Bras de fer en Israël : Des dizaines de milliers de personnes dans les rues contre Nétanyahou.

Conflit israélo-palestinien ....

Bras de fer en Israël : Des dizaines de milliers de personnes dans les rues contre Nétanyahou.

Les Israéliens sont descendus en masse dans les rues de tout le pays samedi soir pour protester contre les multiples atteintes portées à l’état de droit par le Premier ministre.


Des manifestants devant le siège du ministère israélien de la Défense, à Tel Aviv, le 22 mars 2025, lors d'une manifestation anti-gouvernementale. (Shir Torem/REUTERS).

Publié le 22 mars 2025

Ils marchent à Tel Aviv, à Jérusalem, à Haïfa, mais aussi dans toutes les villes d’Israël. Des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées dans les rues du pays ce samedi soir, pour réclamer, encore et toujours, la libération des otages toujours retenus à Gaza, mais aussi pour s’opposer au Premier ministre Benyamin Nétanyahou et à sa politique de terre brûlée, faisant fi, jour après jour, du respect de l’Etat de droit et des piliers de la démocratie israélienne. 

Et alors qu’il poursuit les frappes sur Gaza depuis la rupture du cessez-le-feu cette semaine et, depuis ce samedi, à nouveau sur le Liban. Selon les médias libanais, les frappes, en représailles après des tirs de roquettes depuis le Liban, selon Israël, ont tué cinq personnes et en ont blessé onze.


Ces manifestations, qui rassemblent toutes les couches de la population, dont des parents et leurs enfants élèves en écoles élémentaires, viennent conclure une semaine de protestations intenses contre le gouvernement et sa décision, notamment, de limoger Ronen Bar, le chef de la Sécurité intérieure (Shin Bet), décision suspendue par la Cour Suprême, mais que Benyamin Nétanyahou a menacé de ne pas respecter. Comme il a menacé d’orchestrer le renvoi de la Procureure générale Gali Baharav-Miara, garante du respect de la démocratie. Par ailleurs, la rupture de la trêve et la reprise des frappes contre Gaza ont renforcé les craintes sur la sécurité des otages entre retenus dans l’enclave. Il reste une soixantaine d’otages, dont au moins 34 seraient morts, selon l’armée israélienne.

Dans le cortège, des manifestants brandissaient des pancartes où était inscrit «Plus de sang versé», « Combien de sang doit encore être versé» ou «Stoppez la guerre, Maintenant ! », au milieu d’une nuée de drapeaux israéliens.


Des manifestants devant le siège du ministère israélien de la Défense, à Tel Aviv, le 22 mars 2025, lors d'une manifestation anti-gouvernementale appelant à une action pour obtenir la libération des otages israéliens. (Jack Guez/AFP)

Lors d’un rassemblement à Jérusalem, Danny Elgarat, frère de lItzhak Elgarat, otage tué à Gaza et dont le corps a été rendu à sa famille le mois dernier, a estimé que le Premier ministre souhaitait que les otages rentrent en Israël «morts et silencieux, incapables de raconter leur histoire». Nétanyahou «a confié la sécurité de l’Etat et les vies des soldats et otages à des fascistes, des racistes et des politiciens messianiques», a-t-il ajouté.

Dès la tombée de la nuit, des milliers de manifestants se sont rassemblés sur la place Habima à Tel Aviv, ils devaient ensuite rejoindre les familles des otages installées, comme toutes les semaines, devant le ministère de la Défense. 

Le chef de l’opposition, Yaïr Lapid, s’est exprimé devant la foule en appelant à une grève générale si d’aventure le Premier ministre persistait à ne pas respecter la décision de la Cour Suprême gelant le renvoi du chef du Shin Bet. «Si le gouvernement du 7-Octobre décide de ne pas obéir à la décision de la Cour, il deviendra ce jour-là un gouvernement hors-la-loi», a déclaré Yaïr Lapid. «Si cela arrive, le pays entier doit s’arrêter […] 

L’économie doit se mettre en grève, le Parlement doit se mettre en grève, les tribunaux doivent se mettre en grève, les autorités doivent se mettre en grève, et pas seulement les universités, mais aussi les écoles», a-t-il ajouté. «Rien n’est plus important que les otages, rien n’est comparable», a dit le chef de l’opposition. 

«Mais nous sommes aussi rassemblés pour dire à Gali Baharav-Miara, et à Ronen Bar, et (au président de la Cour suprême) à Isaac Amit : vous n’êtes pas seuls».

Au même rassemblement, Yaïr Golan, le président du parti des Démocrates, de centre-gauche, qui avait été violemment poussé au sol par la police pendant une manifestation jeudi à Jérusalem, a interpellé directement le chef de la police Danny Levy en le prévenant qu’il risquait de «rester dans les mémoires comme quelqu’un qui se sera opposé à son propre peuple». Il a aussi appelé à l’union entre son parti, celui de Benny Gantz, le Parti de l’unité nationale et celui de Lapid, le Yesh Atid.

Amir Kochavi, maire de Hod Hasharon, une ville du centre d’Israël, a de son côté appelé Benyamin Nétanyahou et ses ministres à ne pas s’opposer à la décision de la Cour. Il s’est exprimé au nom, a-t-il dit, des maires de «Tel Aviv, Rahat, Haïfa, Gush Dan, Emek Hefer, Umm al-Fahm, Herzliya, Metula et au moins 60 autres conseils régionaux et locaux et d’autres municipalités de régions géographiques et démographiques diverses».

Samedi soir, l’ambassade américaine en Israël a publié une alerte invitant les citoyens américains à «être particulièrement prudents» face à «l’évolution de la situation sécuritaire, y compris face à la reprise des alertes rouges et des manifestations de grande ampleur». Les manifestants avaient prévu de marcher samedi soir vers la résidence de Benyamin Nétanyanou, alors que d’autres rassemblements sont prévus dimanche à Jérusalem et que le gouvernement a prévu d’organiser un vote de défiance contre la Procureure générale. Une manifestation contre la destitution de la procureure générale est notamment prévue dimanche devant la Knesset, le Parlement israélien, et près de la résidence privée du Premier ministre à Jérusalem.



Dans une vidéo diffusée samedi soir, Benyamin Nétanyahou a persisté et défié la Cour suprême, en affirmant que «Ronen Bar ne restera pas à la tête du Shin Bet, il n’y aura pas de guerre civile, et Israël restera un État démocratique». 

Il a même tenté de justifier son manque de confiance en Ronen Bar par le fait «qu’il ne m’a pas réveillé le 7 Octobre (2023) et qu’il n’a pas réveillé d’autres personnes et la méfiance s’est exarcerbée jusqu’à ce qu’il soit retiré de l’équipe de négociation» pour la libération des otages. 

Le récit de la réponse du Premier ministre à l’attaque terroriste du 7 octobre est vivement contestée. Son chef de cabinet aurait ainsi tenté d’amender des transcripts des conversations entre Benyamin Nétanyahou et son secrétaire militaire ce matin-là.

Mis à jour le 22/03/2025 avec éléments de la déclaration de Nétanyahou

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