Israël-Palestine : « Une occupation pacifique et démocratique, ça n’existe pas », pour l'historien Henry Laurens.

Israël-Palestine : « Une occupation pacifique et démocratique, ça n’existe pas », pour l'historien Henry Laurens.


Professeur au Collège de France, Henry Laurens explique pourquoi l’attaque perpétrée par le Hamas le 7 octobre s’inscrit dans l’histoire longue du conflit israélo-palestinien, tout en marquant une rupture sans précédent.

Publié le 6 novembre 2023
Mis à jour le 7 mai 2025

Par Scarlett Bain
En 1948, à la proclamation de l’État d’Israël, plus de 700 000 Palestiniens sont chassés de leur maison et de leur terre. 
C’est la Nakba, la catastrophe en arabe. ©History/Universal Images Group via Getty Images

Historien, auteur de cinq volumes de référence sur la Question de Palestine1, Henry Laurens livre son analyse sur le conflit en cours. Depuis 2003, il occupe au Collège de France la chaire d’histoire contemporaine du monde arabe.

Bien loin de la lecture clivante du conflit qui inonde en ce moment les débats dans les grands médias et sur les réseaux sociaux, le spécialiste du Proche-Orient prend la distance nécessaire pour porter une analyse d’une limpidité déconcertante sur les conséquences de cet événement pour Israël et les positions des pays occidentaux. 
L’historien depuis longtemps se dit pessimiste sur l’issue du conflit israélo-palestinien ; Il explique pourquoi.

Comment analysez-vous les événements qui se déroulent au Proche-Orient depuis le 7 octobre ?

Les hommes du Hamas qui ont attaqué les villes limitrophes de la bande de Gaza et les kibboutz sont dans leur grande majorité les descendants des Palestiniens qui ont été chassés de ces zones en 1948-1949. 
Ce moment est connu dans l’histoire sous le nom de la Nakba ( « catastrophe » en français – N.D.L.R.). Quand l’armée israélienne a conquis cette partie de la Palestine, elle a ordonné des expulsions massives.

D’autre part, le conflit en cours renvoie à l’échec, et non pas à la victoire, d’Israël lors de la guerre des Six-Jours (1967). 
Pour Israël, c’était censé être la dernière des guerres, celle qui lui donnerait la sécurité et en même temps les acquisitions de territoire. 
Dans les faits 1967 a conditionné l’occupation et par là une violence permanente. 
Il n’y a pas d’occupation pacifique et démocratique, cela n’existe pas.
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Assistons-nous à une rupture dans l’histoire d’Israël ?

L’attaque du 7 octobre marque en un certain sens l’échec du projet sioniste. La garantie de sécurité des juifs vole en éclats. 
Le discours était de dire : si nous avions eu durant la Seconde Guerre mondiale l’armée d’aujourd’hui, la Shoah ne se serait pas produite. Or, la dimension du choc vient justement rappeler l’extermination...

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Source : Youtube 




Commentaire :


Si Israël devient un État paria à l’échelle mondiale, cela changera-t-il la perspective sioniste ?


La condamnation mondiale continue de croître, même les alliés occidentaux commencent à s’opposer aux États-Unis et à Israël.

Les habitants de ces pays ont exprimé leur voix au sujet de cette situation au cours de l’année écoulée et les gouvernements semblent finalement adopter un ton différent.

Pour beaucoup d’entre nous, c’est la première guerre diffusée sur nos téléphones. Nos vies ne seront plus jamais les mêmes. Nous ne pourrons plus jamais voir Israël de la même façon.

« Les États parias ont tendance à développer un ressentiment à l’égard de l’ordre mondial établi. Ils pourraient chercher à renverser le statu quo international. 

Cela semble comparable à ce que nous voyons aujourd’hui.

Devenir un État paria serait-il suffisant pour que l’autre partie réalise enfin que ce qu’elle fait est inhumain ?

Comme le dit le proverbe, si tout le monde dit que vous êtes mort, il est peut-être temps de vous allonger.



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