Mohamed Tajeddine Houssaini : "Une confrontation militaire entre le Maroc et l’Algérie serait fatale pour toute la région" !
Mohamed Tajeddine Houssaini : "Une confrontation militaire entre le Maroc et l’Algérie serait fatale pour toute la région" !
Entretien avec Le politologue Mohamed Tajeddine Houssaini
24 Août 2021Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a annoncé, le mardi 24 août 2021, dans la soirée, la rupture des relations diplomatiques avec le Maroc. Votre réaction à chaud ?
C’était prévisible. Je ne suis pas surpris par cette décision qui, je tiens à souligner, n’est pas l’émanation de la présidence algérienne mais de l’institution militaire.
Depuis quelques mois, nous assistons à une escalade contre le Maroc par cette institution depuis l’éclatement du Hirak algérien et surtout après l’arrivée de Saïd Chengriha à la tête de l’armée algérienne. Son arrivée au pouvoir militaire a été le coup de grâce contre toute conciliation éventuelle entre le Maroc et l’Algérie.
Pour l’anecdote, le premier jour où il a été nommé à la tête de l’armée, lors d’une conférence de presse, on lui a posé la question sur la forte augmentation de l’achat d’armement par l’Algérie. Il a répondu que c’était nécessaire pour combattre le terrorisme, mais aussi pour «se préparer vis-à-vis de notre ennemi classique», a-t-il martelé. Le tempo a été ainsi donné.
Est-ce que la rupture des relations diplomatiques avec le Maroc est l’une des dernières étapes dans la stratégie algérienne dont l’objectif ultime est l’éclatement d’une guerre ?
Le problème de la doctrine de cette institution militaire, c’est qu’elle puise sa force et sa puissance dans l’affaiblissement de son entourage. Et le Maroc a été leur bouc émissaire. La rupture des relations diplomatiques avec le Maroc figure dans le cadre d’un scénario bien monté par les généraux pour justifier l’injustifiable dans l’avenir, soit une confrontation militaire qui serait fatale pour tous les pays de la région. Je pense que le Maroc doit être très ferme dans ses positions.
Pourtant, le roi Mohammed VI n’a cessé ces derniers mois de tendre la main à l’Algérie…
Effectivement, que ce soit pour l’ouverture des frontières, pour l’établissement d’un dialogue serein et responsable, ou encore pour l’aide exprimée par le souverain lors des feux de forêt, tous ces messages n’ont pas eu l’écho escompté. Tous les médias du monde entier ont constaté la bonne volonté du Maroc et l’ont salué.
D’ailleurs, pour
démontrer cette bonne volonté, il faut savoir que c’est la première fois
dans l’histoire des relations internationales qu’on donne une
qualification exceptionnelle à deux Etats, à savoir le terme «Gémeaux».
Le roi du Maroc a qualifié les deux pays de gémeaux, c’est plus fort que
«voisins» ou «frères».
Le ministre des Affaires étrangères algérien a tancé le Maroc pour des «propos hostiles tenus par le ministre israélien des Affaires étrangères sur l'Algérie lors d'une récente visite à Rabat», selon lui. Une déclaration surprenante puisque Yaïr Lapid, chef de la diplomatie israélienne n’a tenu aucun propos hostile à l’Algérie…
Il n’a effectivement rien dit d’hostile et n’a pas attaqué l’Algérie comme le prétend le régime algérien. Ils ont peut-être fait allusion à son commentaire sur les relations qu’entretient l’Iran dans la région. Et puis, le Maroc n’est pas responsable des déclarations d’un représentant d’un Etat souverain. Si on nous reproche la normalisation avec Israël, pourquoi l’Algérie a déroulé le tapis rouge au président turc Recep Tayyip Erdoğan qui entretient de bonnes relations avec Israël.
Par ailleurs, c’est l’Algérie qui a poussé le Maroc à opter pour cette stratégie de normalisation afin de protéger ses intérêts vitaux et son intégrité territoriale. ... Le Maroc était obligé de chercher des alliances pour se maintenir.
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