En Turquie, la faillite de l’AKP révélée par le séisme.
©ILYAS AKENGIN / AFP
Le président turc Recep
Tayyip Erdogan s'entretient avec la presse lors de sa visite dans la
ville de Diyarbakir, durement touchée par le séisme de magnitude 7,8.
Incurie du pouvoir
En Turquie, la faillite de l’AKP révélée par le séisme
L’ampleur de la catastrophe du 6 février 2023 démontre qu’en deux décennies sous l’égide de l’AKP, le népotisme et l’appât du gain ont largement pris la place de l’intérêt général et de la sécurité.
Du choc, les Turcs sont passés à la colère. Le régime a eu beau suspendre durant 24 heures l’utilisation de Twitter, le réseau social le plus utilisé du pays, les critiques pleuvent pour dénoncer l’incurie du pouvoir dans la gestion et l’anticipation de la catastrophe du 6 février dernier. Toujours prompt à invoquer la fatalité pour expliquer les catastrophes – ainsi lors des accidents miniers qui se sont multipliés ces dernières années - le président Erdogan affirme sans ciller qu’« il était impossible d’être prêt face à un pareil désastre. » Quel terrible aveu d’échec et d’incompétence, alors que la Turquie est un pays naturellement exposé aux risques sismiques en raison de la proximité de la faille nord-anatolienne !
A titre de comparaison, le Japon, tout aussi sujet aux catastrophes naturelles, a développé de longue date une politique de construction parasismique particulièrement drastique, dont il a perfectionné les normes au fil des drames humains et naturels. La Turquie a connu une dizaine de séismes depuis celui d’Erzincan en 1939, de magnitude 8,2. Pourtant, il a fallu attendre celui d’Izmit en 1999, qui avait fait plus de 17 000 morts, pour que les normes de construction fassent l’objet d’une révision.
A l’époque, le béton utilisé pour la construction était en effet mélangé à du sable marin, qui n’avait pas subi de traitement de désalinisation, rendant ainsi le matériau friable par la corrosion !
De cette catastrophe était alors née une « taxe antisismique », dont les recettes fiscales devaient servir à la construction de bâtiments résistants dans les zones à risque.
Cette catastrophe avait aussi précipité la chute du gouvernement de Bülent Ecevit et permis l’arrivée d’Erdogan et de l’AKP au pouvoir.
Alors Premier ministre, Erdogan avait promis à la fois de reconstruire le pays et sa fierté. Soucieux que les Anatoliens voient au quotidien l’incarnation de cette promesse, Erdogan s’est lancé dans une politique des grands travaux : ponts, centres commerciaux, aéroports, mosquées, grattes-ciels, ont connu une expansion démesurée en vingt ans. Mais à quel prix ?
Par Ardavan Amir-Aslani
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