HCP : 54,4% des réfugiés au Maroc sont des Syriens.
On
les voit souvent aux feux rouges des boulevards des grandes villes. Des
femmes, des hommes et même des enfants chassés de chez eux par la
guerre. Fuyant l’enfer, ils se sont exilés en Turquie, en Jordanie, au
Liban mais aussi au Maroc. Au début simple pays de transit vers
l’Europe, le Maroc est devenu un pays de destination.
Périples
«
Nous sommes arrivés au Maroc il y a 6 ans. Nous sommes originaires de
Homs. Notre maison a été bombardée et nous n’avons plus rien dans notre
pays. La plupart de nos proches se sont réfugiés au Liban », raconte
Marwa Souleimane, 45 ans et mère de trois enfants, rencontrée sur le
boulevard Oum Arrabiâ, à Casablanca. A ses côtés, Waâd son aînée de 14
ans. Elle décrit le périple périlleux qui les a menés jusqu’au Maroc en
transitant par la Mauritanie.
«
Après que l’Algérie a imposé le visa pour nous autres Syriens, on a du
changer de plan et partir en Mauritanie. Des passeurs ont fait le reste
pour nous mener jusqu’au Maroc », indiquent la mère et la fille qui ont
continué sur leur lancée jusqu’à ce qu’elles atterrissent à Casablanca
avec les deux frères de Waâd. Le père ? « Mort en Syrie de ses
blessures. Je me suis retrouvée seule avec mes enfants. Des amis de la
famille m’ont donc conseillé de partir au Maroc vu que d’autres membres
de la famille n’étaient pas mieux lotis dans leur refuge au Liban »,
explique Marwa. Cette mère seule affirme n’avoir d’autres choix que de
mendier pour subvenir aux besoins de sa famille. Ayant dépensé toutes
ses économies pour payer les passeurs, elle s’est retrouvée sans le sou
en arrivant au Maroc. Un destin doublement brisé.
Ghassan
Zain, 51 ans vient d’Alep. Il est arrivé au Maroc en 2014 via
l’Algérie. « Nous avons eu plus de chance. Même si difficile et
éprouvant, notre trajet était moins périlleux surtout que j’avais avec
moi ma mère, une vieille dame malade et mes enfants en bas âge. Arrivés à
Oujda, nous avons été bien accueillis par des amis qui nous ont devancé
ici au Maroc », raconte-t-il. Vivant actuellement au quartier Farah
Essalam, dans la périphérie de Casablanca, Zain vivote avec sa famille
en enchainant les petits jobs. « Mais c’est toujours mieux que vivre
dans la peur et l’insécurité et en attendant de retourner en Syrie un
beau jour » commente-t-il.
Exil
Les
réfugiés syriens sont plus de 7 millions dispersés dans les quatre
coins du monde. Si une grande partie s’est exilée chez les voisins en
Turquie, au Liban ou en Jordanie, d’autres ont préférés des destinations
plus lointaines. En Afrique (notamment le Maroc), en Europe mais aussi
aux Etats Unis et au Canada.
Rendue
publique à l’occasion de la journée mondiale des réfugiés, l’enquête du
HCP sur la migration forcée rappelle le triste destin des ces réfugiés.
Ainsi ces résultats montrent que la majorité des migrants (84,9%) ont
quitté leurs pays d’origine à partir de l’année 2010 ( 82% parmi les
hommes et 89,3% parmi les femmes) contre 15,1% avant 2010. Une sacrée
évolution. Ceci tandis que presque la moitié d’entre eux (46,4%) sont
partis de leurs pays d’origine depuis 2016 dont 30,4% entre 2016 et 2018
et 16% entre 2019 et 2021.
L'effet de la guerre
Le
HCP indique également que les deux tiers des migrants (61,2%) sont
arrivés directement au Maroc de leur pays d’origine, les femmes plus que
les hommes ( 65% contre 58,7%). Près de 38,8% ont déjà vécu dans
d’autres pays pendant trois mois ou plus en dehors de leur pays
d’origine et du Maroc, dont 22,8% dans un seul pays, 10,1% dans deux
pays, 4,2% dans trois pays et enfin 1,8% dans quatre pays et plus.
Concernant
le cout de leur exil, la note du HCP indique que le voyage des migrants
jusqu'au Maroc a nécessité en moyenne 1.940 dollars américains. Le
voyage est plus couteux pour les Syriens (3.760 dollars), les Yéménites
viennent ensuite avec 2.280 dollars), les ressortissants de la RDC
(2.020 dollars) et le moins couteux reste celui des Sénégalais (920
dollars) et des Guinéens (1.040 dollars).
Quant
aux raisons de leur exil, l’enquête du HCP révèle que plus d'un tiers
des migrants (39,1%) ont quitté leur pays pour des raisons liées à la
guerre, l’insécurité et la persécution, 37,9% parmi les hommes et 41%
parmi les femmes. La recherche d’emploi ou à l’amélioration des
conditions de vie viennent en seconde position avec 36,7% (39,9% parmi
les hommes et 32,1% parmi les femmes). Le regroupement familial (mariage
ou rejoindre la famille) est également cité et concerne plus les femmes
(8,9%) que les hommes (1,8%).
Les
principales difficultés nommément citées sont par ordre d’importance,
le manque d’argent avec 17,7%, l’épuisement physique dû à la marche, la
faim et la soif 17,5%, la violence physique et psychologique (13,7%), le
harcèlement sexuel ou viol 7,8% (17,7% parmi les femmes et 1,7% parmi
les hommes), l’arrestation et détention (7,7%) et le refoulement,
expulsion et déportation (6%). 4,3% des femmes ont subi une grossesse ou
un accouchement lors du voyage.
Rappelons que le nombre des réfugiés
dans le monde a doublé en dix ans. En 2020, il y avait 82 millions de
réfugiés au total.
Commentaires
Enregistrer un commentaire
Merci de commenter nos articles