Naïma El Fethaoui : « L’ingérence de l’État dans l’auto-régulation de la presse nuit gravement à la démocratie ».
Naïma El Fethaoui : « L’ingérence de l’État dans l’auto-régulation de la presse nuit gravement à la démocratie ».

Publié le 31 mai 2025
Lors de la séance des questions orales à la Chambre des représentants, hier lundi, Naïma El Fethaoui, membre du groupe du Parti justice et développement (PJD), a exprimé une vive inquiétude quant à la gestion par le gouvernement du secteur de la presse, qu’elle a qualifiée de «coup de force législatif» contre l’article 28 de la Constitution.
Atteinte au principe d’auto-régulation.
La parlementaire a dénoncé ce qu’elle appelle un «contrôle excessif» du gouvernement sur le Conseil national de la presse (CNP), censé être un organe autonome garant de l’éthique et de la liberté journalistique.
Selon elle, la désignation d’une commission provisoire pour diriger le Conseil constitue une atteinte grave à l’indépendance du secteur et un recul démocratique, en contradiction avec les principes de l’auto-régulation instaurés depuis 2018.
Cartes de presse : Opacité et centralisation
El Fethaoui s’est également indignée du manque de transparence dans la gestion des cartes de presse professionnelles, s’interrogeant ouvertement sur l’identité de l’autorité chargée de les délivrer ou de les retirer.
Elle y voit une instrumentalisation administrative qui sape la confiance des professionnels dans les instances de régulation.
Autre point soulevé: la distribution inéquitable du soutien public au secteur de la presse.
La députée affirme que seules certaines grandes entreprises médiatiques bénéficient de ces aides, au détriment des petits journaux régionaux et locaux, bafouant ainsi le principe d’équité territoriale.
Procès au pénal : Un climat de peur
Naïma El Fethaoui a également dénoncé les poursuites pénales contre plusieurs journalistes, certains ayant été condamnés à des amendes « colossales » dépassant les 1,5 milliard de centimes (15 millions de dirhams), le cas de Hamid El Mahdaoui ciblé par deux nouvelles plaintes déposées par le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi.
Elle a critiqué l’utilisation du Code pénal dans ces affaires, estimant que ces procès participent à un climat de peur et d’intimidation, incompatible avec la liberté d’expression.
La députée a également reproché au gouvernement le manque de concertation réelle avec les professionnels de la presse, s’interrogeant sur la préparation des prochaines élections professionnelles et sur le futur cadre institutionnel du Conseil national de la presse.
Pour El Fethaoui, «la situation est devenue alarmante» et «les gens craignent de plus en plus pour l’avenir de la liberté d’expression au Maroc».
Bensaid se défend
En réponse à la députée, le ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, Mohamed Mehdi Bensaid, a annoncé l’élaboration d’un nouveau texte de loi relatif au Conseil national de la presse (CNP).
Ce projet de loi a été examiné par le gouvernement dans la forme, tandis que son contenu fera l’objet de discussions avec les professionnels du secteur dans le cadre de l’auto-régulation de la profession.
Répondant à des questions sur «l’autorégulation du secteur de la presse», le ministre a relevé que les conclusions de l’expérience de l’auto-régulation ont constitué une source d’élaboration de ce texte, notant que l’objectif est d’aboutir à «un texte garantissant l’autorégulation et la moralisation de la profession de presse».
Sur la question du financement de la presse, il a assuré que le gouvernement soutient directement les journalistes depuis la Pandémie et que cette forme de soutien a été adoptée par l’ancien gouvernement.
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