Gérard Araud, ancien ambassadeur de France aux États-Unis et en Israël, n’a pas mâché ses mots dans un entretien accordé à l’émission Quotidien, dénonçant avec force le silence assourdissant de l’Europe face au drame humanitaire qui se joue à Gaza. « Israël n’en a rien à faire des Européens, et de toute façon, les Européens se taisent », a-t-il lancé, soulignant un déséquilibre criant dans les réactions occidentales face aux conflits. « Chaque fois que deux missiles tombent sur Soumy, en Ukraine, le monde s’indigne – et c’est légitime. Mais comparé à ce qui se passe à Gaza, où les morts se comptent par milliers, c’est le silence. Le grand silence. » Et de déplorer l’absence d’images, de reportages, de récits dans les médias européens : « Vous ne voyez presque rien sur les écrans. »
Avec cette décalration Gérard Araud pointe du doigt ce qu’il considère comme une hypocrisie politique et médiatique : une indignation à géométrie variable, où les victimes n’ont pas toutes le même poids selon qu’elles tombent à Kiev ou à Rafah. Une critique acerbe qui relance le débat sur la place du conflit israélo-palestinien dans l’agenda diplomatique européen – et sur la responsabilité morale de ceux qui choisissent de détourner le regard.
Auditionné mardi 9 avril par la Commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale, Dominique de Villepin a livré une réponse cinglante et d’une rare élégance face à une tentative d’attaque personnelle formulée par la députée Caroline Dayan, proche soutien du criminel de guerre Benjamin Netanyahou.
L’ancienne ministre a évoqué, dans un ton serein mais ferme, l’importance du débat digne et éclairé, face aux « rumeurs destinées à discréditer une parole libre ». La députée Dayan avait en effet questionné Villepin sur une prétendue proximité avec le Qatar, insinuant un conflit d’intérêt dans ses prises de position sur le conflit israélo-palestinien. Une question lue laborieusement, plus préoccupée par l’effet d’accusation que par la recherche de vérité.
La réponse de Dominique de Villepin fut magistrale : « Je ne saurais trop vous remercier de me poser cette question », a-t-il commencé, avant de démonter calmement, point par point, les insinuations. « Je n’ai aucun lien avec aucun fonds qatari et je n’en ai jamais eu », a-t-il précisé, réaffirmant sa probité sans détour. Mais l’ancien chef du gouvernement n’en est pas resté là. Dans une inversion brillante, il a retourné l’attaque pour mettre en lumière les liens troubles entre l’entourage du Premier ministre israélien et certains financements venus du Qatar, évoquant l’enquête en cours dans le cadre du « Qatargate » qui agite actuellement la scène politique israélienne. « Benjamin Netanyahou a été entendu pendant deux heures par l’unité LAV 433, l’équivalent israélien du FBI », a rappelé De Villepin. Et de pointer avec gravité les pressions exercées sur le chef du Shin Bet, en pleine enquête.
Plus qu’une simple mise au point, cette intervention de Dominique de Villepin fut un rappel du rôle fondamental de la parole indépendante dans le débat international, et un refus frontal des amalgames dangereux qui visent à délégitimer toute critique de la politique israélienne en l’assimilant à une haine raciste. « Ceux qui veulent faire taire les voix dissidentes sous prétexte de calomnie prennent une lourde responsabilité », a-t-il laissé entendre. En une tirade limpide, ferme et profondément républicaine, Dominique de Villepin a opposé l’intelligence au soupçon, l’humanisme à la rhétorique du soupçon et l’outrance partisane. Une leçon de dignité politique.
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