Mohammedia, ses poubelles, sa pollution, ses trottoirs...
Le maire et ses opposants s'expliquent.
Ordures, pollution, occupation d’espace public, urbanisation anarchique… Les maux ne manquent pas à Mohammédia dont les habitants commencent à pâtir de la mauvaise gestion de leurs élus.
L’anarchie règne à Mohammedia.
Par où commencer ?
Ordures, pollution, occupation d’espace public, urbanisation anarchique, manque d’infrastructures hospitalières, culturelles et sportives… les problèmes que traverse la ville sont légion.
Face à ce constat, des personnalités et des associatifs locaux s’activent de plus en plus sur les réseaux sociaux pour dénoncer la situation à coup de photos, de vidéos, de publications et de directs.
Le 17 août dernier, ces «activistes du web» sont sortis du virtuel pour organiser un sit-in en face de l’hôtel de la ville. Ils accusent les autorités et les élus locaux d’incompétence et de laxisme.
Certains manifestants isolés ont même appelé au départ du président du Conseil de la commune.
Natif de la ville, Mohamed Khouyibaba, doyen des journalistes sportifs, s’est aussi converti en lanceur d’alerte en créant depuis trois ans une page Facebook intitulée « Rassemblons-nous contre les dépravateurs à Mohammedia ».
Voici son coup de gueule livré à H24Info face à la crise que traverse l’ancienne ville des fleurs envahie aujourd’hui par le béton et polluée par la poussière noire.
Budget: où va l'argent ?
Hassan Antara, président PJD du Conseil de la commune, dans un entretien accordé à H24Info, estime que les problèmes que connaît Mohammedia remontent à plusieurs années et ne peuvent être résolus en un coup de baguette.
Dans ce sens, il pointe l’insuffisance du budget alloué à la ville et qui s’élève à 210 millions de dirhams annuellement. «Nous dépensons 70 millions de dirhams pour quelque 900 fonctionnaires de la commune, 50 millions de dirhams pour l’eau et l'électricité publics et 60 millions de dirhams pour la gestion des déchets.
Le reste ne nous permet pas de répondre aux autres besoins urgents de la ville», explique-t-il.
Pour faire face à ce manque de moyens, Antara indique avoir fait appel au ministère de l’Intérieur pour revoir à la hausse le budget de la ville. Selon lui celle-ci a besoin de pas moins de 300 millions de dirhams annuellement.
Face aux nombreuses problématiques que connaît la ville, particulièrement en ce qui concerne le manque d’infrastructures hospitalières, ou encore le phénomène de la poudre noire qui pollue davantage la ville, le président PJD, annonce des projets à venir, affirmant bénéficier du soutien de Saad Eddine El Othmani.
Ce dernier était, en effet, député de la ville avant de devenir chef de gouvernement.
D’ailleurs, il a, à plusieurs reprises, déclaré avoir une dette envers Mohammedia.
Seulement 250 poubelles pour toute la ville
La Commune de Mohammedia alloue pas moins de 60 millions de dirhams annuellement à la gestion déléguée des ordures ménagères. Ce qui n'empêche pas les rues de la ville de se transformer en dépotoirs.
Et pour cause, au lieu de disposer de 1400 bennes nécessaires pour la collecte des déchets, la ville n’en compte que quelques 250, de l’aveu même du président PJD du Conseil de la commune.
Antara met ce dysfonctionnement sur le dos du cahier de charge signé par ses prédécesseurs avec Sita, société filiale du groupe Suez, spécialisée dans la gestion et la valorisation des déchets.
En effet, ce cahier de charge n’impose pas à Sita de laver les bacs à ordures ni de les renouveler.
Le président de la Commune a tenté de riposter en intentant un procès en justice en France contre cette société. «Mais sans grand succès, tellement nous sommes en position de faiblesse à cause de ce contrat plein de lacunes», dénonce-t-il
Selon lui, la société avance également un cas de force majeure : la décharge située à Benikhlef où sont déversés les déchets est fermée de 17h à minuit.
Résultat: dans la soirée, les déchets s’accumulent autour du peu de poubelles parsemées dans la ville, suscitant le ras-le-bol des riverains.
Concernant une éventuelle résiliation du contrat avec Sita, Antara est catégorique: «Nous ne sommes pas prêts à résilier ce contrat qui va expirer dans une année. Nous pâtissons déjà d’un déficit de 40 millions de dirhams dû à la résiliation par l’ancienne équipe du Conseil du contrat avec Tecmed, la précédente société chargée de la gestion déléguée des déchets».
Les alliés du président devenus ses ennemis !
Cette question des déchets est un sujet parmi tant d’autres qui divisent les composantes du Conseil de la commune.
Ce manque de cohésion au sein de la majorité du Conseil prend lui aussi en otage le bon fonctionnement de la ville.
«Nous sommes aujourd’hui avec le RNI, totalement opposés à la gestion de la ville. Après avoir soutenu le président pendant deux ans, la situation ne peut pas durer comme ça», tranche Mehdi Mezouari, qui est à son deuxième mandat en tant que conseiller USFP à Mohammédia.
Bien qu’il fasse partie de la majorité composée des conseillers du PJD, de l’USFP et du RNI, Mehdi Mezouari critique violemment l’actuel président et n’hésite pas à démonter un à un ses arguments.
Concernant la question des déchets, Mezouari rétorque que ledit cahier de charge, «bien qu’il soit mal ficelé», n’est pas la véritable source du problème. «Le cahier de charges actuel accorde des pouvoirs de contrôle et la possibilité d’infliger des pénalités à Sita.
Mais ces marges d’action n’ont jamais été exploitées par le président», souligne-t-il.
Mehdi Mezouari fait directement assumer la responsabilité de la défaillance de la gestion de la ville au président PJD.
L’ancien parlementaire de Mohammedia va même jusqu’à qualifier son rival, mais néanmoins toujours allié, «d’incompétent, incapable de fédérer l’ensemble des acteurs du développement de la ville».
La solution selon lui ?
Le départ du président.
Ambulants, gardiens, charrettes, plages privées…
Le phénomène de l’occupation des espaces publics est un autre problème crucial à Mohammédia.
Les habitants se plaignent des chiens errants, des nombreuses charrettes transportées par des animaux, des avenues envahies par les vendeurs ambulants.
Ces derniers sont à l’affût de la moindre parcelle pour étaler leurs produits, aux dépens des passants obligés de jouer du coude pour se frayer leur chemin.
S’ajoutent à cela, des trottoirs délabrés, mal alignés et impraticables.
Les piétons, pire encore, les poussettes de bébé et les personnes en fauteuils roulants n’ont donc d’autres choix que de partager la chaussée avec les véhicules.
Un problème dont souffre particulièrement El Alia, la ville haute.
Dans la ville basse et sur la côte, ce sont les gardiens de voitures qui sévissent.
Ils terrorisent les automobilistes exigeant 10 dirhams pour le stationnement au lieu des 2 dirhams réglementaires.
Sur les plages, là aussi les loueurs de parasols et de chaises arnaquent les estivants.
Le sable est tout simplement devenu payant…
Interrogé sur ces questions, Antara explique que la libération des espaces publics relève de l’autorité locale, à savoir la wilaya. «Nous attirons régulièrement l'attention des autorités afin qu’elles interviennent», explique-t-il avant d’annoncer des projets initiés dans le cadre de l’INDH visant à recaser quelque 600 marchands ambulants «originaires de la ville».
Un seul hôpital pour plusieurs milliers de patients !
Malgré la pollution que connaît la ville, cette dernière ne dispose que d’un seul hôpital qui est saturé à cause de l’affluence massive de patients en provenance de plusieurs communes avoisinantes.
Là encore, à la Commune on parle d’un projet d’hôpital provincial qui date de 2003 et qui «est aujourd'hui en cours d’activation.
Nous avons aujourd’hui débloqué deux terrains ainsi que des fonds pour démarrer prochainement les travaux cet hôpital», assure Antara.
Le sport, des réalisations et des promesses
Le sport dans la ville est au plus bas, l’équipe locale Chabab Mohammedia qui faisait la fierté de la ville évolue aujourd’hui en quatrième division…
En cause : le manque d’infrastructures sportives.
Une situation qui va changer selon le président du Conseil, «dans la mesure où ont démarré récemment les travaux d’une grande salle couverte.
Ceci alors qu’ils étaient gelés depuis plus de 10 ans».
Une autre salle couverte, plus petite cette fois-ci, a été inaugurée lundi 21 août et devrait accueillir les équipes de handball et de basket.
Une fierté pour Antara au même titre que d’autres projets débloqués au cours de son mandat, notamment un complexe sportif doté d’une piscine olympique, ou encore le chantier d’une prochaine route qui devrait rendre l’accès à l’autoroute plus facile.
Mais les attentes des habitants de Mohammedia sont nombreuses, notamment pour ce qui concerne la culture, les loisirs, les animations, les espaces verts et bien d'autres.
Mais là encore, Antara table sur une initiative pour sauver Mohammedia : « La démocratie participative est la solution », dit-il.
Par Mohammed Amine Harmach de H24Info
Le lien de la page : le vrai scandale de Mohammedia
Lire aussi :
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Ordures, pollution, occupation d’espace public, urbanisation anarchique… Les maux ne manquent pas à Mohammédia dont les habitants commencent à pâtir de la mauvaise gestion de leurs élus.
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Par où commencer ?
Ordures, pollution, occupation d’espace public, urbanisation anarchique, manque d’infrastructures hospitalières, culturelles et sportives… les problèmes que traverse la ville sont légion.
Face à ce constat, des personnalités et des associatifs locaux s’activent de plus en plus sur les réseaux sociaux pour dénoncer la situation à coup de photos, de vidéos, de publications et de directs.
Le 17 août dernier, ces «activistes du web» sont sortis du virtuel pour organiser un sit-in en face de l’hôtel de la ville. Ils accusent les autorités et les élus locaux d’incompétence et de laxisme.
Certains manifestants isolés ont même appelé au départ du président du Conseil de la commune.
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Natif de la ville, Mohamed Khouyibaba, doyen des journalistes sportifs, s’est aussi converti en lanceur d’alerte en créant depuis trois ans une page Facebook intitulée « Rassemblons-nous contre les dépravateurs à Mohammedia ».
Voici son coup de gueule livré à H24Info face à la crise que traverse l’ancienne ville des fleurs envahie aujourd’hui par le béton et polluée par la poussière noire.
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Budget: où va l'argent ?
Hassan Antara, président PJD du Conseil de la commune, dans un entretien accordé à H24Info, estime que les problèmes que connaît Mohammedia remontent à plusieurs années et ne peuvent être résolus en un coup de baguette.
Dans ce sens, il pointe l’insuffisance du budget alloué à la ville et qui s’élève à 210 millions de dirhams annuellement. «Nous dépensons 70 millions de dirhams pour quelque 900 fonctionnaires de la commune, 50 millions de dirhams pour l’eau et l'électricité publics et 60 millions de dirhams pour la gestion des déchets.
Le reste ne nous permet pas de répondre aux autres besoins urgents de la ville», explique-t-il.
Pour faire face à ce manque de moyens, Antara indique avoir fait appel au ministère de l’Intérieur pour revoir à la hausse le budget de la ville. Selon lui celle-ci a besoin de pas moins de 300 millions de dirhams annuellement.
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Face aux nombreuses problématiques que connaît la ville, particulièrement en ce qui concerne le manque d’infrastructures hospitalières, ou encore le phénomène de la poudre noire qui pollue davantage la ville, le président PJD, annonce des projets à venir, affirmant bénéficier du soutien de Saad Eddine El Othmani.
Ce dernier était, en effet, député de la ville avant de devenir chef de gouvernement.
D’ailleurs, il a, à plusieurs reprises, déclaré avoir une dette envers Mohammedia.
Seulement 250 poubelles pour toute la ville
La Commune de Mohammedia alloue pas moins de 60 millions de dirhams annuellement à la gestion déléguée des ordures ménagères. Ce qui n'empêche pas les rues de la ville de se transformer en dépotoirs.
Et pour cause, au lieu de disposer de 1400 bennes nécessaires pour la collecte des déchets, la ville n’en compte que quelques 250, de l’aveu même du président PJD du Conseil de la commune.
Antara met ce dysfonctionnement sur le dos du cahier de charge signé par ses prédécesseurs avec Sita, société filiale du groupe Suez, spécialisée dans la gestion et la valorisation des déchets.
En effet, ce cahier de charge n’impose pas à Sita de laver les bacs à ordures ni de les renouveler.
Le président de la Commune a tenté de riposter en intentant un procès en justice en France contre cette société. «Mais sans grand succès, tellement nous sommes en position de faiblesse à cause de ce contrat plein de lacunes», dénonce-t-il
Selon lui, la société avance également un cas de force majeure : la décharge située à Benikhlef où sont déversés les déchets est fermée de 17h à minuit.
Résultat: dans la soirée, les déchets s’accumulent autour du peu de poubelles parsemées dans la ville, suscitant le ras-le-bol des riverains.
Concernant une éventuelle résiliation du contrat avec Sita, Antara est catégorique: «Nous ne sommes pas prêts à résilier ce contrat qui va expirer dans une année. Nous pâtissons déjà d’un déficit de 40 millions de dirhams dû à la résiliation par l’ancienne équipe du Conseil du contrat avec Tecmed, la précédente société chargée de la gestion déléguée des déchets».
Les alliés du président devenus ses ennemis !
Cette question des déchets est un sujet parmi tant d’autres qui divisent les composantes du Conseil de la commune.
Ce manque de cohésion au sein de la majorité du Conseil prend lui aussi en otage le bon fonctionnement de la ville.
«Nous sommes aujourd’hui avec le RNI, totalement opposés à la gestion de la ville. Après avoir soutenu le président pendant deux ans, la situation ne peut pas durer comme ça», tranche Mehdi Mezouari, qui est à son deuxième mandat en tant que conseiller USFP à Mohammédia.
Bien qu’il fasse partie de la majorité composée des conseillers du PJD, de l’USFP et du RNI, Mehdi Mezouari critique violemment l’actuel président et n’hésite pas à démonter un à un ses arguments.
Concernant la question des déchets, Mezouari rétorque que ledit cahier de charge, «bien qu’il soit mal ficelé», n’est pas la véritable source du problème. «Le cahier de charges actuel accorde des pouvoirs de contrôle et la possibilité d’infliger des pénalités à Sita.
Mais ces marges d’action n’ont jamais été exploitées par le président», souligne-t-il.
Mehdi Mezouari fait directement assumer la responsabilité de la défaillance de la gestion de la ville au président PJD.
L’ancien parlementaire de Mohammedia va même jusqu’à qualifier son rival, mais néanmoins toujours allié, «d’incompétent, incapable de fédérer l’ensemble des acteurs du développement de la ville».
La solution selon lui ?
Le départ du président.
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Ambulants, gardiens, charrettes, plages privées…
Le phénomène de l’occupation des espaces publics est un autre problème crucial à Mohammédia.
Les habitants se plaignent des chiens errants, des nombreuses charrettes transportées par des animaux, des avenues envahies par les vendeurs ambulants.
Ces derniers sont à l’affût de la moindre parcelle pour étaler leurs produits, aux dépens des passants obligés de jouer du coude pour se frayer leur chemin.
S’ajoutent à cela, des trottoirs délabrés, mal alignés et impraticables.
Les piétons, pire encore, les poussettes de bébé et les personnes en fauteuils roulants n’ont donc d’autres choix que de partager la chaussée avec les véhicules.
Un problème dont souffre particulièrement El Alia, la ville haute.
Dans la ville basse et sur la côte, ce sont les gardiens de voitures qui sévissent.
Ils terrorisent les automobilistes exigeant 10 dirhams pour le stationnement au lieu des 2 dirhams réglementaires.
Sur les plages, là aussi les loueurs de parasols et de chaises arnaquent les estivants.
Le sable est tout simplement devenu payant…
Interrogé sur ces questions, Antara explique que la libération des espaces publics relève de l’autorité locale, à savoir la wilaya. «Nous attirons régulièrement l'attention des autorités afin qu’elles interviennent», explique-t-il avant d’annoncer des projets initiés dans le cadre de l’INDH visant à recaser quelque 600 marchands ambulants «originaires de la ville».
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Un seul hôpital pour plusieurs milliers de patients !
Malgré la pollution que connaît la ville, cette dernière ne dispose que d’un seul hôpital qui est saturé à cause de l’affluence massive de patients en provenance de plusieurs communes avoisinantes.
Là encore, à la Commune on parle d’un projet d’hôpital provincial qui date de 2003 et qui «est aujourd'hui en cours d’activation.
Nous avons aujourd’hui débloqué deux terrains ainsi que des fonds pour démarrer prochainement les travaux cet hôpital», assure Antara.
Le sport, des réalisations et des promesses
Le sport dans la ville est au plus bas, l’équipe locale Chabab Mohammedia qui faisait la fierté de la ville évolue aujourd’hui en quatrième division…
En cause : le manque d’infrastructures sportives.
Une situation qui va changer selon le président du Conseil, «dans la mesure où ont démarré récemment les travaux d’une grande salle couverte.
Ceci alors qu’ils étaient gelés depuis plus de 10 ans».
Une autre salle couverte, plus petite cette fois-ci, a été inaugurée lundi 21 août et devrait accueillir les équipes de handball et de basket.
Une fierté pour Antara au même titre que d’autres projets débloqués au cours de son mandat, notamment un complexe sportif doté d’une piscine olympique, ou encore le chantier d’une prochaine route qui devrait rendre l’accès à l’autoroute plus facile.
Mais les attentes des habitants de Mohammedia sont nombreuses, notamment pour ce qui concerne la culture, les loisirs, les animations, les espaces verts et bien d'autres.
Mais là encore, Antara table sur une initiative pour sauver Mohammedia : « La démocratie participative est la solution », dit-il.
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Le lien de la page : le vrai scandale de Mohammedia
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