« Les relations ne sont ni amicales ni bonnes » : Pourquoi y a-t-il un froid entre la France et le Maroc ?
« Les relations ne sont ni amicales ni bonnes » : Pourquoi y a-t-il un froid entre la France et le Maroc ?
Emmanuel Macron, qui vient de débuter une tournée en Afrique centrale, évoquait lundi ses relations avec le roi du Maroc, Mohammed VI, assurant qu’elles étaient « amicales et elles le demeureront ». Il n’en est rien, selon une source officielle au sein du gouvernement marocain auprès du média « Jeune Afrique » mercredi 1er mars.
« On va avancer, la période n’est pas la meilleure mais ça ne m’arrêtera pas », martelait Emmanuel Macron en début de semaine, lors d’une conférence de presse sur sa stratégie en Afrique. « Ma volonté est vraiment d’avancer avec le Maroc. Le roi le sait, nous avons eu plusieurs discussions, il y a des relations personnelles qui sont amicales. Il y a, après, toujours des gens qui essaient de monter en épingle des péripéties, des scandales au Parlement européen, des sujets d’écoute qui ont été révélés par la presse ».
« Les relations ne sont ni amicales ni bonnes, pas plus entre les deux gouvernements qu’entre le Palais royal et l’Élysée », a rétorqué une source officielle anonyme au sein du gouvernement marocain à « Jeune Afrique ». Les « scandales au Parlement européen » ou les « sujets d’écoutes » ne sont qu’une illustration des dernières tensions, pointe cette source.
« Est-ce que la France a jeté de l’huile sur le feu ? Non ! »
Le Maroc est en effet cité dans l’affaire d’espionnage Pegasus, révélée par un consortium de médias en 2021. Parmi les hommes politiques espionnés figure le président français Emmanuel Macron, dont un numéro de téléphone portable aurait été visé par le Maroc, affirme ce consortium, ce qu’a toujours démenti Rabat.
Dans une résolution adoptée à une large majorité, le Parlement européen a enjoint fin janvier les autorités marocaines à « respecter la liberté d’expression et la liberté des médias » et à mettre fin au « harcèlement de tous les journalistes ». Il s’est également dit « profondément préoccupé » par « les allégations selon lesquelles les autorités marocaines auraient corrompu des députés au Parlement européen ».
Au Maroc, certains y ont vu une influence de la France au moment où les relations entre les deux pays sont tendues, notamment sur le statut du Sahara occidental, dont le royaume revendique la souveraineté.
Lundi, Emmanuel Macron a balayé toute implication de la France dans ces « péripéties » : « Est-ce que c’est le fait du gouvernement de la France ? Non ! “Il faut avancer malgré ces polémiques. »
Une visite prévue prochainement au Maroc
Cette source marocaine estime en outre qu’Emmanuel Macron a « volontairement occulté » d’autres points de tensions, « notamment la restriction arbitraire des visas, la campagne médiatique et le harcèlement judiciaire ».
En septembre 2021, la France avait durci les conditions d’obtention des visas à l’égard du Maroc, de l’Algérie et de la Tunisie, les conditionnant à des efforts de leur part pour accepter leurs ressortissants expulsés de France. Cette politique de restriction des visas avait toutefois pris fin en décembre dernier, laissant entrevoir une un réchauffement des relations diplomatiques, en particulier avec le Maroc et l’Algérie.
Une visite d’Etat d’Emmanuel Macron au Maroc a plusieurs fois été reportée, notamment pour des raisons d’agenda, mais devait avoir lieu en ce premier trimestre 2023. Le royaume chérifien n’a par ailleurs plus d’ambassadeur à Paris depuis début février et aucun remplaçant n’a été encore désigné. Une source de l’Elysée à l’AFP assurait toutefois mi-février continuer à travailler à la visite du président français au Maroc et démentait toute crise entre les deux pays.
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