Bruno le Maire : Disparue ou Retrouvée qu’importe, lisez Albertine de Proust !

Bruno le Maire : Disparue ou Retrouvée qu’importe, lisez Albertine de Proust !

On le sait écrivain, et malgré la charge de travail actuellement rencontrée, le ministre de l’Économie dispose d'un temps retrouvé pour de nouvelles parutions. D’ailleurs, cette passion ne fait pas l’unanimité au gouvernement, puisqu’un de ses collègues en parlait comme de « romans Harlequin ». 

Pour autant, Bruno Le Maire sait quelles sont les vertus de la lecture. Loin des écrans. Quoique…




Ayant récemment publié chez Gallimard, L’Ange et la Bête, Mémoires provisoires, ce 14 janvier — l’essai s’est manifestement vendu à près de 9500 exemplaires selon Edistat — Bruno Le Maire sait que parler de livre et de lecture reste fondamental. Après l’injonction du 16 mars 2020, lancée par Emmanuel Macron, « donnez des nouvelles, prenez des nouvelles, lisez », voici donc le locataire de Bercy changé en curateur.

Invité de la 22e journée du Prix du livre d’Économie 2021 en janvier dernier, Bruno Le Maire venait clôturer les échanges et débats.

Et dans ce discours, BLM s’inscrit dans les pas de son patron, avec cette apostrophe : « Lisez ! Vous n’imaginez pas le plaisir que cela va vous procurer », adressée aux lycéens de l'auditorium. La décence l’aura empêché de recommander la lecture de son dernier livre, mais c’est en évoquant l'un de ses enfants, également lycéen, qu’il partage ce fardeau, « c’est devenu un combat, la lecture ».

Or, ces livres, « ce n’est pas pour vous ennuyer, ce n’est pas pour vous faire des leçons de morale, ce n’est pas pour vous obliger à faire des activités qui seraient pénibles ». Du tout : « La lecture est un immense plaisir », embraye le ministre, énumérant, dans un inventaire à la Prévert (qui aurait préféré ne pas être mêlé à cela), les vertus de ce sport de combat…
Proust, idole des jeunes

Mettre des mots sur des ressentis, entrer dans des mondes inconnus, le tout « par le silence de la lecture »… Car, c’est connu, « on apprend plus sur son désir d’aventure en lisant Robinson Crusoé qu’en partant en voyage ». 
D’autant plus en période de pandémie, ajouterait-on. D’ailleurs, c'est bien Emmanuel Macron qui avait invité à « aller chercher dans la cale ce qui va permettre de survivre », dans une métaphore que le héros de Daniel Defoe n’aurait pas dénigrée.

La liste des recommandations se poursuit : Albertine retrouvée (oups : Albertine disparue, s’il s’agit du roman de Proust), La Prisonnière (celle de Danielle Steel ou de Marcel ?). Ainsi, pour comprendre la jalousie, « il suffit de lire Proust, pour comprendre ce que c’est que ce sentiment, de mettre des mots dessus ». Exit, donc, Danielle Steel.

Mais voilà : « La lecture, c’est une activité solitaire qui vous ouvre au reste du monde. »

Surtout, la conclusion n’est pas là : « Arrachez-vous aux écrans. Les écrans vous dévorent, la lecture vous nourrit. C’est toute la différence. Les écrans vous vident, la lecture vous remplit. C’est toute la différence. » Parce que derrière les écrans, il y a les GAFA qui donnent « exactement comme on le fait pour les rats, des petits stimuli nerveux » qui nous contraignent à rester scotchés.

Là où la littérature incarne un instrument de liberté, les écrans, ceux des géants du numérique, « peuvent devenir des instruments d’asservissement ». Et les livres « permettront de découvrir à quel point vous êtes uniques », concluait le ministre à l’attention des lycéens qui l’écoutaient.

Et se sont donc précipités chez leur libraire pour trouver Albertine retrouvée… en vain. Mais après tout, Frédéric Lefebvre, en son temps, recommandait bien la lecture de Zadig et Voltaire « parce que c’est une leçon de vie ».

Et La Jalousie, d'Alain Pain-Grillet ?


Crédit photo : Chatham House CC BY 2.0

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