L’IA, une gabegie énergétique ? Radioscopie d’une intox.
Question : Pourquoi les chiffres alarmistes sur le coût écologique et énergétique de l'IA, tels que la consommation d'eau ou les équivalents CO2, notamment via les critiques contre les images générées dans le cadre de la tendance des starter packs, citent-ils systématiquement les fourchettes les plus élevées ?
Pierre Beyssac : Cela permet de susciter la peur et d’exagérer l'impact de l’intelligence artificielle.
Pierre Beyssac : Cela permet de susciter la peur et d’exagérer l'impact de l’intelligence artificielle.
Cela génère aussi du buzz et offre des prétextes marginaux pour critiquer l'IA, qui effraie une partie de la population pour diverses raisons.
L'alibi énergétique est très pratique en ce moment pour critiquer toute évolution technologique, et l’IA n'échappe pas à cette règle.
Quelle est la différence entre “gaspillage” d’eau et “utilisation” d’eau dans un data center ? Est-ce pertinent de parler de “gaspillage” ?
Le terme de "gaspillage" est un jugement de valeur. Tout dépend des usages qui sont faits de l’IA et des ressources.
Quelle est la différence entre “gaspillage” d’eau et “utilisation” d’eau dans un data center ? Est-ce pertinent de parler de “gaspillage” ?
Le terme de "gaspillage" est un jugement de valeur. Tout dépend des usages qui sont faits de l’IA et des ressources.
Par exemple, lorsque quelqu’un prend une douche, personne ne parle de gaspillage si la consommation d'eau reste raisonnable.
Il est important de savoir que l’eau utilisée dans les data centers n’est pas totalement consommée.
Elle ne disparaît pas de la planète. Dans la grande majorité des cas, elle est rejetée dans son état d'origine, aussi propre qu'elle a été extraite. Parfois, il ne s'agit même pas d'eau potable utilisée pour refroidir les data centers.
On utilise parfois des eaux usées, et de nombreux circuits fermés sont mis en place pour éviter les pertes inutiles d'eau, notamment en Europe, où les data centers sont généralement plus respectueux de l'environnement que ceux des États-Unis.
Un autre facteur important à prendre en compte sur l’impact de l’IA est que les pratiques des États-Unis sont souvent mises en avant pour critiquer l'impact écologique et énergétique d'une technologie, notamment la consommation d’électricité carbonée.
Un autre facteur important à prendre en compte sur l’impact de l’IA est que les pratiques des États-Unis sont souvent mises en avant pour critiquer l'impact écologique et énergétique d'une technologie, notamment la consommation d’électricité carbonée.
Mais la situation en Europe, et en particulier en France, est très différente. Nous bénéficions dans l’Hexagone d’une électricité beaucoup moins carbonée et d’installations beaucoup plus économes en ressources.
Citer les pratiques américaines pour critiquer l'IA en France n'est donc pas honnête car cela permet de gonfler les chiffres.
Est-ce que générer une image avec une IA consomme réellement plus que le fait de faire une recherche sur Google ou de passer 5 minutes sur TikTok ?
La génération d'une image avec une IA consomme plus aujourd'hui mais cela ne sera probablement pas le cas indéfiniment car les technologies s'améliorent très rapidement. Il y a encore quelques années, il était préférable de taper directement une adresse de site plutôt que de faire une recherche sur Google. Aujourd’hui, le fait d’effectuer une recherche Google est devenu anodin alors qu’autrefois, cela avait soulevé des critiques de la part des défenseurs de l’environnement. Cela montre bien l'évolution des mentalités. La génération d'une image via l’IA consomme probablement un peu plus d'énergie, mais cela reste relativement faible comparé à l'usage d’une voiture.
Est-ce que générer une image avec une IA consomme réellement plus que le fait de faire une recherche sur Google ou de passer 5 minutes sur TikTok ?
La génération d'une image avec une IA consomme plus aujourd'hui mais cela ne sera probablement pas le cas indéfiniment car les technologies s'améliorent très rapidement. Il y a encore quelques années, il était préférable de taper directement une adresse de site plutôt que de faire une recherche sur Google. Aujourd’hui, le fait d’effectuer une recherche Google est devenu anodin alors qu’autrefois, cela avait soulevé des critiques de la part des défenseurs de l’environnement. Cela montre bien l'évolution des mentalités. La génération d'une image via l’IA consomme probablement un peu plus d'énergie, mais cela reste relativement faible comparé à l'usage d’une voiture.
J’ai vu un chiffre qui estimait qu’à titre de comparaison, parcourir environ six mètres en voiture correspond au fait de générer une image via l’IA, ce qui reste un ordre de grandeur extrêmement faible.
De plus, la technologie s'améliore constamment. Si ces technologies n’étaient pas optimisées, il ne serait pas économiquement viable de proposer des images gratuites générées par IA de cette manière.
Le coût de l’énergie ne peut pas être caché et sera payé rapidement.
Si l’usage de l’IA consommait des ressources considérables, il serait tout simplement impossible d’offrir des images gratuites en grande quantité.
Quel est l’intérêt réel de comparer une image IA à un Paris-New York en avion, et pourquoi ces analogies peuvent-elles induire en erreur ?
L'analogie avec le vol Paris-New York en avion est souvent utilisée car l'avion est perçu comme la bête noire des écologistes.
Quel est l’intérêt réel de comparer une image IA à un Paris-New York en avion, et pourquoi ces analogies peuvent-elles induire en erreur ?
L'analogie avec le vol Paris-New York en avion est souvent utilisée car l'avion est perçu comme la bête noire des écologistes.
Les avions et le trafic aérien émettent beaucoup de CO2.
C'est pour cela qu'ils sont présentés comme le mal absolu en termes de consommation énergétique. Cette comparaison avec les voyages en avion est principalement utilisée pour marquer les esprits mais cela ne permet pas de mettre en perspective les ordres de grandeur de manière rationnelle.
Pourquoi la communication autour de l’impact environnemental du numérique cible-t-elle plus l’IA que d'autres usages massifs et invisibilisés ?
Il existe une forme de technophobie. Tout ce qui est nouveau provoque souvent de la suspicion.
En particulier, l'IA suscite des inquiétudes quant à ses conséquences sur la société.
Elle est donc mise en avant et pointée du doigt, même s'il existe des usages bien plus polluants qui sont acceptés, comme l’utilisation de la voiture ou le fait de regarder la télévision sur un grand écran.
Ces pratiques sont relativement polluantes, mais elles sont beaucoup moins mises en avant et dénoncées car elles font partie de notre quotidien depuis longtemps.
Pourquoi la communication autour de l’impact environnemental du numérique cible-t-elle plus l’IA que d'autres usages massifs et invisibilisés ?
Il existe une forme de technophobie. Tout ce qui est nouveau provoque souvent de la suspicion.
En particulier, l'IA suscite des inquiétudes quant à ses conséquences sur la société.
Elle est donc mise en avant et pointée du doigt, même s'il existe des usages bien plus polluants qui sont acceptés, comme l’utilisation de la voiture ou le fait de regarder la télévision sur un grand écran.
Ces pratiques sont relativement polluantes, mais elles sont beaucoup moins mises en avant et dénoncées car elles font partie de notre quotidien depuis longtemps.
Les nouvelles technologies, et l'IA en particulier, suscitent des interrogations chez ceux qui ne voient pas encore clairement son utilité. L’intelligence artificielle est donc une des cibles privilégiées pour les contestations.
De plus, la science et l'innovation sont parfois perçues, à tort et par idéologie, comme des avancées du capitalisme visant à exploiter les citoyens, ce qui n’est pas une vision réaliste ni honnête de la situation.
Comment expliquer que certains militants écologistes très actifs en ligne oublient l’impact carbone de leurs propres usages numériques ?
Cela cache une forme de mauvaise foi.
Lorsqu'une grande figure de l'écologie plante des arbres en Guyane pour rencontrer ses collègues militants tout en critiquant la génération d'images par l'IA, il est possible de se demander si cette personne prend réellement du recul ou si elle fait preuve de mauvaise foi.
Chacun a tendance à juger les actions des autres tout en ignorant les siennes. C'est une tendance naturelle.
En France, notamment, il est souvent plus facile de critiquer ce que font les autres que de se remettre en question soi-même.
De plus, la science et l'innovation sont parfois perçues, à tort et par idéologie, comme des avancées du capitalisme visant à exploiter les citoyens, ce qui n’est pas une vision réaliste ni honnête de la situation.
Comment expliquer que certains militants écologistes très actifs en ligne oublient l’impact carbone de leurs propres usages numériques ?
Cela cache une forme de mauvaise foi.
Lorsqu'une grande figure de l'écologie plante des arbres en Guyane pour rencontrer ses collègues militants tout en critiquant la génération d'images par l'IA, il est possible de se demander si cette personne prend réellement du recul ou si elle fait preuve de mauvaise foi.
Chacun a tendance à juger les actions des autres tout en ignorant les siennes. C'est une tendance naturelle.
En France, notamment, il est souvent plus facile de critiquer ce que font les autres que de se remettre en question soi-même.
Il est toujours plus simple de demander aux autres de respecter certaines injonctions que de s'imposer soi-même des règles et des comportements similaires.
Peut-on parler d’un “greenwashing inversé” quand des militants, des ONG ou des experts amplifient l’impact environnemental d’une technologie pour paraître vertueux ?
Oui, complètement. Il s'agit là de procès à charge.
Peut-on parler d’un “greenwashing inversé” quand des militants, des ONG ou des experts amplifient l’impact environnemental d’une technologie pour paraître vertueux ?
Oui, complètement. Il s'agit là de procès à charge.
Les impacts sont exagérés.
Les fourchettes maximales sont citées et les corrections ou ajustements qui pourraient remettre les données à leur juste mesure ne sont pas prises en compte.
Les fourchettes maximales sont citées et les corrections ou ajustements qui pourraient remettre les données à leur juste mesure ne sont pas prises en compte.
Il y a une volonté délibérée d'exagérer.
Par ailleurs, les impacts positifs ne sont jamais mentionnés.
C'est un peu l'optique décroissante, celle qui cherche à réduire au maximum les usages, même si ces usages ont un impact positif. Cela devient difficile à justifier car, par exemple, l'IA permet de réaliser des tâches plus rapidement, comme la rédaction de documents, la traduction ou même l'écriture de code.
Par ailleurs, les impacts positifs ne sont jamais mentionnés.
C'est un peu l'optique décroissante, celle qui cherche à réduire au maximum les usages, même si ces usages ont un impact positif. Cela devient difficile à justifier car, par exemple, l'IA permet de réaliser des tâches plus rapidement, comme la rédaction de documents, la traduction ou même l'écriture de code.
Dans le domaine informatique, si une tâche peut être accomplie en cinq minutes avec une IA, alors qu’elle prend une heure et demie à accomplir manuellement, cela représente une économie énergétique significative.
Cependant, ce type de bénéfice n'est jamais mis en avant.
Les médias ne se sont-ils pas également laissés influencer par une forme d'idéologie qui diaboliserait l'IA et les nouvelles technologies ?
Les médias ne se sont-ils pas également laissés influencer par une forme d'idéologie qui diaboliserait l'IA et les nouvelles technologies ?
Bien que le fact-checking soit présent pour de nombreux sujets, pourquoi n’assistons-nous pas à un équilibrage plus neutre concernant l'impact environnemental et énergétique des technologies dans les médias ?
L'intelligence artificielle (IA) va s'imposer d'elle-même. En particulier dans la presse écrite, l'IA est tellement utile pour aider à la rédaction de textes ou à la recherche d'informations qu'il est certain que son usage deviendra incontournable.
L'intelligence artificielle (IA) va s'imposer d'elle-même. En particulier dans la presse écrite, l'IA est tellement utile pour aider à la rédaction de textes ou à la recherche d'informations qu'il est certain que son usage deviendra incontournable.
De nombreux journaux l'utilisent déjà, de manière plus ou moins explicite.
L'usage de l'IA se diffusera donc naturellement et contribuera à dédramatiser la situation.
L'usage de l'IA se diffusera donc naturellement et contribuera à dédramatiser la situation.
Les grands annonceurs, notamment les constructeurs automobiles ou les vendeurs de voyages, sont des secteurs d'activités relativement polluants.
Ces acteurs n'ont pas forcément intérêt à ce qu'on parle directement de leur impact environnemental.
Ces acteurs n'ont pas forcément intérêt à ce qu'on parle directement de leur impact environnemental.
Il est donc plus simple de détourner l'attention en critiquant l'IA.
De plus, pour des raisons politiques, il est beaucoup moins probable que des manifestations comme celles des Gilets jaunes aient lieu à cause des critiques sur le numérique.
Par exemple, les mouvements de protestation concernant les restrictions de circulation, contre les ZFE sont plus visibles.
De plus, pour des raisons politiques, il est beaucoup moins probable que des manifestations comme celles des Gilets jaunes aient lieu à cause des critiques sur le numérique.
Par exemple, les mouvements de protestation concernant les restrictions de circulation, contre les ZFE sont plus visibles.
En revanche, il est plus facile de s'attaquer au secteur numérique, étant donné le scepticisme général qui existe dans la population à l'égard de ces technologies.
Quelles solutions existent pour rendre l’IA plus éco-efficiente, moins énergivore sans diaboliser les nouvelles technologies ?
Cela correspond à l'histoire de l'informatique. Les acteurs des nouvelles technologies ont toujours réussi à faire plus avec moins de ressources.
Quelles solutions existent pour rendre l’IA plus éco-efficiente, moins énergivore sans diaboliser les nouvelles technologies ?
Cela correspond à l'histoire de l'informatique. Les acteurs des nouvelles technologies ont toujours réussi à faire plus avec moins de ressources.
Il y a des améliorations constantes au niveau des algorithmes, avec la loi de Moore sur la puissance de calcul des ordinateurs, sur les systèmes de calcul, ainsi que via des optimisations dans tous les domaines.
Au niveau des data centers, qui sont souvent critiqués, des efforts sont faits pour optimiser l'utilisation des ressources.
Ces optimisations profitent des effets de masse et des économies d'échelle pour rendre les systèmes plus économes.
Ces optimisations profitent des effets de masse et des économies d'échelle pour rendre les systèmes plus économes.
Ces évolutions se déroulent donc de manière naturelle.
De nombreuses personnes travaillent déjà sur ces problématiques.
De nombreuses personnes travaillent déjà sur ces problématiques.
C'est même le cœur du métier des informaticiens et des électroniciens : se débarrasser de l'énergie utilisée qui se transforme en chaleur.
La chaleur, c'est l'effet Joule, qui correspond à la consommation énergétique du numérique et qui constitue un phénomène indésirable.
Cela empêche d'augmenter les puissances de calcul de manière efficace.
La chaleur, c'est l'effet Joule, qui correspond à la consommation énergétique du numérique et qui constitue un phénomène indésirable.
Cela empêche d'augmenter les puissances de calcul de manière efficace.
Par définition, les informaticiens et électroniciens doivent donc réduire l'effet Joule et, par conséquent, la consommation énergétique.
Cela est particulièrement crucial pour les équipements mobiles car la consommation énergétique impacte directement l'autonomie des batteries.
Cela est particulièrement crucial pour les équipements mobiles car la consommation énergétique impacte directement l'autonomie des batteries.
Pour que les équipements mobiles aient une autonomie de batterie utilisable, il faut impérativement limiter la consommation d'énergie.
Il est impossible d'avoir des consommations d'énergie qui augmentent indéfiniment.
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