Enquête. Pourquoi certains pays se développent-ils et l’Algérie pas encore ?
Ces dernières années, les Algériens ont assisté ébahis au développement de plusieurs pays émergents qui ont réalisé des progrès économiques, technologiques et politiques impressionnantes. La Turquie, la Malaisie, le Brésil, le Mexique, le Chili, le Vietnam ou l’Indonésie, ces pays ont fait un pas de géant sur la route du développement.
Ces dernières années, les Algériens ont assisté ébahis au développement de plusieurs pays émergents qui ont réalisé des progrès économiques, technologiques et politiques impressionnantes. La Turquie, la Malaisie, le Brésil, le Mexique, le Chili, le Vietnam ou l’Indonésie, ces pays ont fait un pas de géant sur la route du développement.
Et pourtant, ces pays étaient auparavant aussi pauvres que l’Algérie, aussi instables politiquement et déchirés de l’intérieur par de nombreux épisodes historiques lugubres. pourquoi ces pays se sont développés et l’Algérie pas encore ? Les réponses dans cette enquête.
Il faut, d’abord, savoir que pour un pays puisse rejoindre le club des pays émergents ou développés, il doit réussir la diversification de PIB, à savoir de sa richesse annuellement créée, et pour ce faire, il a besoin de disposer d’une certaine force au niveau de ses exportations. Ces objectifs sont directement liés à une stabilité macroéconomique. Il est facile de mettre en évidence que les pays fortement spécialisés dans les secteurs primaires ont eu du mal à croitre sur la longue période.
En deuxième lieu, la diversification économique est associée à la transformation structurelle qui consiste à réallouer les ressources vers les secteurs à forte valeur ajoutée, autrement dit à une hausse de la productivité et du revenu par tête. En troisième lieu, l’expérience des pays à industrialisation tardive et les pays émergents est associée
au développement de l’industrie. L’industrialisation des pays d’Asie apparait comme un facteur de réussite incontestable.
En quatrième lieu, l’industrie est entrevue comme un vecteur de sortie de la trappe de la spécialisation primaire. L’industrie est privilégiée en raison de son rôle critique : sa productivité élevée, sa capacité à recevoir et diffuser le progrès technologique et d’être par conséquent un facteur d’innovation, sa capacité de répandre des externalités positives sur les autres secteurs et assurer grâce à la multiplication quasi infinie de ses produits une diversification permettant une meilleure insertion de l’économie dans la mondialisation.
C’est un vecteur de transformation structurelle et de changement de régime de croissance.
En cinquième lieu, le rattrapage relève des « industries naissantes » qui signifie tout d’abord la capacité des pouvoirs publics de produire une stratégie en identifiant les secteurs stratégiques à développer ainsi que les instruments pour les accompagner, le marché étant à lui seul incapable de sélectionner les projets gagnants c’est-à-dire ceux dont le bénéfice social est supérieur au coût privé.
Malheureusement, l’Algérie est l’un des pays les plus désindustrialisés au monde. Et de ce fait, il est loin, très loin de se conformer aux standards économiques dictés par le monde développé.
L’accompagnement de l’Etat consiste à concilier dans la longue période les intérêts privés et sociaux. L’économie algérienne est très spécialisée. L’indice de concentration des exportations est plus élevé que toutes les moyennes des régions en développement y compris l’Afrique. Il est comparable à celui des autres pays exportateurs de pétrole. Et pour cause, la part des produits manufacturés dans ses exportations n’atteint pas 2%. Les exportations des biens issus de haute technologie qui révèlent la capacité du pays à concevoir, produire et exporter des biens de plus en plus sophistiqués, requérant donc des qualifications de plus en plus haute du travail (capital humain), l’utilisation des TIC et la conformité aux normes sont nulles (Banque mondiale).
Ce critère est par excellence une mesure de transformation structurelle, d’intégration des chaines de valeur mondiales (CVM) et in fine de changement de régime de croissance. Contrairement à l’Algérie, le Maroc et la Tunisie semblent avoir initié une politique d’appropriation du progrès technique qui leur permet de s’intégrer et de remonter les CVM
Les indicateurs du commerce inter et intra branches permettent d’avoir une idée sur le degré d’intégration d’une économie aux CVM L’avantage comparatif lié aux échanges inter branches fait référence au commerce au sens le plus traditionnel qui implique que les nations s’échangent des produits finis issus de différentes branches. Le cas le plus typique de ce commerce qui a dominé les relations Nord/Sud jusqu’à récemment est celui des produits manufacturés/produits primaires.
L’échange intra-branches concerne des produits finis différenciés ou semi finis issus ou circulant dans les mêmes branches. Les avantages comparatifs liés à cet échange donnent des renseignements précieux sur les modalités d’intégration à l’économie mondiale (transfert de technologie, type d’IDE, existence de niches, sous-traitance etc.).
Le commerce extérieur des produits manufacturés de l’Algérie est constitué à près de 100% de l’échange inter branche. L’indice varie entre 0.94 et 0.99. Cela signifie que l’industrie manufacturière est quasi uniquement importatrice. La Tunisie, le Maroc et dans une moindre mesure l’Egypte semblent s’être mieux intégrées dans l’économie mondiale. Ils échangent avec leurs partenaires des produits issus des mêmes branches.
Par secteur, on peut se rendre compte de la faiblesse des échanges intra branche en Algérie. Les indices sont bien faibles exception faite pour les cuirs et chaussures jusqu’en 2000 et dans une moindre mesure pour le textile. Tous les indices se rapprochent de zéro. La branche hydrocarbures est spécialisée dans les exportations alors que toutes les autres le sont dans l’importation. Leurs soldes commerciaux sont très proches de la totalité de leur commerce extérieur (exportations + importations) sachant que les exportations sont nulles ou quasi nulles dans une majorité de produits hors hydrocarbures.
Les importations sont très faibles en produits hydrocarbures. Le Centre d’Etudes Prospectives et d’Informations Internationales (CEPII) reformule l’indicateur de
l’ACR en tenant compte de variables de structure. L’étude de la spécialisation sur la longue période tient compte de l’évolution du PIB. Une branche n’est pas condamnée parce qu’elle présente un solde commercial négatif.
Il faut, d’abord, savoir que pour un pays puisse rejoindre le club des pays émergents ou développés, il doit réussir la diversification de PIB, à savoir de sa richesse annuellement créée, et pour ce faire, il a besoin de disposer d’une certaine force au niveau de ses exportations. Ces objectifs sont directement liés à une stabilité macroéconomique. Il est facile de mettre en évidence que les pays fortement spécialisés dans les secteurs primaires ont eu du mal à croitre sur la longue période.
En deuxième lieu, la diversification économique est associée à la transformation structurelle qui consiste à réallouer les ressources vers les secteurs à forte valeur ajoutée, autrement dit à une hausse de la productivité et du revenu par tête. En troisième lieu, l’expérience des pays à industrialisation tardive et les pays émergents est associée
au développement de l’industrie. L’industrialisation des pays d’Asie apparait comme un facteur de réussite incontestable.
En quatrième lieu, l’industrie est entrevue comme un vecteur de sortie de la trappe de la spécialisation primaire. L’industrie est privilégiée en raison de son rôle critique : sa productivité élevée, sa capacité à recevoir et diffuser le progrès technologique et d’être par conséquent un facteur d’innovation, sa capacité de répandre des externalités positives sur les autres secteurs et assurer grâce à la multiplication quasi infinie de ses produits une diversification permettant une meilleure insertion de l’économie dans la mondialisation.
C’est un vecteur de transformation structurelle et de changement de régime de croissance.
En cinquième lieu, le rattrapage relève des « industries naissantes » qui signifie tout d’abord la capacité des pouvoirs publics de produire une stratégie en identifiant les secteurs stratégiques à développer ainsi que les instruments pour les accompagner, le marché étant à lui seul incapable de sélectionner les projets gagnants c’est-à-dire ceux dont le bénéfice social est supérieur au coût privé.
Malheureusement, l’Algérie est l’un des pays les plus désindustrialisés au monde. Et de ce fait, il est loin, très loin de se conformer aux standards économiques dictés par le monde développé.
L’accompagnement de l’Etat consiste à concilier dans la longue période les intérêts privés et sociaux. L’économie algérienne est très spécialisée. L’indice de concentration des exportations est plus élevé que toutes les moyennes des régions en développement y compris l’Afrique. Il est comparable à celui des autres pays exportateurs de pétrole. Et pour cause, la part des produits manufacturés dans ses exportations n’atteint pas 2%. Les exportations des biens issus de haute technologie qui révèlent la capacité du pays à concevoir, produire et exporter des biens de plus en plus sophistiqués, requérant donc des qualifications de plus en plus haute du travail (capital humain), l’utilisation des TIC et la conformité aux normes sont nulles (Banque mondiale).
Ce critère est par excellence une mesure de transformation structurelle, d’intégration des chaines de valeur mondiales (CVM) et in fine de changement de régime de croissance. Contrairement à l’Algérie, le Maroc et la Tunisie semblent avoir initié une politique d’appropriation du progrès technique qui leur permet de s’intégrer et de remonter les CVM
Les indicateurs du commerce inter et intra branches permettent d’avoir une idée sur le degré d’intégration d’une économie aux CVM L’avantage comparatif lié aux échanges inter branches fait référence au commerce au sens le plus traditionnel qui implique que les nations s’échangent des produits finis issus de différentes branches. Le cas le plus typique de ce commerce qui a dominé les relations Nord/Sud jusqu’à récemment est celui des produits manufacturés/produits primaires.
L’échange intra-branches concerne des produits finis différenciés ou semi finis issus ou circulant dans les mêmes branches. Les avantages comparatifs liés à cet échange donnent des renseignements précieux sur les modalités d’intégration à l’économie mondiale (transfert de technologie, type d’IDE, existence de niches, sous-traitance etc.).
Le commerce extérieur des produits manufacturés de l’Algérie est constitué à près de 100% de l’échange inter branche. L’indice varie entre 0.94 et 0.99. Cela signifie que l’industrie manufacturière est quasi uniquement importatrice. La Tunisie, le Maroc et dans une moindre mesure l’Egypte semblent s’être mieux intégrées dans l’économie mondiale. Ils échangent avec leurs partenaires des produits issus des mêmes branches.
Par secteur, on peut se rendre compte de la faiblesse des échanges intra branche en Algérie. Les indices sont bien faibles exception faite pour les cuirs et chaussures jusqu’en 2000 et dans une moindre mesure pour le textile. Tous les indices se rapprochent de zéro. La branche hydrocarbures est spécialisée dans les exportations alors que toutes les autres le sont dans l’importation. Leurs soldes commerciaux sont très proches de la totalité de leur commerce extérieur (exportations + importations) sachant que les exportations sont nulles ou quasi nulles dans une majorité de produits hors hydrocarbures.
Les importations sont très faibles en produits hydrocarbures. Le Centre d’Etudes Prospectives et d’Informations Internationales (CEPII) reformule l’indicateur de
l’ACR en tenant compte de variables de structure. L’étude de la spécialisation sur la longue période tient compte de l’évolution du PIB. Une branche n’est pas condamnée parce qu’elle présente un solde commercial négatif.
En effet, la compétitivité d’une branche ne dépend pas de ses seuls échanges extérieurs mais de la demande intérieure aussi, qui à long terme doit croître au même rythme que le PIB.
L’Algérie est, malheureusement, loin d’intégrer ses leçons économiques élémentaires pour pouvoir enfin amorcer son développement.
Faute d’une véritable stratégie de développement axée sur une véritable production industrielle diversifiée, l’Algérie a accumulé les retards par rapport aux pays émergents et développés. En vérité, le régime algérien n’était pas concentré sur le développement économique du pays, mais sur uniquement la réduction des importations en devises pour prolonger le plus longtemps possible sa survie. Or, cet objectif de réduire et de contrôler les importations n’a pas été atteint. Pourquoi ? Les restrictions au commerce extérieur n’ont pas empêché les importations de croître très rapidement. Le climat des affaires qui s’est continuellement détérioré a objectivement encouragé l’activité d’importation au détriment de la production et l’exportation.
Les pouvoirs publics reconnaissent volontairement que cette activité, devenue de plus en plus opaque, est une source de pertes importantes en devises (surfacturation, importations fictives, etc.). N’étant pas toujours été en conformité avec les dispositions de l’accord d’association et avec celles qui sont requises par les règles de l’OMC, ces mesures marginalisent davantage l’Algérie de l’économie mondiale.
L’Algérie a perdu, malheureusement, trop de temps pour rattraper ce retard de développement économique. Et pendant ce temps perdu, la désindustrialisation précoce du pays a compliqué davantage la conciliation entre diversification et insertion dans l’économie mondiale. Le développement du secteur manufacturier, levier de diversification par excellence, est contraint par l’environnement international qui, de fait, réglemente fortement et interdit le recours aux instruments de la politique industrielle mise en œuvre dans le passé par les pays développés et les pays émergents. Il sera tout aussi difficile de faire face à la concurrence des importations que de pénétrer les marchés mondiaux en raison précisément de la concurrence accrue résultant d’un recul de la protection tarifaire, de la percée des pays émergents et des nouveaux arrivants.
L’Algérie devra ainsi réfléchir sur de nouvelles stratégies de gouvernance pour s’adapter aux mutations internationales et identifier ainsi son propre modèle de développement. Ce défi est immense pour un pays qui peine encore à se relever de son instabilité politique laquelle dure depuis 2019.
Faute d’une véritable stratégie de développement axée sur une véritable production industrielle diversifiée, l’Algérie a accumulé les retards par rapport aux pays émergents et développés. En vérité, le régime algérien n’était pas concentré sur le développement économique du pays, mais sur uniquement la réduction des importations en devises pour prolonger le plus longtemps possible sa survie. Or, cet objectif de réduire et de contrôler les importations n’a pas été atteint. Pourquoi ? Les restrictions au commerce extérieur n’ont pas empêché les importations de croître très rapidement. Le climat des affaires qui s’est continuellement détérioré a objectivement encouragé l’activité d’importation au détriment de la production et l’exportation.
Les pouvoirs publics reconnaissent volontairement que cette activité, devenue de plus en plus opaque, est une source de pertes importantes en devises (surfacturation, importations fictives, etc.). N’étant pas toujours été en conformité avec les dispositions de l’accord d’association et avec celles qui sont requises par les règles de l’OMC, ces mesures marginalisent davantage l’Algérie de l’économie mondiale.
L’Algérie a perdu, malheureusement, trop de temps pour rattraper ce retard de développement économique. Et pendant ce temps perdu, la désindustrialisation précoce du pays a compliqué davantage la conciliation entre diversification et insertion dans l’économie mondiale. Le développement du secteur manufacturier, levier de diversification par excellence, est contraint par l’environnement international qui, de fait, réglemente fortement et interdit le recours aux instruments de la politique industrielle mise en œuvre dans le passé par les pays développés et les pays émergents. Il sera tout aussi difficile de faire face à la concurrence des importations que de pénétrer les marchés mondiaux en raison précisément de la concurrence accrue résultant d’un recul de la protection tarifaire, de la percée des pays émergents et des nouveaux arrivants.
L’Algérie devra ainsi réfléchir sur de nouvelles stratégies de gouvernance pour s’adapter aux mutations internationales et identifier ainsi son propre modèle de développement. Ce défi est immense pour un pays qui peine encore à se relever de son instabilité politique laquelle dure depuis 2019.
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