France-Maroc : La volonté de se comprendre
PHOTO/ARCHIVO - - Le roi du Maroc, Mohamed VI, reçoit le président français Emmanuel Macron à Rabat
L'opinion publique marocaine fait écho à l'exclusivité publiée par le quotidien francophone Africa Intelligence, qui affirme que le président français Emmanuel Macron se rendra à Rabat en janvier.
L'attention suscitée au Maroc par la visite du chef d'État français est un signe latent de l'intérêt du pays à "relancer" les relations avec la France sur de bonnes bases, dans un contexte de froid géopolitique et de reproches sur le récent rapprochement entre Paris et l'Algérie.
Le Maroc ne veut pas être moins. Les colonnes d'opinion des journaux proches du gouvernement de Rabat n'ont pas manqué de s'exprimer sur la politique étrangère "erronée" de Paris et le "mauvais traitement" que le Quai d'Orsay réserve à Rabat au détriment des bonnes relations avec l'Algérie, qui s'est développée sur le plan géopolitique et économique grâce à l'augmentation des prix du marché de l'énergie, principale source de revenus du gouvernement Tebboune.
La nouvelle est déjà connue depuis longtemps. Lors de sa visite à Alger, alors que Macron saluait un groupe de jeunes, il a promis devant la caméra d'un téléphone portable qu'il se rendrait au Maroc en octobre. La promesse du président de la République n'a pas été tenue, mais un scénario similaire s'est répété lors d'une rencontre avec des habitants du Touquet, où Macron a sa résidence privée, un héritage transmis à sa femme, et où il vote à chaque élection.
Le Maroc et la France ont un certain nombre de différences à aplanir. Outre les reproches marocains de collusion avec l'Algérie, son éternel rival régional, il y a la question de la réduction des visas délivrés par la France et l'absence de reconnaissance suffisante des revendications du Maroc sur le Sahara occidental.
La question a été relancée lorsque des sources proches de l'Élysée ont évoqué une longue conversation téléphonique entre le roi du Maroc Mohammed VI et le président Macron. Au cours de la conversation, qui a duré environ 30 minutes, le ton des deux dirigeants aurait été cordial. C'est alors que l'on a dit que le monarque marocain était favorable à la visite de Macron à Rabat.
Le gouvernement français n'a pas confirmé l'information concernant cette visite, qui coïnciderait étroitement avec la réunion de haut niveau que le Maroc et l'Espagne préparent pour honorer les articles de la feuille de route conjointe qu'ils ont signée en avril 2022. On sait que la ministre française des Affaires étrangères, la discrète chiraquienne Catherine Colonna, se rendra au Maroc en décembre pour rencontrer son homologue, Nasser Bourita. Il faut espérer que, si les rumeurs de la visite de Macron sont vraies, la rencontre entre les deux ministres des Affaires étrangères servira à ouvrir la voie à la rencontre entre Macron et Mohamed VI.
Il faut s'attendre à ce que la visite de Macron à Rabat soit
similaire à celle de Pedro Sánchez en avril 2022. Et donc aussi que les
demandes de Rabat seront similaires. La question du Sahara est toujours
la priorité dans l'action extérieure du Maroc, et, pour citer Mohammed
VI lui-même, elle est le "prisme" à travers lequel le Maroc se rapporte à
ses voisins et partenaires internationaux. Paris a jusqu'à présent
maintenu une position que le Maroc juge trop ambiguë sur ce dossier.
Malgré cela, le Quai d'Orsay affirme de la même manière que l'Espagne ou
l'Allemagne que la proposition d'autonomie du Maroc pour le Sahara est
une base sérieuse et crédible pour mettre fin au conflit dans la région.
Telles ont été les déclarations du porte-parole du ministère des Affaires étrangères le 21 mars 2022, après
le changement de position de l'Espagne. Le Maroc pourrait demander à
l'Elysée des déclarations similaires ou plus profondes de la part de la
présidence de la République. Des déclarations qui devraient être une des
lignes rouges de l'Elysée pour maintenir son équilibre avec l'Algérie.
On peut s'attendre à une réaction très négative d'Alger si cela devait
se produire. Ce qu'il sera demandé à Rabat de faire pour normaliser les
relations est l'une des inconnues qui se préciseront en janvier, si la
visite a lieu.
Le scénario d'une plus grande implication française dans l'économie marocaine, toujours assoiffée d'investissements étrangers, pourrait être envisagé. La France joue déjà un rôle de premier plan dans les investissements directs étrangers du Royaume, dont elle est traditionnellement le premier contributeur, devant les Émirats arabes unis et les États-Unis. En ce sens, il sera intéressant de voir si Christophe Lecourtier devient l'ambassadeur de France à Rabat. L'ambassade est sans ambassadeur depuis septembre, date à laquelle Helène est arrivée au terme de sa mission au Maroc.
Christophe Lecourtier est un profil qui se distingue par ses bonnes relations avec les secteurs de l'investissement privé français. Il est spécialiste de l'internationalisation de l'économie française et des partenariats public-privé dans l'intérêt de l'État. Du côté marocain, le poste de chef de la mission diplomatique est également vacant depuis que Mohamed VI a relocalisé Mohamed Beenchaboun à la tête du fonds royal d'investissement.
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