Initiative atlantique : Le Royaume passe de la vision à l’action.


Initiative atlantique : Le Royaume passe de la vision à l’action.




Le 24/06/2025

Sa Majesté le roi Mohammed VI présidant un Conseil des ministres, lundi 12 mai 2025 au Palais Royal à Rabat.


Portée par une vision ambitieuse de S.M le Roi Mohammed VI, l’Initiative atlantique trace une nouvelle voie de coopération entre le Royaume et les pays sahéliens, en ouvrant un accès stratégique à l’Atlantique. 

Dix-huit mois après son lancement, ce projet structurant se concrétise sur le terrain, jetant les bases d’un développement partagé, d’une intégration régionale renforcée et d’une stabilité durable. 

Dix-huit mois après son lancement en novembre 2023 par le Roi Mohammed VI, l’Initiative atlantique, ambitieuse stratégie visant à connecter les États sahéliens enclavés à l’Atlantique via le Royaume, entre dans une phase de concrétisation.

Mais, au-delà des discours, que se passe-t-il réellement sur le terrain ?

«La mise en œuvre de l’Initiative atlantique est désormais bien engagée sur plusieurs fronts, traduisant le passage du concept stratégique à une opérationnalisation réelle», a affirmé Rida Lyammouri, spécialiste reconnu des dynamiques sécuritaires au Sahel, dans un entretien accordé au magazine Jeune Afrique.

Pour lui, la diplomatie marocaine a intensifié les contacts bilatéraux avec les États de l’Alliance du Sahel (Mali, Burkina Faso et Niger), ainsi qu’avec la Mauritanie, acteur-pivot de la jonction sahélo-atlantique.

Au niveau des infrastructures, des chantiers structurants ont été lancés.

«La construction du port en eaux profondes de Dakhla progresse, avec une mise en service envisagée autour de 2028-2029. La route express Tiznit-Dakhla est quasiment achevée, et une nouvelle liaison transfrontalière vers la Mauritanie est en phase finale», a expliqué Lyammouri.

Côté mauritanien, les autorités travaillent à prolonger ce corridor sur leur territoire.

Prochaine étape, un cadre multilatéral officiel consolidé.

Le Royaume «avance par étapes: il pose d’abord les fondations techniques et politiques, en construisant des convergences bilatérales solides. 
Le cadre multilatéral viendra ensuite», analyse le chercheur.

Ce processus mobilise une diversité d’acteurs nationaux et internationaux, publics et privés.

Sur un plan diplomatique, plusieurs pays sahéliens se sont, officiellement, ralliés au projet.

«Les ministres des Affaires étrangères du Mali, du Burkina Faso et du Niger ont été reçus à Rabat en avril dernier, illustrant un ralliement politique réel. La Mauritanie, de son côté, joue un rôle clé dans la continuité territoriale de l’initiative», a souligné Lyammouri.

Face à l’ampleur des investissements requis, le Royaume ne peut porter seul le fardeau financier.

«Deux partenaires se démarquent: la France, via l’AFD et ses entreprises comme Engie ou Proparco, et les Émirats arabes unis, très engagés dans les infrastructures portuaires et énergétiques», a déclaré Lyammouri à Jeune Afrique.

D’autres partenaires potentiels comme la Chine ou des institutions comme la Banque mondiale et la BAD montrent aussi un intérêt croissant.

Si la stratégie se veut avant tout un vecteur de développement, elle pourrait aussi devenir un levier stabilisateur dans un Sahel sous tension.

Le Royaume «agit sur les racines de l’instabilité: pauvreté, isolement logistique, chômage. Il crée des alternatives crédibles à l’économie de prédation», estime Lyammouri.

L’Initiative favorise ainsi une forme de stabilisation indirecte par la connectivité, la coopération régionale et la création d’emplois.

Dans un contexte de retrait occidental et de montée en puissance de groupes comme Wagner, cette stratégie fait aussi figure de contre-offre.

Le Royaume «ne cherche pas à remplacer qui que ce soit, mais à construire une solution africaine aux défis africains, en misant sur l’intégration régionale, la souveraineté partagée et la solidarité», précise Lyammouri.

Une approche fondée non pas sur la force, mais sur la diplomatie économique.

Pour le chercheur, l’aboutissement est clair: il s’agit de consolider son rôle de puissance africaine de lien.

«Oui, il y a un intérêt économique, mais aussi une ambition géopolitique assumée. En facilitant l’accès des pays enclavés au commerce maritime, Rabat renforce sa profondeur stratégique et stabilise son environnement sahélien. C’est une logique de jeu à somme positive», a-t-il conclu.

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