Les conséquences d’une guerre permanente.

 
Les conséquences d’une guerre permanente
 

L’Allemagne et la France prennent acte d’un conflit face à la Russie qui est appelé à durer. 

L’Europe s’apprête à de nouveaux sacrifices

Un soldat ukrainien au milieu des ruines, Kiev, le 17 février 2023.


Publié le vendredi 17 février 2023


Ce devait être une guerre éclair. Une affaire réglée en trois jours, selon Vladimir Poutine. Un an plus tard, les armes sont plus bruyantes que jamais. L’Ukraine n’a pas cédé. La Russie ne renoncera pas. Les canons tonnent. Et l’Europe, entraînée malgré elle dans un conflit de civilisation, prend note à Munich que cette guerre pourrait durer encore des années.

Après des mois d’hésitations sur les mesures à prendre pour défendre Kiev, Berlin et Paris ne veulent plus rester à la remorque de Washington. Le couple franco-allemand se retrouve sur une position commune et un plan d’action: puisque Vladimir Poutine intensifie le feu, l’heure du dialogue avec Moscou n’est clairement pas venue. Les louvoiements français sont écartés. Face à un défi qui questionne la survie même de l’Union européenne, le soutien militaire à l’Ukraine doit s’intensifier et durera aussi longtemps que nécessaire. Les réticences allemandes font place à un engagement mesuré mais déterminé.


L’Europe a-t-elle encore le choix? Les Européens de l’Est sont persuadés que le Kremlin ne s’arrêtera pas aux frontières de l’Ukraine s’il devait l’emporter. L’Europe de l’Ouest se rallie peu à peu à cette lecture. Et c’est tout le continent qui pourrait s’installer dans une économie de guerre pour les années à venir avec des budgets militaires qui explosent. Avec le risque aussi d’accaparer des ressources de plus en plus importantes pour faire barrage à un pays dont l’aptitude aux sacrifices fait figure d’identité nationale.

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Vers un isolement de l'Europe

L’autre problème de cette guerre est d’isoler le continent européen, les autres régions du monde ayant l’impression d’en payer le prix fort avec l’inflation des coûts de l’alimentation et de l’énergie. Et une aide qui afflue vers l’Ukraine au détriment d’autres crises. L’Europe est de plus en plus accusée d’un «deux poids, deux mesures». Ce danger est de mieux en mieux identifié par les chancelleries européennes. Le défi est désormais de convaincre que se joue en Ukraine en réalité l’avenir d’un monde multipolaire à construire. Il y a bien urgence, comme le comprennent aujourd’hui Paris et Berlin, à convaincre le Sud que le Nord veut construire un nouveau partenariat. Encore faut-il passer aux actes.


En s’installant dans une logique de guerre prolongée à laquelle elle ne participe pas directement, l’Europe prend des risques. Ceux-ci sont justifiés au vu de l’énormité des crimes de guerre commis par les troupes de Vladimir Poutine et des souffrances endurées par la population ukrainienne. Face aux efforts de tout un continent, la Suisse se doit, elle aussi, d’être solidaire.


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