Le professeur Omar Aktouf et son testament pour l’Algérie.
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«J’ai labouré la mer et semé le vent ». Simon Bolivar.
Omar Aktouf, Professeur HEC a tiré sa révérence. Décédé le 2 avril 2025 à Montréal, Québec. grand intellectuel reconnu partout dans le monde Ses propos et ses contestations étaient souvent ceux d’un amoureux de la justice et de la liberté.
Qui est Omar Aktouf ?
« Omar Aktouf né en 1944 et décédé en 2025 est un intellectuel algérien, professeur titulaire à HEC Montréal Il est membre fondateur du centre humanismes, gestion et mondialisation et membre du conseil scientifique d’ATTAC Québec Omar Aktouf est titulaire d’une licence en psychologie ainsi qu’un DEA en psychologie industrielle de l’université d »Alger et de l’université de la Sorbonne. Il est également titulaire d’un DPGE de l’INPED d’Alger.

«J’ai labouré la mer et semé le vent ». Simon Bolivar.
Omar Aktouf, Professeur HEC a tiré sa révérence. Décédé le 2 avril 2025 à Montréal, Québec. grand intellectuel reconnu partout dans le monde Ses propos et ses contestations étaient souvent ceux d’un amoureux de la justice et de la liberté.
Les hommages furent nombreux et sincères.
Qui est Omar Aktouf ?
« Omar Aktouf né en 1944 et décédé en 2025 est un intellectuel algérien, professeur titulaire à HEC Montréal Il est membre fondateur du centre humanismes, gestion et mondialisation et membre du conseil scientifique d’ATTAC Québec Omar Aktouf est titulaire d’une licence en psychologie ainsi qu’un DEA en psychologie industrielle de l’université d »Alger et de l’université de la Sorbonne. Il est également titulaire d’un DPGE de l’INPED d’Alger.
Il décroche un MBA à HEC Montréal avant d’y réaliser un doctorat en administration. Omar Aktouf a occupé plusieurs postes importants dans des entreprises algériennes. Après son arrivée au Canada, O. Aktouf a été consultant pour plusieurs grandes firmes canadiennes, ainsi que plusieurs grandes firmes dans d’autres pays dont Il a enseigné dans plusieurs universités du Québec, ainsi qu’à HEC Montréal,
Il a récemment été reconnu par la Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Radio-Canada comme faisant partie des « personnalités marquantes de l’histoire récente du Québec et du Canada dans les domaines (…) de l’économie et des affaires. » (1)
« Ses écrits sont multiples et variés, quelques titres majeurs : « Halte au gâchis ! En finir avec l’économie management à l’américaine, Liber, 2008 ».« Le management entre tradition et renouvellement, Gaétan Morin, 2006.« Le travail industriel contre l’homme, OPU-SNED, 1986 » » Management entre tradition et renouvellement »» Il fut titulaire de plusieurs distinctions 1987 – Prix de la recherche des HEC Montréal. En 2005 : il reçut prix du meilleur article en formation en management, décerné par l’Administrative Sciences Canadian Association.,
« Ses écrits sont multiples et variés, quelques titres majeurs : « Halte au gâchis ! En finir avec l’économie management à l’américaine, Liber, 2008 ».« Le management entre tradition et renouvellement, Gaétan Morin, 2006.« Le travail industriel contre l’homme, OPU-SNED, 1986 » » Management entre tradition et renouvellement »» Il fut titulaire de plusieurs distinctions 1987 – Prix de la recherche des HEC Montréal. En 2005 : il reçut prix du meilleur article en formation en management, décerné par l’Administrative Sciences Canadian Association.,
En 2017 hommage à l’apport distingué de O. Aktouf au progrès du savoir et pratiques en économie et en gestion. Témoignage en congrès international Colombie du Pr Jaïr Nacimento Santos » (1).
Une carrière et une reconnaissance planétaire :
Le monde académique algérien et international pleure la disparition du Professeur Omar Aktouf, intellectuel engagé et critique infatigable du management néolibéral. , laissant derrière lui un héritage intellectuel majeur qui continue d’inspirer les chercheurs et les étudiants du monde entier. Professeur titulaire à HEC Montréal, Omar Aktouf s’est distingué par sa vision alternative du management, opposée aux logiques strictement financières et productivistes. Son travail a plaidé pour un management éthique, axé sur le respect de l’humain et la justice sociale. Son approche, souvent critique à l’égard des modèles dominants, a profondément marqué le monde académique et les praticiens du management. Son regard acéré sur les dérives du capitalisme et son engagement pour un système plus équitable ont fait de lui une voix respectée dans les cercles académiques et intellectuels(2).
Au-delà de son travail universitaire, le Professeur Aktouf laisse un legs intellectuel précieux pour les générations futures. Ses enseignements et ses écrits continueront d’inspirer ceux qui cherchent à repenser les modèles économiques dans un monde en pleine mutation. Avec son décès, l’Algérie et le monde universitaire perdent l’un de leurs penseurs les plus influents. Mais son œuvre, toujours d’actualité, restera une source d’inspiration pour les chercheurs, les étudiants et tous ceux qui aspirent à un monde du travail plus humain et plus juste » (2)
Le testament intellectuel Pr Omar Aktouf
Le 30 septembre 2016 le professeur Omar Aktouf adressait une lettre à l’Algérie où sans concession il fait le procès du néolibéralisme à la sauce algérienne, il y décrit toute la faune qui gravite autour de l’Algérie C’était en 2016 le pourrissement du système était à son maximum avec des vautours qui s’arrogent tout les droits pour piller le pays. Ce cri du cœur dénonçait la fin de règne du président avec les prémisses de l’imposition du cinquième mandat Bouteflika avec le hold up de l’Algérie par des oligarques impunis qui pillaient le pays Nous l’écoutons. :
Chers compatriotes, chère Algérie
« J’écris ce «chant du cygne» pour informer que j’ai décidé de ne plus me prononcer sur ce qui se passe en Algérie C’est là une décision prise quelque temps après ma participation au débat CNES – experts –gouvernement il y a un an, le 22 septembre 2015. Cela est motivé surtout par le fait que j’ai l’impression, après un certain Simon Bolivar, de sans cesse «labourer la mer». Ni suites ni débats. Sauf lorsque j’ai fait toucher du doigt l’ineptie de certaines «grandes théories US» mises de l’avant par certains de nos «experts» dument adoubé par le Grand Occident et adoptés par nos «élites». Je suis découragé de voir mon propre pays me traiter avec un tel dédain, tandis que presque partout ailleurs, de la Tunisie au Brésil, en passant par le Maroc, France, Allemagne, Colombie, Mexique, Pérou, Équateur… je suis sollicité, invité, écouté, respecté ». « Je suis las de continuer à tenter de donner à mon pays pour ne recevoir en retour qu’indifférence – sinon mépris- ce que d’autres sollicitent, reconnaissent et apprécient. Je suis las de voir notre peuple maintenu au niveau de préoccupations tellement basiques qu’il ne songe même pas à lever la tête ou la voix ou le ton. Je suis las de voir notre pouvoir et ses commensaux faire la sourde oreille et «laisser braire» l’idiot utile qu’il me semble être devenu ». (3)
Son combat contre les fossoyeurs du pays qui émargent au Consensus néolibéral
« Je suis las écrit il de voir fleurir au grand jour, au nez et à la barbe d’un peuple spolié jusqu’à l’os, une nauséabonde complicité entre milieux d’affaires, milieux véreux du pouvoir, et certains milieux dits intellectuels, y compris de la diaspora. Je suis las de tant d’hypocrisies élevées au rang de magistrales leçons managériales-économiques, las de voir glisser comme eau sur plumes de canard les gravissimes révélations des Panama Papers, dévoilant pourtant à quel point nos «élites» politiques et économiques (petite pointe de la pointe visible de l’iceberg ?) se gavent en toute quiétude des fruits de notre pétrole. « Je suis las de faire analyses sur analyses, interviews après interviews, publications après publications, conférences après conférences, pour n’en voir ressortir que… rien ! . Tout le monde cède devant les sirènes de la libre entreprise et du néolibéralisme qui ont infiniment plus de porte-voix que je ne puisse en rêver. » (3)
« Pourtant, ajoute Professeur Aktouf, je voudrais tenter une ultime argumentation quant au caractère absolument létal des théories économiques-managériales dominantes : néoclassique et néolibérale. Ce qui dépasse largement, mais inclut, le cas algérien. Ceci sera mon testament et mon chant du cygne quant à mes contributions à l’analyse de ce que devient ou deviendra notre pays. Sortant, suivant le légendaire conseil d’Einstein, du raisonnement économique pour comprendre pourquoi il y a des problèmes économiques. Et appliquant des éclairages venant de la biologie, de la biophysique et de la thermodynamique, il devient aisé de réaliser que le pivot de la logique économique dominante est irréaliste et destructeur (ce qui dure depuis près de deux siècles, dès l’avènement de la pensée néoclassique) : le principe de croissance infinie, appuyé sur celui du marché autorégulé ».(3)
« Partons du constat scientifique fondamental que tout n’est, in fine, qu’énergie : matière, travail, carburant, électricité, machinerie… Et même argent et capital – ces derniers n’étant que «du travail cristallisé» sous forme monétisée : nulle unité monétaire ne saurait «circuler» sans avoir été, d’abord, la rémunération d’un travail quelconque, effectué quelque part ». Le travail étant de l’énergie, l’équivalence argent-capital-énergie est évidente (le raisonnement est tout aussi valable pour l’argent produit par l’usure, l’intérêt : Il devient donc légitime de se poser la question de savoir d’où provient la quantité d’énergie dénommée «profits» (en tant que quantité monétaire qui n’est, à la base, que portion du paiement du «travail global» à l’origine de ladite valeur ajoutée, qui est à l’origine dudit profit…) ».(3)
« Quelques connaissances en physique et en thermodynamique nous font vite réaliser que nous ne savons faire qu’une chose et une seule avec l’énergie : l’extraire et la détruire ! Irréversiblement. Nul ne sait fabriquer, ni créer, nulle énergie : in fine, puisque tout est énergie, non seulement nous ne créons absolument rien (nous transformons, ce qui est d’abord destruction) mais nous dégradons toujours plus en rapport de ce que nous prétendons créer.En bref, cela veut dire que notre monde marche sur sa tête depuis pas loin de deux siècles en admettant l’idée folle que, contrairement à tout ce qui fait nature et univers la croissance infinie des gains et profits… dans un monde fini ! Ce qui peut en être déduit est imparable : il ne saurait y avoir croissance en un lieu que s’il y a décroissance toujours plus grande ailleurs.»(3)
Cela signifie qu’il n’y a croissance du PNB aux USA par exemple, que parce qu’il y a dégringolade –constante et toujours plus importante – de la qualité de vie des plus démunis, … hyper pauvreté en Afrique, en Asie… réchauffement global, étouffement des océans, hausse des chômages, des inégalités, des conflits. La boucle de rétroaction positive du profit et de la croissance s’alimente d’une autre qui, elle, forcément, s’accélère plus vite : celle de la dégradation exponentielle de la qualité de vie du plus grand nombre et de la nature ».« La seule issue, comme je ne cesse de le crier depuis des décennies, est de renoncer aux létaux principes de l’économie néoclassique et néolibérale, qui dominent notre planète depuis déjà trop longtemps. Aller vers ce que d’aucuns dénomment (et prônent un peu tard) «croissance zéro», «économie de la décroissance», «économie circulaire»… » (3)
Le recours illustratif à l’Earth Overshoot Day Jour du Dépassement
Voulant illustrer pédagogiquement la situation du monde, il fait l’analogie avec la fuite en avant de la boulimie énergétique décrite justement par le jour du dépassement:
« Faut-il être à ce point aveugle ajoue le professeur Aktouf pour ne pas voir que pour chaque pseudo «création», il y a toujours plus de destructions ? C’est exactement ce qu’indique l’indice Earth Overshoot Day (calculé par l’ONG américaine Global Footprint Network : c’est le jour de l’année où nous épuisons tout ce que la Terre ne peut donner qu’au bout de 12 mois, depuis l’eau jusqu’au pétrole en passant par le blé, le poisson, les arbres… et tout ce qu’on voudra…) qui recule chaque année davantage. En 1970, c’était le 23 décembre, en 1993 le 21 octobre, en 2003 le 22 septembre, en 2015 le 13 août et en 2016 le 8 août. Cela signifie que, depuis le 8 août de cette année, nous vivons sur 5 mois de «crédit» pris sur ce que la terre ne donnera qu’en 2017 ! C’est cela qui explique l’accélération du Earth Overshoot Day, et c’est cela qui explique aussi le fait que toutes les pseudo-théories du rattrapage ne sont que poudre aux yeux et impossibles chimères. Si l’Afrique «rattrapait» aujourd’hui le niveau de vie du Canada, il nous faudrait immédiatement, selon des rapports de l’OCDE, deux ou même trois planètes ! Combien en faudrait-il si l’Afrique s’amusait à rattraper le niveau des USA… ou de la Suisse ? » (3)
Que faire : Une solution radicale?
Le professeur Aktouf écrit:
« Ce que j’essaie de vulgariser dans des termes différents la nécessité de d’une croissance en pente douce qui profitent à aussi aux damnés de la Terre. La seule solution serait d’ une décroissance du niveau de vie occidentale énergivore ( 8 tonnes de pétrole pour les Etats Unis,4 tonnes pour l’Europe moins d’une tonne pour l’Afrique) Le professeur Aktouf prône des mesures radicales : « La chose la plus intelligente à faire avec la finance . la finance est l’ennemi de l’économie c’est de fermer immédiatement toutes les bourses et nationaliser toutes les banques du monde qui étatisent ou enlèvent aux banques privées le droit de création monétaire ! » (3)
« Voilà le combat intelligent que nos élites, en Algérie et ailleurs, devraient mener, pas celui du continu et suicidaire «comment enrichir plus les riches», sous prétexte que «le marché» transformera leur enrichissement en emplois, en services, en bien-être commun ! Mais… qui est prêt à écouter ce discours ? A faire l’effort de le comprendre ? A en faire une plateforme d’économie politique ? Une plateforme électorale ? L’écrivain-philosophe, Upton Sinclair, m’aide à conclure cet ultime cri par cette magistrale formule : «Il relève de l’impossible que de tenter d’expliquer quelque chose à quelqu’un dont les intérêts et les émoluments dépendent précisément du fait qu’il n’y comprenne rien !» (3)
On le voit les propos du professeur paraissent relever de l’utopie tant la situation est complexe mais ils sont de loin respectables comparés à ceux qui changent de « stratégie de reptation » au gré des princes du moment.
Conclusion
Un grand penseur unanimement respecté dans le monde. Un penseur de gauche, se battant par la science pour la justice, pour le peuple, contre le grand capital et la pensée libérale et néo-libérale qui envahissait le monde se voulant citoyen du Monde, il fit une brillante carrière au Canada son pays d’adoption. Il avait, cependant, l’ Algérie, dans la peau, ce pays, il chérissait et qu’il a honoré tout au long de sa vie, qu’il a défendu par une production scientifique d’exception. Notamment sur ce qui paraissait de bon sens dans la conduite économique du pays il pensait librement et sans haine de soi, un homme de gauche, un résistant à tous les récits dominants Sa réflexion profonde, sa vision audacieuse pouvaient paraitre clivantes tant ce personnage était monolithique toujours droit dans ses bottes !
Nul n’est prophète dit on , en son pays Comme Simon Bolivar qui s’est battu pour l’unité du sous-continent, à la fin de sa vie la fameuse phrase il a labouré les océans Le professeur a défendu une certaine idée de la dignité humaine et il était systématiquement contre la mondialisation laminoir et le néolibéralisme sauvage de Reagan et Thatcher qui laissent les faibles sans état d’âme sur le bord de la route . Il prônait une civilisation à visage humain : La générosité intellectuelle est pour nous une référence. Il s’est attelé pendant des décennies à faire réveiller les consciences de son auditoire en tous lieux. Omar Aktouf est devenu une référence incontournable dans le domaine économique en Algérie et dans le Monde
Ces vers de Victor Hugo me paraissent appropriés pour résumer son combat loin des feux de rampe, du m’as-tu vu , avec la situation d’avoir fait son devoir vis-à-vis des hommes.et de son pays C’est donc serein sans haine ni passion q’il nous laisse son précieux testament
“Il n’avait pas de gîte, pas de pain, pas de feu, pas d’amour ; mais il était joyeux parce qu’il était libre.” Il dort. Quoique le sort fût pour lui bien étrange, il vivait.
Une carrière et une reconnaissance planétaire :
Le monde académique algérien et international pleure la disparition du Professeur Omar Aktouf, intellectuel engagé et critique infatigable du management néolibéral. , laissant derrière lui un héritage intellectuel majeur qui continue d’inspirer les chercheurs et les étudiants du monde entier. Professeur titulaire à HEC Montréal, Omar Aktouf s’est distingué par sa vision alternative du management, opposée aux logiques strictement financières et productivistes. Son travail a plaidé pour un management éthique, axé sur le respect de l’humain et la justice sociale. Son approche, souvent critique à l’égard des modèles dominants, a profondément marqué le monde académique et les praticiens du management. Son regard acéré sur les dérives du capitalisme et son engagement pour un système plus équitable ont fait de lui une voix respectée dans les cercles académiques et intellectuels(2).
Au-delà de son travail universitaire, le Professeur Aktouf laisse un legs intellectuel précieux pour les générations futures. Ses enseignements et ses écrits continueront d’inspirer ceux qui cherchent à repenser les modèles économiques dans un monde en pleine mutation. Avec son décès, l’Algérie et le monde universitaire perdent l’un de leurs penseurs les plus influents. Mais son œuvre, toujours d’actualité, restera une source d’inspiration pour les chercheurs, les étudiants et tous ceux qui aspirent à un monde du travail plus humain et plus juste » (2)
Le testament intellectuel Pr Omar Aktouf
Le 30 septembre 2016 le professeur Omar Aktouf adressait une lettre à l’Algérie où sans concession il fait le procès du néolibéralisme à la sauce algérienne, il y décrit toute la faune qui gravite autour de l’Algérie C’était en 2016 le pourrissement du système était à son maximum avec des vautours qui s’arrogent tout les droits pour piller le pays. Ce cri du cœur dénonçait la fin de règne du président avec les prémisses de l’imposition du cinquième mandat Bouteflika avec le hold up de l’Algérie par des oligarques impunis qui pillaient le pays Nous l’écoutons. :
Chers compatriotes, chère Algérie
« J’écris ce «chant du cygne» pour informer que j’ai décidé de ne plus me prononcer sur ce qui se passe en Algérie C’est là une décision prise quelque temps après ma participation au débat CNES – experts –gouvernement il y a un an, le 22 septembre 2015. Cela est motivé surtout par le fait que j’ai l’impression, après un certain Simon Bolivar, de sans cesse «labourer la mer». Ni suites ni débats. Sauf lorsque j’ai fait toucher du doigt l’ineptie de certaines «grandes théories US» mises de l’avant par certains de nos «experts» dument adoubé par le Grand Occident et adoptés par nos «élites». Je suis découragé de voir mon propre pays me traiter avec un tel dédain, tandis que presque partout ailleurs, de la Tunisie au Brésil, en passant par le Maroc, France, Allemagne, Colombie, Mexique, Pérou, Équateur… je suis sollicité, invité, écouté, respecté ». « Je suis las de continuer à tenter de donner à mon pays pour ne recevoir en retour qu’indifférence – sinon mépris- ce que d’autres sollicitent, reconnaissent et apprécient. Je suis las de voir notre peuple maintenu au niveau de préoccupations tellement basiques qu’il ne songe même pas à lever la tête ou la voix ou le ton. Je suis las de voir notre pouvoir et ses commensaux faire la sourde oreille et «laisser braire» l’idiot utile qu’il me semble être devenu ». (3)
Son combat contre les fossoyeurs du pays qui émargent au Consensus néolibéral
« Je suis las écrit il de voir fleurir au grand jour, au nez et à la barbe d’un peuple spolié jusqu’à l’os, une nauséabonde complicité entre milieux d’affaires, milieux véreux du pouvoir, et certains milieux dits intellectuels, y compris de la diaspora. Je suis las de tant d’hypocrisies élevées au rang de magistrales leçons managériales-économiques, las de voir glisser comme eau sur plumes de canard les gravissimes révélations des Panama Papers, dévoilant pourtant à quel point nos «élites» politiques et économiques (petite pointe de la pointe visible de l’iceberg ?) se gavent en toute quiétude des fruits de notre pétrole. « Je suis las de faire analyses sur analyses, interviews après interviews, publications après publications, conférences après conférences, pour n’en voir ressortir que… rien ! . Tout le monde cède devant les sirènes de la libre entreprise et du néolibéralisme qui ont infiniment plus de porte-voix que je ne puisse en rêver. » (3)
« Pourtant, ajoute Professeur Aktouf, je voudrais tenter une ultime argumentation quant au caractère absolument létal des théories économiques-managériales dominantes : néoclassique et néolibérale. Ce qui dépasse largement, mais inclut, le cas algérien. Ceci sera mon testament et mon chant du cygne quant à mes contributions à l’analyse de ce que devient ou deviendra notre pays. Sortant, suivant le légendaire conseil d’Einstein, du raisonnement économique pour comprendre pourquoi il y a des problèmes économiques. Et appliquant des éclairages venant de la biologie, de la biophysique et de la thermodynamique, il devient aisé de réaliser que le pivot de la logique économique dominante est irréaliste et destructeur (ce qui dure depuis près de deux siècles, dès l’avènement de la pensée néoclassique) : le principe de croissance infinie, appuyé sur celui du marché autorégulé ».(3)
« Partons du constat scientifique fondamental que tout n’est, in fine, qu’énergie : matière, travail, carburant, électricité, machinerie… Et même argent et capital – ces derniers n’étant que «du travail cristallisé» sous forme monétisée : nulle unité monétaire ne saurait «circuler» sans avoir été, d’abord, la rémunération d’un travail quelconque, effectué quelque part ». Le travail étant de l’énergie, l’équivalence argent-capital-énergie est évidente (le raisonnement est tout aussi valable pour l’argent produit par l’usure, l’intérêt : Il devient donc légitime de se poser la question de savoir d’où provient la quantité d’énergie dénommée «profits» (en tant que quantité monétaire qui n’est, à la base, que portion du paiement du «travail global» à l’origine de ladite valeur ajoutée, qui est à l’origine dudit profit…) ».(3)
« Quelques connaissances en physique et en thermodynamique nous font vite réaliser que nous ne savons faire qu’une chose et une seule avec l’énergie : l’extraire et la détruire ! Irréversiblement. Nul ne sait fabriquer, ni créer, nulle énergie : in fine, puisque tout est énergie, non seulement nous ne créons absolument rien (nous transformons, ce qui est d’abord destruction) mais nous dégradons toujours plus en rapport de ce que nous prétendons créer.En bref, cela veut dire que notre monde marche sur sa tête depuis pas loin de deux siècles en admettant l’idée folle que, contrairement à tout ce qui fait nature et univers la croissance infinie des gains et profits… dans un monde fini ! Ce qui peut en être déduit est imparable : il ne saurait y avoir croissance en un lieu que s’il y a décroissance toujours plus grande ailleurs.»(3)
Cela signifie qu’il n’y a croissance du PNB aux USA par exemple, que parce qu’il y a dégringolade –constante et toujours plus importante – de la qualité de vie des plus démunis, … hyper pauvreté en Afrique, en Asie… réchauffement global, étouffement des océans, hausse des chômages, des inégalités, des conflits. La boucle de rétroaction positive du profit et de la croissance s’alimente d’une autre qui, elle, forcément, s’accélère plus vite : celle de la dégradation exponentielle de la qualité de vie du plus grand nombre et de la nature ».« La seule issue, comme je ne cesse de le crier depuis des décennies, est de renoncer aux létaux principes de l’économie néoclassique et néolibérale, qui dominent notre planète depuis déjà trop longtemps. Aller vers ce que d’aucuns dénomment (et prônent un peu tard) «croissance zéro», «économie de la décroissance», «économie circulaire»… » (3)
Le recours illustratif à l’Earth Overshoot Day Jour du Dépassement
Voulant illustrer pédagogiquement la situation du monde, il fait l’analogie avec la fuite en avant de la boulimie énergétique décrite justement par le jour du dépassement:
« Faut-il être à ce point aveugle ajoue le professeur Aktouf pour ne pas voir que pour chaque pseudo «création», il y a toujours plus de destructions ? C’est exactement ce qu’indique l’indice Earth Overshoot Day (calculé par l’ONG américaine Global Footprint Network : c’est le jour de l’année où nous épuisons tout ce que la Terre ne peut donner qu’au bout de 12 mois, depuis l’eau jusqu’au pétrole en passant par le blé, le poisson, les arbres… et tout ce qu’on voudra…) qui recule chaque année davantage. En 1970, c’était le 23 décembre, en 1993 le 21 octobre, en 2003 le 22 septembre, en 2015 le 13 août et en 2016 le 8 août. Cela signifie que, depuis le 8 août de cette année, nous vivons sur 5 mois de «crédit» pris sur ce que la terre ne donnera qu’en 2017 ! C’est cela qui explique l’accélération du Earth Overshoot Day, et c’est cela qui explique aussi le fait que toutes les pseudo-théories du rattrapage ne sont que poudre aux yeux et impossibles chimères. Si l’Afrique «rattrapait» aujourd’hui le niveau de vie du Canada, il nous faudrait immédiatement, selon des rapports de l’OCDE, deux ou même trois planètes ! Combien en faudrait-il si l’Afrique s’amusait à rattraper le niveau des USA… ou de la Suisse ? » (3)
Que faire : Une solution radicale?
Le professeur Aktouf écrit:
« Ce que j’essaie de vulgariser dans des termes différents la nécessité de d’une croissance en pente douce qui profitent à aussi aux damnés de la Terre. La seule solution serait d’ une décroissance du niveau de vie occidentale énergivore ( 8 tonnes de pétrole pour les Etats Unis,4 tonnes pour l’Europe moins d’une tonne pour l’Afrique) Le professeur Aktouf prône des mesures radicales : « La chose la plus intelligente à faire avec la finance . la finance est l’ennemi de l’économie c’est de fermer immédiatement toutes les bourses et nationaliser toutes les banques du monde qui étatisent ou enlèvent aux banques privées le droit de création monétaire ! » (3)
« Voilà le combat intelligent que nos élites, en Algérie et ailleurs, devraient mener, pas celui du continu et suicidaire «comment enrichir plus les riches», sous prétexte que «le marché» transformera leur enrichissement en emplois, en services, en bien-être commun ! Mais… qui est prêt à écouter ce discours ? A faire l’effort de le comprendre ? A en faire une plateforme d’économie politique ? Une plateforme électorale ? L’écrivain-philosophe, Upton Sinclair, m’aide à conclure cet ultime cri par cette magistrale formule : «Il relève de l’impossible que de tenter d’expliquer quelque chose à quelqu’un dont les intérêts et les émoluments dépendent précisément du fait qu’il n’y comprenne rien !» (3)
On le voit les propos du professeur paraissent relever de l’utopie tant la situation est complexe mais ils sont de loin respectables comparés à ceux qui changent de « stratégie de reptation » au gré des princes du moment.
Conclusion
Un grand penseur unanimement respecté dans le monde. Un penseur de gauche, se battant par la science pour la justice, pour le peuple, contre le grand capital et la pensée libérale et néo-libérale qui envahissait le monde se voulant citoyen du Monde, il fit une brillante carrière au Canada son pays d’adoption. Il avait, cependant, l’ Algérie, dans la peau, ce pays, il chérissait et qu’il a honoré tout au long de sa vie, qu’il a défendu par une production scientifique d’exception. Notamment sur ce qui paraissait de bon sens dans la conduite économique du pays il pensait librement et sans haine de soi, un homme de gauche, un résistant à tous les récits dominants Sa réflexion profonde, sa vision audacieuse pouvaient paraitre clivantes tant ce personnage était monolithique toujours droit dans ses bottes !
Nul n’est prophète dit on , en son pays Comme Simon Bolivar qui s’est battu pour l’unité du sous-continent, à la fin de sa vie la fameuse phrase il a labouré les océans Le professeur a défendu une certaine idée de la dignité humaine et il était systématiquement contre la mondialisation laminoir et le néolibéralisme sauvage de Reagan et Thatcher qui laissent les faibles sans état d’âme sur le bord de la route . Il prônait une civilisation à visage humain : La générosité intellectuelle est pour nous une référence. Il s’est attelé pendant des décennies à faire réveiller les consciences de son auditoire en tous lieux. Omar Aktouf est devenu une référence incontournable dans le domaine économique en Algérie et dans le Monde
Ces vers de Victor Hugo me paraissent appropriés pour résumer son combat loin des feux de rampe, du m’as-tu vu , avec la situation d’avoir fait son devoir vis-à-vis des hommes.et de son pays C’est donc serein sans haine ni passion q’il nous laisse son précieux testament
“Il n’avait pas de gîte, pas de pain, pas de feu, pas d’amour ; mais il était joyeux parce qu’il était libre.” Il dort. Quoique le sort fût pour lui bien étrange, il vivait.
Il mourut quand il n’eut plus son ange ; la chose simplement d’elle-même arriva, comme la nuit se fait lorsque le jour s’en va. »
Reposez en paix, cher professeur l’Algérie ne vous oubliera pas.
Reposez en paix, cher professeur l’Algérie ne vous oubliera pas.
Par Chems Eddine Chitour.
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