Ne soyez pas trop positif, ce n'est pas bon pour vous ...

Ne soyez pas trop positif, ce n'est pas bon pour vous ...



Le 08 juin 2024


Acceptez aussi votre côté obscur.

> Il existe une corrélation entre risque supérieur de mortalité et optimisme ou pessimisme démesuré. 

Bien entendu, une attitude positive –ne comptez pas sur nous pour citer Jean-Pierre Raffarin– peut aider à avancer, à croire en soi et à se sentir mieux au quotidien. Mais du côté de New Scientist, on tient à faire savoir que la positivité peut également être toxique, et que cette idée n'est pas juste le fruit de la réflexion d'une poignée de psys souhaitant faire parler d'eux. Non, la science elle-même nous indique que ce type de mentalité peut effectivement poser problème.

Le site scientifique s'appuie par exemple sur un regroupement de travaux scientifiques réalisé en 2021: cela s'appelle une méta-analyse et c'est idéal pour disposer de résultats nuancés, portant sur un échantillon d'individus suffisant. 

Si celle-ci, impliquant 217.000 personnes, faisait état d'un lien entre un optimisme raisonnable et une bonne espérance de vie, elle nous apprenait également l'existence d'une corrélation entre risque supérieur de mortalité et optimisme ou pessimisme démesuré.

Se sentir bien, définition

En 2022, une autre étude, menée sur une quarantaine de pays par tout un réseau de psychologues, montrait quant à elle à quel point le fait de réfréner ses idées négatives pouvait être néfaste pour notre bien-être. Les mêmes travaux nous apprenaient que les ravages de cette positivité forcée étaient particulièrement importants dans les pays présentant les plus forts niveaux de bonheur de la planète –oui, ce critère a été quantifié et la France se situe actuellement à la 27e place sur 143 pays classés.

C'est à une chercheuse israélienne, Maya Tamir, que l'on doit une autre vision des dangers de la positivité. Avec ses collègues de l'université hébraïque de Jérusalem, elle a mené une étude portant sur 2.300 individus provenant de huit pays différents. Objectif: tenter de déterminer, en toute modestie, le secret du bonheur. L'équipe de Maya Tamir en a conclu qu'une santé mentale au beau fixe était liée avec le fait de ressentir des émotions que nous considérons comme adaptées aux situations que nous vivons.

Autrement dit, pour accéder au bonheur, mieux vaut passer par toute une gamme d'émotions –y compris les plus tristes– mais se sentir aligné avec ce que l'on vit, plutôt que de ne ressentir et exprimer que des émotions positives même dans les moments potentiellement difficiles. «Je crois que les gens veulent se sentir bien, mais qu'il y a plusieurs définitions différentes du bien», résume la chercheuse.

Attention: cela ne signifie pas qu'il faille cesser d'injecter du positif là où c'est possible, ni faire preuve d'un peu d'optimisme même quand tout semble perdu d'avance. Réguler ses émotions négatives peut également aider à résoudre une partie du problème, mais c'est important de le faire de façon mesurée, sans se mettre des œillères.

Une autre étude montre qu'accepter sa part de noirceur sans tomber dans le manichéisme (le bien plutôt que le mal, le positif plutôt que le négatif) favorisait la résilience émotionnelle et ouvrait la voie vers le bien-être. Définitivement, il ne faut donc pas écouter Jean-Pierre Raffarin, dont on rappelle qu'il ne faisait de toute façon que citer Lorie Pester.





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