Covid-19 : Regarder derrière soi pour avancer sagement.

 

Covid-19 : Regarder derrière soi pour avancer sagement.

Confucius aurait dit que « l’expérience est une lanterne attachée dans notre dos, qui n’éclaire que le chemin parcouru ». Malheureusement en refusant de penser que l’expérience puisse éclairer devant soi, on s’expose à des déboires. 

C’est ce que font tous les énarques qui nous gouvernent depuis des décennies : ils savent tout, n’ont pas besoin de l’expérience des autres et du passé. Même chose pour les médecins, politiques et autres chefs de cabinets qui décident en matière de covid, point besoin de l’expérience de ceux qui soignent, point besoin d’études pour savoir si on peut donner un traitement précoce, vacciner les enfants, les femmes enceintes, mélanger les vaccins, donner une troisième dose, etc. Ils savent, cela suffit.

Je préfère Léonard de Vinci qui pensait que « l’on est toujours ignorant quand on n’a pas l’expérience », et que « l’expérience est le commencement de la sagesse », ajoutant que « l’expérience ne se trompe jamais, mais que ce sont nos jugements qui se trompent ».

Alors j’ai pris ma petite lanterne pour voir ce qui s’est passé hier, et si cette connaissance pouvait servir demain. Avec Our World in Data, on peut tout faire. J’ai voulu savoir après 18 mois, qui avait bien fait, qui avait moins bien fait, sans préjuger de ce qui a été fait.

Nous avons vu que regarder le nombre de cas est trop dépendant du nombre de tests, alors voyons les décès, indépendant du nombre de test (de plus on ne meurt qu’une fois), en prenant nos voisins (Italie, Espagne, Allemagne, Grande Bretagne), et ceux dont on a beaucoup parlé (Israël, Inde, Asie, Afrique, USA), en limitant à 10 pour ne pas surcharger. Voici la courbe depuis le début de l’épidémie.

On constate de suite qu’entre Afrique/Asie et Europe/USA, le rapport est de 1 à 10 ! Là il faut de suite corriger avec la population, les décès concernant surtout les personnes âgées. Globalement il y a 5 fois moins de plus de 60 ans par rapport à la population dans ces pays. Résultat, non pas 10 mais 2 fois plus de décès. C’est le bilan brut, sans chercher à expliquer, tant il y a de facteurs, ainsi on n’a jamais pu expliquer avec certitudes les différences importantes entre la France et l’Allemagne. Ce n’est pas l’objet du billet, sujet trop vaste et plus basé sur des hypothèses que sur des faits.

Une chose est intéressante dans cette courbe, ce sont les plateaux : il y en a deux : de fin mai à fin septembre en 2020, et de fin avril à juillet 2021, avec redémarrage ensuite, moins fort. Facteur saisonnier avec pause estivale décalée d’un mois ?

Les ascensions de la courbe correspondent aux vagues, les plateaux à une accalmie entre deux vagues. On constate que la seconde vague a été plus grave que la première, avec en fait une seconde et troisième vague qui se sont télescopées. Alpha et beta ont été plus meurtriers que Wuhan à l’origine de la première vague. On constate aussi que la quatrième vague (quatrième pour certains, première ou seconde pour d’autres comme l’Inde), due au variant delta, est beaucoup moins importante. On avait évoqué assez tôt un virus plus contagieux, mais moins virulent. D’autres diront que c’est le vaccin, mais cette vague, très contagieuse, n’a pas entraîné de mortalité importante dans les pays non vaccinés et aux conditions sanitaires moins favorables.

Cette dernière vague due au variant delta est en train de marquer le pas partout. Il est intéressant de suivre ces variants. Voici leur répartition mi-janvier. Les zones grises correspondent aux non séquençages. Alpha partout où on le cherchait, beta qui commence.

Répartition variants 15 janvier 2020

Voici la répartition fin juin, début juillet, avec l’arrivée fulgurante du delta qui pousse dehors alpha et les autres :

Répartition variants 1 juillet 2021

Dès qu’il arrive, sa croissance est extrêmement importante comme le montre cette autre courbe, qui n’est plus celle de la répartition des variants, mais de l’arrivée du delta dans le temps :

Arrivée et croissance du variant delta

Et voici le résultat aujourd’hui : avec cette contagiosité inégalée, le delta a pris la place de tous les autres :

Répartition variant delta mi septembre 2021

C’est un peu comme dans les infections bactériennes, vous n’avez jamais plusieurs bactéries en même temps (sauf souillures de prélèvements avec gênes non pathogènes), il y en a toujours une qui prend le dessus sur les autres.

Le cas de la France est spectaculaire : en juillet, ce variant est passé de 40% des tests à 70% en seulement 15 jours, et 95% 15 jours plus tard.

Son extension, très rapide, a peut-être été responsable de la chute rapide de l’indice de contagiosité, après avoir contaminé rapidement tout ce qui pouvait être contaminé. En effet, le R effectif avait amorcé sa descente annonçant la fin de la vague dès le 19 juillet 2021. On savait que cela allait baisser bien avant que le pass sanitaire et la vaccination obligatoire puissent avoir un quelconque effet. Alors qu’on affiche cette baisse que depuis une dizaine de jours, nous l’avions signalé ici il y a déjà 5 semaines. Vous verrez qu’on vous dira le contraire, mais comme le dit leur pub que l’on peut retourner contre eux : on peut débattre de tout, sauf des chiffres, il n’y a que les chiffres qui ne trompent pas.

Et qu’en est-il du petit dernier, le variant mu, apparu en Colombie ? Il semble peu contagieux ayant du mal à prendre une place dans le monde (près de 150 cas dépistés en France), même s’il est en train de devenir majoritaire en Colombie. Son extension n’a rien à voir avec celle du delta.

Si certains craignaient un virus plus virulent, comme dans cet article de France Info, ce n’est pas ce que montre l’évolution en Colombie, bien au contraire. Plus le mu prend de place, mieux cela va. Voici la courbe de mortalité du pays (superposable au nombre de cas), avec un pic au 1 juillet, il y a bientôt 3 mois. Depuis la baisse est spectaculaire.

Décès Colombie

Situation excellente due au vaccin ? Non, sans doute due au variant. En effet, la Colombie est moitié moins vaccinée que la France, et il parait que le mu serait plus résistant aux vaccins :

Vaccinations Colombie

Si on regarde une fois de plus le passé, on constate que toutes les grandes épidémies virales s’éteignent après 2-3 ans (avec quelques réminiscences). Cela a toujours été le cas, avec ou sans traitements, avec ou sans vaccins. Cela a été le cas pour la grippe espagnole de 1918-1921, comme pour la grippe russe de 1888-1890, plus proche de la nôtre à coronavirus, l’espagnole étant plutôt de type H1N1. Plus loin on a 1847-1848, et plus récemment 1977-1978 (H1N1). Pour ceux que cela intéresse, voici les 15 dernières grandes épidémies depuis le XVIIe siècle : moyenne 2-3 ans.

Est-ce le début des variants de plus en plus faibles, et les 6 à 12 derniers mois de cette pandémie ? L’expérience nous permettrait-elle d’être optimistes ? Nous l’espérons.

Par ZOLA


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