne, de pouvoir prendre part à cette rencontre internationale autour du thème : « préserver et transmettre la mémoire pour ancrer l’altérité » ; et de partager avec vous quelques idées en vue d’enrichir, je l’espère, le débat autour de la problématique de la mémoire, de sa signification et de sa préservation.
Dans ce sens, l’expérience de Toumliline nous offre un cas d’école à méditer, et un modèle d’inspiration sur comment développer un modèle non-institutionnel de dialogue interculturel dans un espace libre, où s’est construite une mémoire collective, où est valorisé non seulement le débat pluriel mais surtout la célébration commune des croyances et des idées de tous, aussi différents soient-ils.
C’est ainsi qu’à Toumliline a pu se construire, de la manière la plus naturelle et la plus authentique, et même la plus marocaine, une mémoire que l’on peut qualifier d’universelle.
C’est pourquoi la question de comment « préserver et transmettre la mémoire pour ancrer l’altérité » soulève, à mon sens, des questionnements profonds liés à l’anthropologie des droits de l’homme.
Chers amis
L’Universalité des droits de l’homme est fondée sur l’Histoire d’un consensus des différentes cultures et civilisations, élaboré afin de préserver ce qui se trouve au centre de toute identité : l’Humain. Car bien que la culture ne tienne pas de l’universel, son objet et sa matière, le sont. La consolidation de l’universalité des droits de l’homme nous mène, donc, à nous interroger sur le phénomène d’interculturalité dont les droits de l’homme sont l’expression commune, lesquels doivent faire face, tous les jours, aux tensions d’ordre identitaires, au renfermement , à l’extrémisme violent, et à la diffusion rapide des discours d’incitation à la haine, notamment à travers les NTI.
Mesdames et Messieurs
Le thème de la rencontre internationale d’aujourd’hui réitère, ainsi, les expressions et les ambitions des acteurs des droits de l’homme à partager les expériences humaines accumulées durant l’Histoire, comme celle de Toumliline qui fut un engagement des hommes et des femmes dans une démarche universelle de construction du concept même de l’Altérité.
L’article premier de la déclaration des droits de l’homme consacre ce concept dans toute sa valeur et son sens, car il n’y a point d’égalité ni de liberté dans l’autre. Permettez-moi devous rappeler ses termes :
« Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. »
Le concept même de Droit émane de la réalité que je ne sois pas seul au monde, et que je ne sois pas en son centre. Ainsi le concept de l’altérité se construit-il dans un cadre de Droit- Devoir – responsabilité, et non pas seulement dans celui d’une gratitude ou d’une dette. Au-delà de la dimension rationnelle, se trouve celle, morale, d’un devoir envers l’autre qui défie les catégories identitaires. Il n’est pas question seulement de vivre ensemble mais de vivre égaux, avec ce que l’on peut désigner comme une éthique de l’autre.
La fraternité, dictée par l’esprit des droits de l’homme, n’est donc pas seulement une invention de la raison, mais plutôt un précepte de vie, dont la dimension affective et émotionnelle ne fait aucun doute. Le mot fraternité, qui est à mon sens, le miroir de celui d’altérité, renvoie à ce qu’il y’a de plus intime pour tout être humain, à savoir la famille.
C’est ainsi, chers amis, que les visionnaires de toumiline, comprirent ce que voulait dire l’autre. Leur message nous avertissait déjà du danger de l’identité unique.
L’autre ce n’est pas seulement moi, l’autre c’est l’autre. Il est chez lui.
La fraternité n’est pas seulement un devoir mais une responsabilité et un plaisir.
N’est–ce pas là ce que veut véritablement dire : « être Marocain et Marocaine » ?
N’est–ce pas là ce que veut véritablement dire : « être Marocain et Marocaine » ?
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