Ces personnalités qui prétendaient être membres de la famille royale marocaine !

Ces personnalités qui prétendaient être membres de la famille royale marocaine !


Dans les années 2000, trois récits de personnes prétendant être de «sang royal» ont défrayé la chronique. 

De Serge-Michel Bena qui se disait fils de Mohammed V à Hicham Mandari en passant par l’Israélienne qui déclarait être la fille d’Hassan II, les rumeurs et les impostures touchant la famille royale s’avèrent un peu plus anciennes.

Le Palais royal à Fès. / Photo d'illustration


Comme d’autres familles régnantes dans le monde, la famille royale marocaine a souvent fait l’objet de rumeurs. Des informations, souvent infondées, qui n’arrivent jamais sur les pages des journaux. 
Mais à travers l’histoire, certaines ont bénéficié d’une couverture médiatique, plus ou moins large, accordant à leurs sources beaucoup plus de crédibilité, même face au manque de preuves.

Si certains Marocains connaissent bien l’histoire du Rogui Bou Hmara, rares sont ceux ayant déjà entendu parler de Serge-Michel Bena, de Hicham Mandari ou encore de l’Israélienne qui prétendait être la fille du roi Hassan II.


Rogui Bou Hmara, le faux-frère de Moulay Abdelaziz !

La plus ancienne personnalité connue qui s’est fait passer pour un membre de la famille royale est sans doute Jilali Ben Driss Zerhouni El Youssefi, alias Rogui Bou Hmara. Né en 1860 au village d'Ouled Youssef dans le nord du massif de Zerhoun et exécuté le 2 septembre 1909, il a été sultan au nord du Maroc pendant 7 ans. Un règne durant lequel les Marocains de plusieurs contrées du nord croyaient qu’il était Moulay M’Hammed, frère de Moulay Abdelaziz.

Ayant travaillé au sein de la cour de Moulay Hassan I, il avait réussi à «imiter, de façon très crédible, Moulay M’Hammed» qui était emprisonné à l’époque par son frère Moulay Abdelaziz.



Rogui Bou Hmara, histoire d'une rébellion avortée !

Profitant de la situation tendue qui régnait à Fès en 1902, Rogui Bou Hmara avait choisi de mener sa révolte contre la dynastie alaouite, se faisant d’abord passer pour un homme de religion puis en tant que Moulay M’Hammed. Moulay Abdelaziz finira même par sortir son vrai frère de prison, pour l’exhiber à l’opinion publique, sans que cela ne change les certitudes des adeptes de Bou Hmara concernant son sang royal.

Mais l’histoire de Bou Hmara prendra fin avec l’arrivée de Moulay Abdelhafid, qui a réussi à capturer l’imposteur vivant avec 400 de ses disciples. Bou Hmara et ses soutiens subiront alors la colère du sultan, avant qu’ils ne soient exécutés le 2 septembre 1909.

Rogui Bou Hmara se faisait passer pour le frère de Moulay Abdelaziz. / Ph. DR






Rogui Bou Hmara, histoire d'une rébellion avortée


Entre 1902 et 1909, il mènera une rébellion dans le Maroc Oriental, profitant de la dissidence au Maroc et les faiblesses du Makhzen pour convaincre les Marocains. Se faisant passer pour le fils aîné de Moulay Hassan 1er, l’histoire de Bou Hmara ou celui ayant réussi à mener la vie dure à Moulay Abdelaziz.
Publié le 04/09/2018 à 22h00
Rogui Bou Hmara lorsqu'il a été ramené à Fès pour être exécuté. / Ph. G.I.
Temps de lecture: 4'


Il est l’un des personnages les plus célèbres de l’empire chérifien. Son histoire, rapporté de génération à génération, n’a pas pourtant trouvé chemin vers les livres d’histoire. Né en 1860 au village d'Ouled Youssef dans le nord du massif de Zerhoun et exécuté le 2 septembre 1909, Jilali Ben Driss Zerhouni El Youssefi, alias Rogui Bou Hmara, a été sultan au nord du Maroc pendant 7 ans. Un règne durant lequel les Marocains de plusieurs contrés du nord croyaient qu’il était Moulay M’Hammed, frère de Moulay Abdelaziz.

Tout a commencé pour ce personnage après avoir décroché le prestigieux diplôme de fin d’étude de l’Université Al Qarawiyyin avant d’être embauché par le sultan Moulay Hassan 1er. «Il effectua d’abord un stage d’officier de l’armée et de cartographe qui était assuré à l’époque par la France», rapporte l’historien Omar Mounir dans son livre «Bou Hmara : l’homme à l’ânesse» (Editions Marsam, 2002). Avec la mort de Moulay Hassan 1er en 1894, le célèbre Vizir Ahmed Ben Moussa alias Ba Ahmed (1884-1908) intervient pour que le fils ainé, Moulay M’Hammed ne soit intronisé. Il choisit plutôt Moulay Abdelaziz. Ba Ahmed emprisonne aussi Jilali Ben Driss pour faux et usage de faux, comme le rapporte C. R. Pennell dans «Histoire du Maroc depuis 1830» (Morocco Since 1830 : A History, éditions C. Hurst & Co. Publishers, 2000).




Un ancien fonctionnaire du Makhzen devenu «sultan» !

Seulement, Rogui Bou Hmara, appelé ainsi pour le fait qu’il se déplaçait souvent et transportait ses livres à dos d’ânesse, aurait «suffisamment appris» du temps passé à la Cour de Moulay Hassan 1er, «pour crédiblement imité Moulay M’Hammed dès sa sortie de prison». «Jilali était un imitateur et un magicien accompli», commente-t-il.

Libéré donc de prison, quelques années après, il se rendra d'abord en Algérie puis retourne à Fès en 1902, dans une ville en ébullition. «Un missionnaire britannique, David Cooper, avait été assassiné lorsqu'il semblait violer la tombe sacrée de Moulay Idriss II. Le tueur s'est réfugié dans le sanctuaire, mais Moulay Abdelaziz l'a piégé pour qu'il sorte avant de le faire assassiner», poursuit C. R. Pennell.


«Jilali (Rogui Bou Hmara) notera la fureur publique que cette traîtrise a inspirée avant de se rendre dans les montagnes et lancer sa révolte. Il se faisait d’abord passer par un homme de religion et comme beaucoup de supposés Mahdis dans le passé, il a parcouru la campagne sur le dos d’une ânesse avant d’obtenir l'appui de membres de tribus crédules.»
Extrait de «Histoire du Maroc depuis 1830»

Jilali Ben Driss se faisait passer pour Moulay M'Hammed, fils aîné de Moulay Hassan 1er. / Ph. DRJilali Ben Driss se faisait passer pour Moulay M'Hammed, fils aîné de Moulay Hassan 1er.

Se faire passer pour Moulay M’Hammed pour régner

C. R. Pennell raconte aussi comment Bou Hmara en confiant à ses disciples son secrêt (frère de Moulay Abdelaziz), il comptait sur la diffusion de la rumeur. Plus tard, il s’autoproclamera sultan du royaume chérifien, soutenu par plusieurs tribus du Maroc oriental. «Iconoclaste, il outragea le pouvoir établi en mobilisant contre le régime les ressources financières et le matériel militaire. Bou Hmara fonda son siège à Kasba de Salouane, une mystérieuse forteresse crée par le sultan My Ismaïl en 1680», raconte Marco Hebdo dans un article datant de 2014.

Mais le sultan Moulay Abdelaziz ne prend toujours pas Bou Hmara au sérieux. Il mobilisera même Moulay Al Kabir, alors très jeune pour s’occuper de l’affaire, ce que le benjamin des fils de Moulay Hassan n’accomplira pas. Parallèlement, le rogui continue à conquérir la région orientale du Maroc, arrivant aux portes de Taza, qu’il occupe avec 15 000 cavaliers armés jusqu’aux dents. Il est désormais proclamé sultan par plusieurs tribus comme les Hayaïna, les Béni Ouaraïn, les Tsoul, les Branes et les Metalsa.

Moulay Abdelaziz

«Si le sultan continue vers Marrakech, Bou Hmara prendra Fès sans aucune difficulté, peut-être sans tirer un coup de feu. Des prières sont dites en son nom dans la mosquée de Taza», écrit le gouverneur de Taza à l’autorité centrale du Makhzen.

Moulay Abdelaziz sortira même de prison son frère Moulay M’Hammed, pour l’exhiber à l’opinion publique, sans que cela ne change les certitudes des adeptes de Bou Hmara. Le sultan chérifien décidera par la suite d’envoyer une armée contre le rogui, mais cette dernière enregistrera sa défaite la plus humiliante, contribuant ainsi à donner plus de légitimité à l’usurpateur de l’identité du fils aîné de Moulay Hassan 1er. «Se réclamant de la famille des alaouites, ses attaques contre la corruption, la désorganisation et l'irréligion du makhzen de Moulay Abdelaziz ont eu un impact puissant», commente C. R. Pennell.

Moulay Abdelhafid. / Ph. DR

Torturé puis exécuté par Moulay Abdelhafid à Fès

En janvier 1903, un nouveau ministre de la guerre est désigné sous Moulay Abdelaziz. El Mennebhi part à l'assault de l’armée de Bou Hmara, enregistrant ainsi une première victoire, puis une deuxième en mai avant de chasser le «pseudo Moulay M’Hammed» de Taza. Bou Hmara s'échapera à l'extrême nord-est pour se réinstaller à la Kasba de Selouane et «règnera encore pour six années».

Le 5 janvier 1908, battu par l’armée de son «autre» frère, Moulay Abdelhafid, Moulay Abdelaziz abdique. Le nouveau sultan est de plus en plus proche des autorités françaises. Celle-ci lui fournit l’aide nécessaire pour faire face à la dissidence.

Bou Hmara à Fès après avoir été capturé.

L’armée de Jilali Ben Driss est alors battue par celle de Moulay Hafid qui venait de mettre fin à la révolte de Rissouni à Tanger. Celui qui prétendait être Moulay M’Hammed est alors capturé vivant avec 400 de ses disciples et transféré à Fès. Seules 160 personnes arriveront vivantes. En pleine capitale du royaume chérifien, Bou Hmara et ses soutiens seront torturés, décapités et exécutés sur les places publiques de la ville de Fès, bien que certaines versions de l’histoire démentent ces traitements inhumains.

Le Gaulois du Dimanche était l'un des journaux ayant affirmé que Bou Hmra a été jeté aux lions.

Finalement, Bou Hmara est exécuté le 2 septembre 1909. Certains évoquant un «dépeçage en public» avant que sa dépouille ne soit «livrée aux fauves» et ensuite «incinérée à Bab Al Mahrouk». D’autres parlent simplement d'une «exécution par balle puis inhumation dans une fosse inconnue» à Fès.



Serge-Michel Bena se disait «fils de Mohammed V»

Son affaire n’éclate qu’en 2001, bien qu’il ait toujours revendiqué être le «fils de Mohammed V». Serge-Michel Bena serait né en 1945 à Casablanca. 

Il portait, à l’époque, le nom de «Abd El Hafid Ibn Mohammed Al Alaoui» et affirmait être le «fruit des amours clandestines d'une employée du palais royal et du roi Mohammed V», rapporte Le Parisien en septembre 2009.

Selon son récit, évoqué également par Slate Afrique en 2013, il aurait été «rapidement exilé du Maroc, envoyé en internat à Thonon-les-Bains en France, dès son plus jeune âge». 

Mais il n’aurait jamais «cessé de revendiquer son statut de fils illégitime», jusqu’au point de l’évoquer dans un roman autobiographique, intitulé «L'Amour fatal d'une Berbère» (Editions La Bruyère, 2001).

Serge-Michel Bena est aussi devenu célère sur fond d’accusations du meurtre d’un commerçant à Casablanca en 1986. Mis en examen puis poursuivi en état de liberté, son affaire connaîtra «une série de rebondissements inouïs», avant qu’il ne soit incarcéré en juin 2009. 

Si son avocat fustigeait une détention «arbitraire», Serge-Michel Bena aurait été «condamné par contumace à la perpétuité en 1996» pour ce même crime, bien que son avocat assurait qu’«aucune pièce de procédure, pas plus que le dossier concernant le meurtre qui lui est reproché, n'a été porté à [sa] connaissance malgré [ses] demandes réitérée».


Une page du journal Le Parisien évoquant cette affaire. / Ph. DR

Hicham Mandari, le «maître chanteur» qui se faisait passé pour le fils d’Hassan II

Son affaire avait agité l’opinion publique au Maroc comme à l’étranger. Hicham Mandari a fait parler de lui à partir des années 2000, lorsqu’il a été assassiné dans la nuit du 3 au 4 août 2004, dans le sud de l'Espagne.

C’est en 1998, après une «jeunesse dorée passée à l'ombre du Palais royal de Rabat dont il connaissait les arcanes» que Hicham Mandari avait fui le Maroc vers les Etats-Unis, sur fonds d’accusations de détournement d’argent à travers des chèques émis par la trésorerie du Palais royal.

«Installé aux Etats-Unis, il finança une campagne publicitaire menaçant de "nuire gravement" aux intérêts de la famille royale par ses révélations», affirmait une dépêche de l’agence Associated Press. Mandari est ensuite «extradé en 2002 vers la France dans le cadre de son implication dans un colossal trafic de fausse monnaie libellée en dinars de Bahreïn».

En France, il avait été notamment mis en examen et incarcéré dans le cadre d'une tentative de «chantage» commise à Paris à l'encontre du milliardaire marocain Othman Benjelloun

Un fait, entre autres, pour lequel Hicham Mandari sera surnommé «le maître chanteur». Il avait été remis en liberté sous contrôle judiciaire par la justice française en juillet 2004, trois semaines avant son assassinat.

Hicham Mandari, que le média français Courrier International qualifiait d’«ancien espion», se faisait d’abord passer pour un «conseiller du roi du Maroc» puis «cousin germain» du roi Mohammed VI, pour enfin se déclarer comme «fils naturel» du roi Hassan II.

Plus d'un an et demi après son assassinat, la Guardia civile espagnole annoncait, en 2006 avoir identifié son assassin. «Il s'agirait d'un autre Marocain, Hamid Bouhadi, alias Aït Mana Hacham, qui serait détenu depuis janvier dans une prison française pour une tentative d'homicide», rapportait Le Monde à l’époque. 

L’exécution d'une balle dans la tête dans le parking d'une résidence proche de Málaga aurait été, selon la police espagnole, le résultat de «différends anciens entre les deux hommes à cause de leurs activités délictuelles». 
Un sort tragique pour quelqu’un ayant emporté avec lui les secrets qu’il menaçait de révéler.


La Une de Maroc Hebdo sur l'assassinat de Hicham Mandari. / Ph. DR

Mais Hicham Mandari n’était pas le seul à avoir prétendu être le «fils» du roi Hassan II. En juillet 2005, une israélienne avait affirmé être la fille du défunt roi.

Des photos d’elle, tenant un portrait d’Hassan II, ont même été publiées par le journal Yedioth Aharonot.

«Vendeuse d'Eilat, âgée de 50 ans, mariée et mère de deux enfants, elle pense qu'elle pourrait très bien être une princesse et fille "illégitime" de feu le roi du Maroc, Hassan II», avait écrit en 2005 le média israélien Walla ! News.





Interview de Hamid Bouhadi à sa sortie de prison "Mandari m'a tuer" !


Interview de Hamid Bouhadi à sa sortie de prison.

"Mandari m'a tuer"
Propos recueillis
•Maroc Hebdo International: Que ressentez-vous à votre sortie de prison?
-Hamid Bouhadi: J'éprouve une joie indescriptible. Il n'y a pas plus beau sentiment que la liberté. Je suis heureux de pouvoir à nouveau bouger comme je veux, me réveiller à ma guise, manger ce que j'aime, parler à qui je désire, respirer le grand air, n'avoir de comptes à rendre à personne…Bref, tout ce qui fait la vie d'un citoyen normal. Sincèrement, je ne souhaite à personne d'être enfermé à l'étroit entre quatre murs. C'est la pire des expériences pour un homme.
•MHI: Est-ce un aveu indirect de repentir?
-Hamid Bouhadi: Non! Je n'ai jamais demandé à être incarcéré et je n'ai d'ailleurs rien fait pour mériter cet emprisonnement. Je viens de perdre 13 mois de ma vie à l'ombre pour un crime que je n'ai pas commis. Je le répète encore une fois à qui veut bien l'entendre. Je n'ai pas tué Hicham Mandari et je n'avais aucune raison de le faire. Je dirais même l'inverse en reprenant une phrase célèbre: «Mandari m'a tuer».
J'ai passé 6 mois à la Prison de la Santé à Paris puis 7 mois au centre pénitencier Alhaurin de La Torre à Malaga, après avoir été extradé de la France vers l'Espagne, le 31 juillet 2006.
Pendant tout ce temps, autrement dit depuis mon arrestation au commissariat du neuvième arrondissement de police de Paris en février 2006, je n'ai pas cessé de clamer mon innocence, mais toutes mes tentatives pour me défendre ont été vaines. Je m'en suis donc remis à Dieu et à mon Roi pour obtenir leur clémence.
Hicham Mandari.
•MHI: Que vient faire SM Mohammed VI dans votre affaire?
-Hamid Bouhadi: J'ai, à plusieurs reprises et à chaque fois que l'occasion se présentait, essayé de solliciter l'attention de Sa Majesté sur mon sort, car je sais que c'est un homme de droit, un monarque qui n'aime pas l'injustice. Je n'en suis pas totalement sûr, mais j'ai comme l'impression que c'est SM Mohammed VI qui est intervenu pour ma libération. Je suis marocain, monarchiste, j'aime mon Souverain, je ne l'ai pas trahi et je ne le trahirai jamais. Hicham Mandari, lui, ne m'inspirait pas confiance. D'ailleurs, dès notre première rencontre, en mai 1996, je ne l'ai pas "senti".
•MHI: On vous accuse tout de même de l'avoir tué…
- Hamid Bouhadi : Encore une fois, pour quel mobile l'aurais-je fait?
•MHI: Pour le différend d'argent qui vous opposait.
-Hamid Bouhadi: J'avais effectivement un litige matériel avec Hicham Mandari, mais pas au point de vouloir atteindre à sa vie.
Les autorités espagnoles qui m'ont injustement accusé d'avoir assassiné Mandari et la juge d'instruction Sandra Coralles, du tribunal de Fuenjirola, chargée de mon dossier, n'ont d'ailleurs, à ce jour, aucune preuve ou témoignage qui puisse établir clairement et sans aucun doute possible ma culpabilité dans cette affaire. Je suis tout simplement victime d'une terrible machination politico-judicaire.
•MHI: Qui alors, selon vous, a bien pu assassiner Mandari ?
-Hamid Bouhadi: Je l'ignore totalement, mais il ne faut pas oublier que Hicham Mandari baignait dans un obscur milieu mafieux. Il a probablement voulu jouer avec le feu, se mesurer à plus fort que lui, mais il s'y est fatalement brûlé les ailes.
•MHI: Vous attendiez-vous à être libéré?
-Hamid Bouhadi: Je l'ai su 15 jours à l'avance lorsque mon avocat, Maître Garcia Montés, m'a laissé entendre que je pourrais recouvrer ma liberté provisoire, le lundi 19 février 2007, en échange d'un caution de 90.000 euros.
•MHI: Vous avez donc été libéré sous caution?
-Hamid Bouhadi: Non, je n'ai pas déboursé le moindre centime. Il s'agit là d'une autre preuve de mon innocence. La juge d'instruction du tribunal de Fuenjirola en charge de mon affaire a estimé que je n'avais pas à verser de caution, mais que je resterai en revanche sous contrôle judiciaire. La caution a donc été finalement annulée.
•MHI: Vous êtes donc tenu de ne pas quitter Malaga ?
-Hamid Bouhadi : Pas du tout. Je suis libre de mes mouvements, mais j'aurai, une fois de retour à Paris, à me présenter à l'ambassade d'Espagne qui déterminera comment le contrôle judiciaire s'exercera.
•MHI: On vous a donc remis votre passeport?
-Hamid Bouhadi: Non, pas pour l'instant, mais on me le donnera dans une dizaine de jours. D'ailleurs, j'ai besoin de me reposer ici même, à Malaga, et de pouvoir méditer sur beaucoup de choses.
•MHI: Avez-vous un passeport français?
-Hamid Bouhadi: Non, j'ai un passeport marocain et j'en suis très fier. D'ailleurs, à ma sortie de Alhaurin de La Torre, j'ai tenu à franchir le seuil du pénitencier avec un drapeau marocain à bout de bras, que j'ai brandi en clamant haut et fort «Vive le Roi!». J'ai crié aux yeux du monde mon allégeance à SM Mohammed VI. N'en déplaise aux adversaires de mon pays.
•MHI: Ne faites-vous pas un de l'excès de zèle?
-Hamid Bouhadi: Je dirais plutôt que je n'en fais pas assez. Le Maroc est mon pays, c'est la terre qui m'a vu naître et grandir, j'y suis viscéralement attaché.
•MHI: Qu'attendez-vous alors pour rentrer au Maroc ?
-Hamid Bouhadi: Hélas, mille fois hélas, je ne peux pas rentrer au Maroc car j'y fais l'objet d'un avis de recherche pour une prétendue détention illégale de devises (140.000 dollars américains) que la police a découverts et saisis chez ma tante Yamna, à Sidi Maârouf, à Casablanca, en septembre 1997. Il s'agissait en fait d'une partie des 2.400.000 dirhams que devait me rembourser Hicham Mandari. Celui-ci, avec lequel je m'étais réconcilié quelque temps après en présence de témoins, m'avait promis de me rembourser le reste de la dette et même la somme qui avait été saisie par les autorités marocaines. Nous n'étions plus en conflit. Voilà qui montre encore une fois mon innocence.
•MHI: Puisque vous en êtes si convaincu, qu'est-ce qui vous empêche de venir vous expliquer devant la justice de votre pays ?
-Hamid Bouhadi: Je vous rappelle que, durant mon séjour à la prison de Malaga, les Marocains avaient demandé mon extradition, mais la justice espagnole a refusé. Ceci dit, je me présenterais volontiers devant un tribunal de mon pays si j'ai la garantie de SM Mohammed VI qu'on me donnera la possibilité entière et inconditionnelle de me défendre.
•MHI: SM Mohammed VI… en personne !
-Hamid Bouhadi: Oui. SM Mohammed VI est le Père de la Nation, le garant de la liberté de tout citoyen marocain. Alors, encore une fois, je me tourne vers mon Souverain, car c'est en son nom que la justice marocaine se prononce.
•MHI: Comment comptez-vous vivre une fois rentré à Paris ? 
Allez-vous reprendre vos sombres activités ?
-Hamid Bouhadi: Je le dis solennellement, je me suis définitivement rangé et assagi. 
Certes, j'ai de l'argent, je n'ai pas du tout à me plaindre de ce côté-là, mais, désormais, je travaillerai honnêtement, comme n'importe quel citoyen lambda, pour gagner ma vie. 
Pour ceux qui doutent de ma parole, je peux affirmer d'ores et déjà que je serai salarié chez un ami juif tunisien, qui fait dans les téléphones mobiles et les télévisions à écran plasma.
Je vais me réinstaller tranquillement dans mon appartement parisien en attendant mon retour au Maroc, où vit ma famille. 
Et, parmi elle, ma mère adorée, la première personne que j'ai appelée dès ma sortie de prison.
•MHI: Le "patriote invétéré" que vous êtes, n'est-il pas tenté par un retour définitif au bercail ?
-Hamid Bouhadi : Si, c'est même mon souhait le plus cher et celui de ma fiancée Nassima, une jeune Algérienne que je compte épouser très prochainement. Ma dulcinée tient d'ailleurs à célébrer nos noces au Maroc. Vous voyez, je milite même pour le rapprochement entre nos deux pays, le Maroc et l'Algérie !

Mais, en attendant, je vais me régaler de poisson dans tous les bonnes tables de Puerto Banus, avec une petite pensée pour Madame Chehrazad Fechtali, la maman de Mandari à qui j'enverrai bientôt une sincère lettre de condoléances et un beau bouquet de lilas.

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