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Antonio Guterres met les ministres des finances du G20 devant leurs responsabilités.

 

Antonio Guterres met les ministres des finances du G20 devant leurs responsabilités.

Pour que la solidarité ne soit pas qu’un vœu pieux !

 

12 Juillet 2021

Tous les pays ont pâti de la pandémie. Les démarches nationalistes à l’égard des biens publics mondiaux comme les vaccins, la durabilité et l’action climatique ne peuvent cependant mener qu’à la ruine.

“Depuis le début de la pandémie de la Covid-19, nous entendons beaucoup parler de solidarité mondiale”, constate le secrétaire général de l’ONU, António Guterres. «Les mots en soi, hélas, ne suffiront pas à mettre fin à la pandémie, ni à limiter l’impact de la crise climatique». Le moment est venu de montrer ce que signifie concrètement la solidarité, souligne-t-il avec force. Au moment où les ministres des Finances du G20 se réunissent à Venise, le secrétaire général de l’ONU ne manque pas de rappeler les grands argentiers du monde «qu’ils font face à trois épreuves cruciales, sur le plan de la solidarité : les vaccins, l’octroi d’une aide économique vitale au monde en développement et les changements climatiques».

Tout d’abord, les vaccins. «Une fracture mondiale sur le plan de la vaccination nous menace tous», dit-il. Alors que la Covid-19 circule parmi les personnes non vaccinées, elle continue de muter en variantes qui pourraient être plus transmissibles ou plus mortelles, voire les deux. Cette situation inquiétante oblige les États à faire la course entre les vaccins et les variantes, si les variantes l’emportent, la pandémie pourrait entraîner le décès de millions de personnes supplémentaires et retarder de plusieurs années la reprise mondiale.

Tandis que 70% des habitants sont vaccinés dans certains pays développés, ce chiffre est inférieur à 1% dans les pays à faible revenu. Pour António Guterres, il n’y a pas d’autre choix : la solidarité signifie garantir rapidement l’accès de toute personne aux vaccins. Les promesses de doses et de fonds sont les bienvenues. Mais soyons réalistes, soulignet- il, Il nous faut non pas un milliard, mais au moins onze milliards de doses pour vacciner 70% de la population mondiale et enrayer cette pandémie. «Ce n’est pas par des dons et de bonnes intentions que nous y parviendrons. Il nous faut mener la plus grande action de santé publique de l’histoire». Le G20, épaulé par les principaux pays producteurs et les institutions financières internationales, doit mettre en place, au plus vite, un plan de vaccination mondial à l’intention de toutes les personnes, partout dans le monde.

La deuxième épreuve, sur le plan de la solidarité, consiste , pour le SG de l’ONU, à «apporter une aide économique vitale aux pays qui sont au bord du défaut de paiement». Les pays riches ont consacré l’équivalent de 28% de leur PIB pour faire front à la crise de la Covid-19. Dans les pays à revenu intermédiaire, ce chiffre tombe à 6,5% et, dans les pays les moins avancés, à moins de 2%.

De nombreux pays en développement subissent désormais des coûts du service de la dette écrasants, à un moment où leurs budgets nationaux sont mis à rude épreuve et où leur capacité de lever des impôts est réduite. La pandémie devrait augmenter de quelque 120 millions le nombre de personnes en situation d’extrême pauvreté dans le monde, plus des trois quarts de ces «nouveaux pauvres» se trouvent dans des pays à revenu intermédiaire. «Ces pays ont besoin d’un coup de pouce pour éviter une catastrophe financière et pour investir dans une reprise solide», ne cesse de répéter António Guterres. Sera-t-il entendu?

Allègement de la dette
Le Fonds monétaire international est intervenu afin d’allouer 650 milliards de dollars en droits de tirage spéciaux, qui est le meilleur moyen d’augmenter les fonds disponibles pour les économies à court de liquidités. Pour le secrétaire général onussien, «les pays les plus riches devraient acheminer les parts inutilisées de ces fonds vers les pays à revenu faible ou intermédiaire. C’est une mesure de solidarité importante».

Le SG de l’ONU se félicite, ainsi , des mesures que le G20 a déjà prises, notamment l’Initiative de suspension du service de la dette et le Cadre commun pour le traitement de la dette. «Néanmoins, elles demeurent insuffisantes », observe-t-il. L’allègement de la dette doit être étendu à tous les pays à revenu intermédiaire qui en ont besoin. Les prêteurs privés doivent également figurer dans l’équation. Enfin, pour António Guterres, «la troisième épreuve, sur le plan de la solidarité, concerne les changements climatiques».

La plupart des grandes économies se sont attachées à réduire à zéro les émissions nettes, d’ici à 2050, conformément à l’Objectif de 1,5 degré de l’Accord de Paris. 

Pour que la COP 26 qui se déroulera à Glasgow, soit un moment charnière, tous les pays du G20 et les pays en développement doivent faire la même promesse.

Les pays en développement ont néanmoins besoin d’être confortés dans leurs ambitions, par l’octroi d’un soutien financier et technique, notamment les 100 milliards de dollars de financement annuel de l’action climatique, qui leur avaient été promis par les pays développés il y a plus de dix ans. Pour le SG des Nations unies, «cette demande est tout à fait raisonnable». Des Caraïbes au Pacifique, les économies en développement se sont vu infliger d’énormes factures d’infrastructures en raison d’un siècle d’émissions de gaz à effet de serre auxquelles elles n’ont pas participé.

La solidarité commence, dit-il, par le versement des 100 milliards de dollars. Elle devrait s’étendre à l’affectation de 50% de l’ensemble du financement de l’action climatique visant l’adaptation, notamment la construction de logements résistants, de routes surélevées et de systèmes efficaces d’alerte rapide permettant de résister aux tempêtes, aux sécheresses et autres phénomènes météorologiques extrêmes. Tous les pays ont pâti de la pandémie. Les démarches nationalistes à l’égard des biens publics mondiaux comme les vaccins, la durabilité et l’action climatique ne peuvent cependant mener qu’à la ruine.

Le SG de l’ONU n’espère finalement qu’une chose de la part du G20 : mettre l’économie mondiale sur la voie de la reprise. Pour lui, les six prochains mois seront décisifs : «ils montreront si la solidarité mondiale va au-delà des mots et se traduit par des mesures véritables». 

 

Et d’ajouter «face à ces trois épreuves fondamentales, en faisant montre de volonté politique et d’un pouvoir mobilisateur guidé par des principes, les dirigeants du G20 peuvent mettre fin à la pandémie, renforcer les fondements de l’économie mondiale et prévenir une catastrophe climatique».

 

 

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