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Stratégies sectorielles ! Pourquoi ont-ils échoué ?

 

Stratégies sectorielles ! Pourquoi ont-ils échoué ?

  
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Tourisme : VISION 2020

Intitulée « Vision 2020 », la stratégie touristique nationale vise à faire du tourisme l’un des moteurs de développement économique, social et culturel et affiche l’ambition de faire partie des 20 plus grandes destinations mondiales pour s’imposer comme une référence du pourtour méditerranéen en matière de développement durable, grâce à un modèle touristique unique, qui combinera une croissance soutenue avec une gestion responsable de l’environnement et le respect de l’authenticité socioculturelle.

Cette ambition est portée par trois principaux objectifs stratégiques: doubler la capacité d’hébergement touristique, avec la construction de 200 000 nouveaux lits; doubler le nombre des touristes, en doublant la part de marché du Maroc sur les principaux marchés européens traditionnels et en attirant 1 million de touristes issus des marchés émergents; et enfin tripler le nombre de voyages domestique.

Cette stratégie trouve sa force dans trois principaux fondements: une politique d’aménagement territorial de l’offre touristique, garante de la diffusion des bénéfices du tourisme et du développement socio-économique de toutes les régions du Royaume; une nouvelle structure de gouvernance, à même d’apporter la dynamique et le leadership nécessaires; et enfin une démarche intégrée de développement durable, respectueuse de l’environnement et de l’authenticité socioculturelle.

Le dispositif stratégique d’accompagnement prévoit des programmes structurants diversifiant le portefeuille de produits, un dispositif intégré de développement d’un tourisme durable, un plan de promotion et une desserte aérienne en adéquation avec l’ambition des territoires, des mesures de soutien pour une dynamique d’investissement soutenue et durable, un plan de valorisation du capital humain et de formation d’excellence et une stratégie pour la compétitivité du secteur et la professionnalisation des acteurs de la chaîne de valeur touristique.


Agriculture : PLAN MAROC VERT

Lancé en 2008, le Plan Maroc Vert est une stratégie ambitieuse qui s'est fixé pour objectif d'ériger le secteur agricole en véritable levier du développement socio-économique au Maroc, à travers l’accélération de la croissance, la réduction de la pauvreté et la consolidation de l’intégration de l’agriculture aux marchés national et international.

Cette stratégie est déclinée autour de sept fondements:

  • Faire de l'agriculture le principal levier de croissance sur les 10 à 15 prochaines années (augmentation du PIB agricole, création de 1,5 Millions d'emplois supplémentaires, amélioration du revenu agricole et accroissement de la valeur des exportations).
  • Adopter l'agrégation comme modèle d'organisation de l'agriculture (nouveau système de subvention, accès préférentiel au foncier, au financement et aux avantages de l’interprofession, mise en place d’un fonds de garantie de l‘investissement)
  • Assurer le développement de l'agriculture Marocaine dans son ensemble sans exclusion (développement d'une agriculture moderne et à haute valeur (Pilier I) et accompagnement solidaire de la petite agriculture (Pilier II))
  • Promouvoir l'investissement privé accompagné de l’aide publique (drainer un investissement annuel de 10 millions de Dirhams autour d’une Offre Maroc ciblée)
  • Adopter une approche contractuelle pour réaliser le Plan Maroc Vert (réalisation de 1500 projets concrets)
  • Pérenniser le développement de l'agriculture Marocaine (intégration à la dimension «Changement climatique » au niveau de la conception des projets, reconversion de près de un Million d'hectares de céréales vers les plantations fruitières qui sont de nature à protéger les espaces agricoles, appui à l'utilisation des systèmes d'irrigation à économie d'eau, appui au développement de l'utilisation des énergies renouvelables)
  • Préparer la refonte du cadre sectoriel (nouvelle politique foncière, nouvelle politique de l’eau, fiscalité, modernisation du marché national, accompagnement, suivi et évaluation).

Afin de conforter le leadership du Maroc dans le domaine agricole, une nouvelle stratégie agricole vient d’être adoptée en février 2020 : baptisée « Génération Green » avec une feuille de route qui s’étale jusqu’en 2030.

« Génération Green » devrait permettre à l’agriculture marocaine de devenir bien plus performante. L’objectif principal reste de doubler la part du secteur dans le PIB du royaume, qui s’établit pour l’heure à 12,3%. Il s’agit également d’alléger la balance commerciale en exportant plus, et plus de produits à haute valeur ajoutée : la valeur des exportations agricoles doit ainsi passer de 34,7 milliards de dirhams en 2018 à 60 milliards en 2030. Par ailleurs, un million d’hectares de terres collectives seront mobilisés, devant créer quelque 350 000 nouveaux emplois.


Industrie : PLAN D’ACCÉLÉRATION INDUSTRIELLE

Axée sur la relance industrielle, la stratégie « Émergence 2009-2015 » a fait l’objet d’un contrat-programme mobilisant et coordonnant les actions de l'Etat et des opérateurs économiques, en vue de construire un secteur industriel fort.

La nouvelle stratégie industrielle, dite « Plan d’accélération industrielle 2014-2020 » capitalise sur les réalisations accomplies et garde le cap des Métiers Mondiaux du Maroc tout en intégrant les autres filières classiques du tissu industriel national, tels que le textile et le cuir. Ce plan fixe dix mesures clefs, regroupées en trois blocs :

  1. Le premier bloc de mesures a pour objectif principal de réduire l’atomisation sectorielle et de construire une industrie mieux intégrée, dont les logiques d’écosystèmes constituent le point d’ancrage et le levier principal. Seront favorisés les écosystèmes autour d’entreprises locomotives pour créer une nouvelle dynamique et une nouvelle relation entre grands groupes et PME, afin qu’une fertilisation croisée puisse se mettre en place.
  2. Le second bloc de mesures porte sur la mise en place d’outils de soutien afin d’améliorer la compétitivité des PME, en leur offrant un accès aux investisseurs, au financement et aux marchés. Le dispositif financier fait l’objet d’un programme spécifique, qui inclut la création du Fonds de Développement Industriel, doté d’une enveloppe de 20 milliards de Dirhams.
  3. Le troisième bloc de mesures vise à renforcer l’attractivité des Investissements Directs Étrangers, à travers la mise en place d’une équipe, qui s’appuiera sur des professionnels de l’intermédiation et des experts par métier, chargée de 20 prospects stratégiques. Etant donné que l’amplification de la vocation africaine du Royaume est aujourd’hui un objectif clairement poursuivi, le plan industriel se propose de la décliner pour privilégier les partenariats Sud-Sud, et agir dans l’optique de création de valeur partagée.

L’ensemble de ces mesures, visent la création de 500 000 emplois, et l’accroissement de la part industrielle dans le PIB de 9 points, passant de 14% à 23% en 2020.

Afin de consolider les acquis réalisés dans le cadre de la 1ère phase du Plan et leur généralisation à toutes les régions, en intégrant les PME et en mettant l’industrie au cœur des transformations technologiques, une réflexion est en cours actuellement axée sur la 2e génération du plan  d’accélération Industrielle PAI 2021-2025.

Ce nouveau plan, qui sera élaboré et mis en œuvre en partenariat avec les régions, repose sur des axes liés au renforcement et à l’intégration du capital marocain dans l’Industrie et à l’encouragement de la création de nouveaux secteurs pour la promotion de la commercialisation et des produits, en mettant l’accent sur la dimension régionale, en vue de garantir le développement industriel à l’échelle nationale.

Il vise également à développer la recherche et l’innovation et à promouvoir les capacités technologiques et ce, à travers le lancement de nouveaux systèmes orientés vers l’avenir et l’adoption de nouveaux modes de production de la 4e génération d’industrialisation, ainsi que la protection des ressources naturelles du Maroc.


Logistique : STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ LOGISTIQUE

Le développement du secteur de la logistique a été identifié comme une priorité stratégique dans le processus de renforcement de la compétitivité de l’économie marocaine. La nouvelle stratégie de compétitivité logistique vise le positionnement du Maroc sur les principaux flux logistiques et permet de répondre aux besoins logistiques des différentes stratégies sectorielles lancées ou en cours de mise en œuvre au niveau national.

Les impacts généraux de la nouvelle stratégie se rapportent à :

  • La réduction des coûts logistiques du Maroc au profit des consommateurs et de la compétitivité des opérateurs économiques à travers une gestion optimisée, sécurisée et massifiée des flux de marchandises (coûts logistiques à l’import/export et dans les réseaux de distribution interne).
  • L’accélération de la croissance du PIB par l’augmentation de la valeur ajoutée induite par la baisse des coûts logistiques notamment à travers l’émergence d’un secteur logistique compétitif avec des acteurs logistiques intégrés et des plateformes de services performants considérées comme de véritables centres de concentration et de création de valeur ajoutée logistique.
  • La contribution du secteur logistique au développement durable du pays, à travers la réduction des nuisances.

Pour atteindre les objectifs généraux visés ci-dessus, la mise en œuvre de la nouvelle stratégie logistique du Maroc s’articule autour de cinq axes clés :

  • Développement et mise en œuvre d’un réseau national intégré de Zones Logistiques Multi-Flux ;
  • Optimisation et massification des flux de marchandises ;
  • Mise à niveau et incitation à l’émergence d’acteurs logistiques intégrés et performants ;
  • Développement des compétences à travers un plan national de formation dans les métiers de la logistique ;
  • Mise en place d’un cadre de gouvernance du secteur et de mesures de régulation adaptées.


Commerce : PLAN RAWAJ

Le plan de développement du commerce et de la distribution, intitulé « RAWAJ » a pour objectif d’organiser et de dynamiser ce secteur pour en faire un levier d’investissement et de développement socioéconomique. Articulée autour de trois axes principaux, la stratégie vise l’équilibre du maillage commercial, l’attractivité de l’appareil commercial et la diversification de l’offre des produits.

Figure au premier axe de ce plan l’organisation des espaces à travers une politique d’urbanisme commercial basée sur un processus de planification d’équipement commercial en fonction des critères socio-économiques, sur une cohérence entre les pôles commerciaux et les formes de distribution et sur des mesures contrant la spéculation en matière du foncier et de locaux commerciaux. Cet axe a également pour ambition d’encourager de nouvelles formes de distribution à travers le développement de zones d’activités commerciales accessibles, l’accompagnement de l’essor du commerce à distance et le développement de marques nationales, pouvant cibler l’ensemble des segments de consommateurs (franchises, hard discount,…).

Le deuxième axe soutient la modernisation du commerce de proximité (création du Fonds RAWAJ d’une envelopper de 900 millions de Dirhams), la promotion des pôles commerciaux urbains (Médinas, nouveaux quartiers) et l’organisation du commerce non sédentaire (espaces commerciaux aménagés et dédiés, souks ruraux, …).

Enfin, le troisième axe propose une offre adaptée aux besoins de tous les consommateurs, en termes d’approvisionnement en produits frais (schéma national d’orientation des marchés de gros des fruits et légumes) et d’accessibilité des produits manufacturés (restructuration des circuits de distribution de ces produits à travers la réorganisation du jeu des acteurs et la réduction du nombre d’intermédiaires).

Des axes transverses accompagnent la mise en œuvre de la stratégie : une protection sociale pérenne pour les commerçants, une offre de formation adaptée aux besoins du secteur, une protection du consommateur efficace, une représentation professionnelle forte, ainsi qu’un dispositif de veille et de statistiques favorisant la transparence du secteur.

Énergies Renouvelables : STRATÉGIE ÉNERGÉTIQUE 2030

La stratégie énergétique repose sur une vision prospective dont l’objectif est de garantir la sécurité énergétique du pays à travers la diversification des sources d‘énergie nationales, par le recours à des énergies alternatives. Elle vise également l’accès généralisé à l’énergie à des prix compétitifs et l’appropriation des technologies avancées promouvant l’expertise ainsi que la préservation de l’environnement, de la sécurité et de la santé des citoyens.

Pour atteindre ces objectifs, la stratégie énergétique a fixé des orientations stratégiques basées sur:

  • Un mix électrique optimisé autour de choix technologiques fiables et compétitifs (un plan d’implantation de puissances électriques additionnelles de base sera mis en oeuvre à partir du charbon propre et à haut rendement) ;
  • La montée de la part des énergies renouvelables (développement de l’éolien, réalisation de centrales solaires, renforcement de la biomasse, mobilisation du potentiel hydroélectrique) ;
  • L’efficacité énergétique (création d’une Agence dédiée, réforme du code du bâtiment, développement de villes vertes, incitation à la cogénération dans les processus industriels, rajeunissement du parc de transport) ;
  • La mobilisation des ressources nationales (optimisation de l’utilisation du gisement hydrique, veille proactive sur les technologies nucléaires et lancement d’une étude de faisabilité pour la construction de centrales nucléaires, intensification de l’exploration pétrolière, combustion directe des schistes bitumineux pour la génération électrique et la production d’hydrocarbures, investigation permanente de technologies plus adaptées à l’exploitation du potentiel de la biomasse, recherche de sites favorables au développement de la géothermie) ;
  • L’intégration régionale (extension des interconnexions électriques avec l’Espagne et l’Algérie, insertion dans la boucle électrique méditerranéenne, intégration du Plan Solaire Méditerranéen) ;
  • L’équilibre entre la production nationale et les importations de l’énergie (construction de capacités de stockage portuaires sur les différents ports du pays, neutralité fiscale pour les produits énergétiques en termes des droits d’importation, de la taxe intérieure de consommation et autres pour les produits énergétiques importés, octroi d’une fiscalité incitative pour les énergies de substitution par l’exonération des droits et taxes à l’import et sur les équipements et les composantes nécessaires à la production des énergies renouvelables et à la promotion de l’efficacité énergétique ;
  • L’équilibre entre la production nationale et les importations de l’énergie (construction de capacités de stockage portuaires sur les différents ports du pays, neutralité fiscale pour les produits énergétiques en termes des droits d’importation, de la taxe intérieure de consommation et autres pour les produits énergétiques importés, octroi d’une fiscalité incitative pour les énergies de substitution par l’exonération des droits et taxes à l’import et sur les équipements et les composantes nécessaires à la production des énergies renouvelables et à la promotion de l’efficacité énergétique.


Halieutique : PÊCHE MARITIME

Le Maroc figure parmi les pays les plus compétitifs dans les exportations mondiales des produits de la pêche. La Zone Economique Exclusive se caractérise par une grande diversité des ressources présentes (500 espèces dont 60 exploitées) faisant du Maroc un leader sur le marché international de la sardine en conserve, avec une part de marché à l’export de plus 40 %.

La Stratégie de développement et de compétitivité du secteur halieutique, dite « Halieutis » a pour objectif global de construire une pêche durable et compétitive, qui valorise le patrimoine halieutique du pays et qui fait du secteur un véritable moteur de croissance de l'économie marocaine.

Encourageant une véritable intégration amont-aval et visant l’amélioration de la coopération entre tous les acteurs pour une co-gestion effective du secteur, la stratégie Halieutis s’articule autour de trois axes majeurs:

  • Durabilité : Assurer la pérennité des ressources et faire des pêcheurs les premiers acteurs d’une pêche responsable
  • Performance : Organiser et outiller le secteur pour une qualité optimale, du débarquement (transparence tout le long de la chaîne de valeur) à la commercialisation (mécanismes de mise en vente sur les marchés efficients)
  • Compétitivité : Valoriser les produits sur les marchés porteurs en assurant la disponibilité et la régularité d’une matière première de qualité

La mise en œuvre de cette stratégie repose sur cinq outils clés liées à des fonctions transversales de gouvernance, de financement, de promotion et de développement, de veille technologique et de formation:

  • Le Comité National de la Pêche sur le plan
  • Le Fond pour l’Ajustement et la Modernisation de l’Effort de Pêche
  • L’Agence pour le Développement de l’Aquaculture
  • Le Centre de Valorisation des Produits de la Mer
  • L’Observatoire de l’Emploi du Secteur Halieutique


Ports : STRATÉGIE PORTUAIRE À L’HORIZON 2030

Maillon clé des chaînes logistiques des échanges externes, les ports du Maroc constituent un levier important du développement dont la performance joue un rôle majeur.

La nouvelle stratégie portuaire nationale à l’horizon 2030 vise l’accompagnement de l’évolution de l’économie en anticipant la demande en infrastructures portuaires et en intégrant davantage le Maroc à la compétitivité mondiale.

La stratégie d’aménagement du paysage portuaire répond à des enjeux multiples, qui portent sur :

  • L’optimisation de la compétitivité de la chaîne logistique et la valorisation des ressources ;
  • La garantie de la sécurité des approvisionnements stratégiques ;
  • L’accompagnement des mutations économiques ;
  • Le renforcement de la capacité d’adaptation du système portuaire aux changements régionaux et internationaux en vue de saisir les opportunités géostratégiques.

Cette vision a pour objectif global la consolidation de la part de marché du commerce international maritime et des croisières via l’intégration du système portuaire dans le réseau de transport régional. Elle définit une offre intégrée et en adéquation avec la demande portuaire, composée de six pôles intégrés géographiquement, tirant partie des grands projets structurants et valorisant les avantages comparatifs de chaque région:

  • Le pôle de l’Oriental tourné vers l’Europe et la Méditerranée et notamment le Maghreb ;
  • Le pôle du Nord-Ouest, porte du Détroit avec Tanger ;
  • Le pôle de Kenitra-Casablanca qui regroupe notamment deux ports, Mohammedia et Casablanca, au sein d’une même conurbation ;
  • Le pôle Abda – Doukkala, centre de l’industrie lourde, avec Jorf et Safi ;
  • Le pôle du Souss – Tensift, avec le complexe portuaire d’Agadir ;
  • Le pôle des Ports du Sud regroupant 3 ports : Tan Tan, Laâyoune, et Dakhla.
 
 

Modèle de développement : Pourquoi les plans sectoriels ont-ils échoué ?

L’un des enseignements les plus élémentaires dans un cours de stratégie est le processus de planification. Celui-ci commence par une bonne compréhension de l’environnement externe et interne de l’entité, la fixation d’objectifs à moyen et à court termes, l’affectation des ressources aux activités et la planification des actions à mener.

En phase d’exécution, on met en place un système de suivi à double niveau : avancement dans la réalisation de ce qui a été planifié et résultats produits par les actions mises en œuvre, et ce, conformément aux objectifs. C’est à peu près ce qui a été fait au Maroc dans le cadre des plans sectoriels, et qui a malheureusement produit des résultats pour le moins décevants (constatés par le sommet de l’État). L’échec du Plan Azur pour le développement du tourisme en est la parfaite illustration. 

Qu’est-ce qui s’est passé ? Où avons-nous failli ? Le premier facteur explicatif de cet échec réside dans ce que les économistes appellent la dotation factorielle en moyens de production. Derrière cette phrase un peu pompeuse se cache une idée fort simple. 

En effet, il ne peut y avoir de croissance dans un secteur que si on lui affecte une dotation factorielle en bonne quantité et de bonne qualité. Par dotation factorielle, il faut entendre les facteurs qu’on injecte dans le processus de production, à savoir les ressources naturelles, le capital et le travail. Certains économistes ajoutent un quatrième facteur qu’est le capital humain ou l’entrepreneuriat. 

Or, si un pays n’arrive pas à mettre à la disposition de ses secteurs productifs cette dotation factorielle de qualité, sa planification, aussi créative et audacieuse soit-elle, restera lettre morte. À titre de comparaison, il ne servira strictement à rien pour une entreprise d’élaborer les meilleures stratégies, si son personnel n’est pas compétent et motivé ou si son appareil de production est désuet. Les pays qui ont réussi leur décollage économique, en moins de deux décennies faut-il le rappeler, ont d’abord réglé ce problème. Un pays aux ressources, somme toute, limitées comme le Maroc ne doit pas éparpiller ses efforts dans des plans voués à l‘échec, car il manque cet ingrédient de base. Dans ces conditions, le succès relève plus de l’action du secteur privé que du génie planificateur de l’État.

Le deuxième facteur explicatif des maigres résultats des différents plans sectoriels est la faiblesse de leur dimension institutionnelle. Quand l’État a l’ambition d’intervenir aussi massivement dans l’économie comme c’est le cas chez nous, il doit le faire à deux conditions. La première est d’assainir et de moderniser son appareil de fonctionnement, par une dotation institutionnelle de qualité. La mise en place d’institutions fortes, indépendantes et dont les pouvoirs sont répartis de telle manière à ce qu’aucun pouvoir n’écrase les autres est la condition nécessaire à la réussite de l’État dans sa mission de stratège. 

En d’autres termes, «à chaque pouvoir doit correspondre un contre-pouvoir, aux mêmes pouvoirs». La deuxième condition est l’agilité, l’Etat voulant orienter l’économie ne peut le faire efficacement que s’il a un appareil réduit à sa plus stricte expression et n’exerçant pas un effet siphon prélevant tout ce que l’économie crée comme richesses. Si ces deux conditions ne sont pas satisfaites, il s’opère un décalage mortel entre ceux qui planifient, ceux qui exécutent et ceux qui dépensent. D’où un éparpillement des efforts et donc une dilution des responsabilités.

Le troisième facteur tient au rôle de l’État dans le processus de planification. Autrement dit, planification et décision sont synonymes, complémentaires et non mutuellement exclusives. L’agent qui planifie une activité doit pouvoir décider des ressources à lui affecter. Mais, à partir du moment où l’Etat ne détient plus les moyens de production (une période révolue fort heureusement depuis la chute du communisme), car dans une économie de marché ces moyens de production sont détenus par le secteur privé, quelle est l’efficacité de l’action planificatrice ? Ceux qui ne détiennent pas décident (État) et ceux qui détiennent appliquent (Privé). On comprend aisément que c’est la voie la plus rapide de l’échec. 

Car penser qu’il suffit d’échafauder un plan pour que ce dernier réussisse est une vue de l’esprit proche du fantasme. Le succès est dans l’exécution. Le plan reste une construction abstraite, c’est la bonne planification de l’exécution qui assure l’atteinte des objectifs. Enfin, le dernier facteur explicatif est lié au fonctionnement même de l’économie. Celle-ci est une grosse machine dont aucun économiste ne peut prétendre en comprendre le fonctionnement exact, tellement ses paramètres sont multiples et agissent en interaction d’une grande complexité. A chaque fraction de seconde, un très grand volume d’échanges s’opère dans une économie entre des millions d’individus. 

Ceux-ci manipulent une quantité impressionnante d’informations avant de prendre une décision à caractère économique (achat, vente, placement, crédit, recrutement, impôts, etc.). 

Réaliser des plans qui assurent une affectation optimale des ressources au sein d’une économie en vue de lui permettre de croître et de créer des richesses est une prétention extrêmement forte. 

Les communistes s’y sont déjà essayés et n’ont abouti qu’à des pénuries, de l’improductivité et de la misère généralisée, car le plan c’est l’enfer. Le meilleur service que l’État puisse rendre à l’économie de ce pays est de former des ressources humaines de qualité et de mettre en place des institutions fortes. Quant à la croissance économique, les opérateurs privés peuvent largement s’en charger.

 

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