Meurtre de Jamal Khashoggi : Incertitudes autour de l’arrestation en France d’un membre présumé du commando !


Meurtre de Jamal Khashoggi : Incertitudes autour de l’arrestation en France d’un membre présumé du commando !

Un homme, soupçonné d’être impliqué dans l’assassinat du journaliste saoudien en 2018, a été interpellé alors qu’il s’apprêtait à prendre un vol pour Riyad. Il y a une « erreur sur [son] identité » a toutefois signalé un représentant saoudien.

Le Monde avec AFP


Un membre présumé du commando impliqué dans l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, en 2018, à Istanbul (Turquie), aurait été interpellé, mardi 7 décembre, à l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle et placé en rétention judiciaire, a appris l’Agence France-Presse (AFP) de sources judiciaire et aéroportuaire.

Toutefois, un doute subsiste sur l’identité de la personne arrêtée, son patronyme étant très courant en Arabie saoudite. Il n’est pas encore certain que le voyageur interpellé à Roissy soit un membre du commando d’Istanbul. Il y a une « erreur sur l’identité » de l’homme arrêté, a déclaré dans la soirée un représentant saoudien à l’agence de presse Reuters.

L’ambassade d’Arabie saoudite à Paris a assuré, mardi soir, que l’homme interpellé n’avait « aucun lien » avec l’assassinat de Jamal Khashoggi et a demandé sa « libération immédiate », dans un communiqué publié sur Twitter. « La justice saoudienne a rendu son verdict envers les coupables » et « ces derniers purgent actuellement leurs peines », ajoute l’ambassade.

Un homme nommé Khalid Alotaibi, 33 ans, a été interpellé à 9 h 20 alors qu’il s’apprêtait à embarquer à bord d’un vol pour Riyad, capitale de l’Arabie saoudite. Selon les informations du Monde, la police aux frontières l’a passé au fichier des personnes recherchées. La requête correspondait avec une notice rouge d’Interpol. Un homme portant ce patronyme était en effet recherché en France en vue d’une extradition à la demande des autorités turques.
Vérifications d’identité

Comme le veut la procédure dans un tel cas, l’homme a été placé en rétention judiciaire, une forme de garde à vue qui peut être mise en place quand il existe un mandat d’arrêt, et qui peut durer jusqu’à quarante-huit heures.

Cette rétention judiciaire, qui a lieu actuellement dans l’enceinte de l’aéroport, doit permettre, par des vérifications approfondies – notamment le relevé de ses empreintes – de s’assurer que l’homme est bien celui qui est soupçonné d’avoir fait partie du commando, c’est-à-dire qu’il n’y a pas erreur sur la personne. Si cette identité est confirmée, il sera présenté au parquet général près la Cour de cassation, qui gère, en France, les extraditions.


Une fois présenté à un juge, il peut accepter d’être extradé vers la Turquie. Dans ce cas, la justice française pourra demander à ce qu’il reste en France, libre, sous contrôle judiciaire ou sous écrou extraditionnel, le temps qu’Ankara fasse une demande d’extradition. D’ici à quelques semaines, la cour d’appel devrait alors statuer sur une telle requête.
Procès opaque en Arabie saoudite

Collaborateur du Washington Post et critique du régime saoudien après en avoir été proche, Jamal Khashoggi a été assassiné dans les locaux du consulat de son pays à Istanbul, le 2 octobre 2018, par un commando d’agents venus d’Arabie saoudite. Il était âgé de 59 ans au moment de sa mort et son corps, démembré sur place, n’a jamais été retrouvé.

Cette interpellation survient trois jours après la rencontre très attendue entre Emmanuel Macron et le prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salman, dit « MBS », désigné par des responsables turcs et américains comme le commanditaire de l’assassinat.
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Cette affaire avait plongé l’Arabie saoudite dans l’une de ses pires crises diplomatiques et terni l’image du prince héritier. Après avoir nié l’assassinat, Riyad avait fini par dire qu’il avait été commis par des agents saoudiens ayant agi seuls.

« Nous avons parlé de tout sans aucun tabou. Et nous avons pu évoquer évidemment la question des droits de l’homme », avait déclaré Emmanuel Macron lors de son passage en Arabie saoudite. « Les prochaines semaines et les prochains mois nous permettront de voir si nous avançons sur ce sujet. » 
Le chef de l’Etat avait justifié sa rencontre avec le prince héritier, l’une des premières pour un dirigeant occidental depuis cette affaire, parce que « le dialogue avec l’Arabie saoudite est une nécessité » en raison de son « poids démographique, économique, historique et religieux ».

A l’issue d’un procès opaque en Arabie saoudite, cinq Saoudiens ont été condamnés à mort et trois condamnés à des peines de prison – les peines capitales ont depuis été annulées et commuées en des peines allant jusqu’à vingt ans de réclusion.
 

* Photo en haut : Le journaliste saoudien Jamal Khashoggi, assassiné le 29 janvier 2011.
 
 
 
 
 

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