La cybercriminalité : Un phénomène menaçant que la DGSN prend très au sérieux.
Au fil de l’évolution des technologies de communication et d’information à travers le temps, les pratiques numériques malveillantes ne cessent d’augmenter et les criminels ne cessent d’innover.
La cybercriminalité et donc devenue une menace mondiale, raison pour laquelle les gouvernements coopèrent entre eux pour lutter contre ce phénomène.
Le Maroc a très vite compris l’enjeu de la cybercriminalité et la menace qu’elle représente pour les citoyens et les Etats. Pour y faire face, le Royaume a rapidement réagi en créant une cellule dédiée au sein de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN).
Il s’agit de la Cellule de lutte contre la cybercriminalité, créée en 2007.
Pour mieux comprendre le travail de cette cellule qui opère efficacement dans l’ombre, Hespress Fr s’est entretenu avec Marouane Hejjouji, Commissaire Divisionnaire et Chef du laboratoire d’analyse des traces numériques à la Brigade nationale de la Police judiciaire (BNPJ) qui nous a expliqué d’abord ce qu’est la cybercriminalité, ses caractéristiques, et comment procède l’unité ainsi l’ambition de ce service composé de jeunes officiers.
Dans un premier temps, le Commissaire divisionnaire nous explique que la cybercriminalité définit l’ensemble des infractions pénales susceptibles d’être commises en utilisant les technologies de l’information et de la communication, où l’on peut distinguer deux catégories principales des crimes cybernétiques.
La première catégorie est lorsque les technologies de l’information et de la communication sont cibles des attaques criminelles, nous explique cet ingénieur de formation qui cite comme exemple les attaques aux systèmes de traitement automatisé des données, les intrusions, les attaques aux sites web, etc.
La deuxième catégorie, poursuit-il, sont les crimes classiques, connus, et qui utilisent la technologie de l’information et de la communication pour faciliter l’acte, comme la sectorision, la diffamation, l’usurpation d’identité sur internet, etc.
La cybercriminalité ne connaît pas les frontières
Depuis la création des nouvelles technologies et leur développement au fil des années, la cybercriminalité a pu surpasser toutes les limités. Parmi ses caractéristiques justement, nous explique Commissaire Hejjouji, c’est qu’il s’agit d’une criminalité transnationale qui ne reconnaît pas les frontières entre les pays et les continents. « On peut très bien trouver un suspect au Maroc et le, ou les, victimes réparties de par le monde« , dit-il.
« Aujourd’hui, la cybercriminalité présente une menace majeure pour tous les pays du monde, que ce soit pour le citoyen, la société ou même la sécurité de l’Etat. Lorsqu’on parle d’un risque pour les citoyens, on parle de crimes comme la sextorsion, la diffamation, l’usurpation d’identité. Ce sont des menaces qui ciblent les citoyens et les internautes« , nous explique-t-il.
« Mais lorsqu’on parle des fausses informations qui circulent, surtout durant la période de confinement qu’a connue le Maroc comme tous les pays du monde, les fake news, par rapport à l’évolution de la pandémie, ce sont là des menaces pour la société« , précise Commissaire Hejjouji.
Pour ce qui est de la menace envers la sécurité de l’État, l’expert cite comme exemple le cyber terrorisme par exemple. « Lorsqu’on incite des individus à commettre des opérations d’aspect terroriste ou recruter des potentiels terroristes sur internet, là on parle de menace contre la sécurité de l’État« , dit-il.
Une stratégie pour lutter contre la cybercriminalité
Consciente de l’ampleur de la cybercriminalité et ce que représente ce type d’infraction, la DGSN a aussitôt mis en place une stratégie de lutte contre ce phénomène, qui couvre plusieurs axes importants.
Le premier axe est la création de services spécialisés dans la lutte contre la cybercriminalité que ce soit sur le plan central ou le plan déconcentré, nous confie l’Ingénieur.
« Sur le plan central, il y a eu la création en 2013 du service de lutte contre la criminalité liée aux nouvelles technologies à la direction centrale de la Police judiciaire à Rabat, qui a pris la place de la cellule. Ensuite, il y a eu la création en 2018, de l’Office national de lutte contre la criminalité liée aux nouvelles technologies à Casablanca, à la BNPJ, qui a commencé d’abord par la création d’une cellule en 2007 (Cellule de lutte contre la cybercriminalité)« , nous détaille le Chef du laboratoire d’analyse à la BNPJ.
Ainsi, l’Office national de lutte contre la criminalité liée aux nouvelles technologies de la Brigade nationale de Casablanca, dispose d’une équipe d’une dizaine d’officiers de police judiciaire ainsi qu’une dizaine de techniciens et d’ingénieurs qui sont spécialisés dans le domaine informatique, télécommunication, développement informatique et autres domaines liés à la technologie, et qui travaillent tous sur la collecte des preuves numériques.
S’agissant des services déconcentrés de la PJ, la DGSN dispose de 29 brigades de lutte contre la cybercriminalité dans pratiquement toutes les préfectures et provinces du Royaume, précise notre interlocuteur.
Pour bien mener cette mission, la DGSN a procédé à la création de 7 laboratoires d’analyse des traces numériques, nous indique Commissaire Hejjouji qui je cite le laboratoire central à Rabat, le laboratoire National à Casablanca et 5 autres laboratoires au niveau des préfectures de police de Casablanca, Laâyoune, Fès, Marrakech et Tétouan.
« La DGSN a doté ces laboratoires de technologies de pointe, en renforçant sa capacité logistique à travers l’adoption de kits d’investigation, d’analyse et d’extraction de données et de preuves numériques, utilisés également dans les pays avant-gardistes en la matière« , nous explique-t-il.
La coopération internationale, la clé pour lutter contre la cybercriminalité
Un autre point n’est pas à négliger dans la stratégie de la DGSN pour la lutte contre la cybercriminalité. Il s’agit de la coopération internationale, qui est un point très important, souligne le Commissaire Hejjouji qui chapeaute le service de cybercriminalité au sein de la BNPJ.
« Comme je l’ai bien souligné, la cybercriminalité et un phénomène transnational. La coopération internationale demeure donc fondamentale pour lutter efficacement contre ce type d’infraction à travers plusieurs canaux comme l’Interpol ou encore la coopération bilatérale entre le Maroc et les pays frères et amis« , explique-t-il.
La sensibilisation représente également un axe majeur de cette stratégie, précise notre interlocuteur, à travers notamment les communiqués de presse officiels, la revue de « Police« , la sensibilisation des enfants par rapport à l’utilisation d’Internet et ses dangers, mais aussi la sensibilisation des citoyens, soutient-il.
Interrogé sur la procédure que suit le service de cybercriminalité, lorsqu’un suspect est détecté, le Commissaire Hejjouji met en avant deux cas de figure.
« Soit la victime se présente au service de police ou au parquet général pour déposer une plainte. Et c’est là le point de départ de l’enquête. Soit la plainte est acheminée vers la PJ et les investigations cybernétiques commencent pour identifier les éventuels suspects. Dans ce sens, nous menons des recherches cybernétiques, et une fois le suspect identifié et en concertation avec le parquet compétent, on peut procéder à l’arrestation et la perquisition, c’est-à-dire la saisie du matériel informatique et téléphonique qui se trouve dans la scène de crime et utilisé par le suspect« , nous explique-t-il.
Une fois le matériel saisi, ce dernier est acheminé au laboratoire d’analyse des traces numériques pour la collecte, la recherche et l’analyse de ce qu’on appelle la preuve numérique, précise l’expert, notant que par la suite, un rapport d’expertise est transmis à l’officier de police judiciaire pour l’utiliser dans sa procédure judiciaire.
Avec la pandémie, la cybercriminalité a explosé
Durant la période de confinement, la plupart des citoyens ont commencé à utiliser les nouvelles technologies pour travailler à distance et effectuer leurs achats, rappelle Commissaire Hejjouji.
Et vu que le Maroc est ouvert à l’utilisation des nouvelles technologies, cela a favorisé l’apparition de nouvelles formes de criminalité qui utilisent très fréquemment les nouvelles technologies de communication.
De ce fait, le nombre d’affaires enregistrées par les services de cybercriminalité à la DGSN, a augmenté durant cette année 2021, en comparaison avec les autres années, nous confie notre interlocuteur.
Mais la DGSN ne compte pas baisser les bras. L’équipe de jeunes au sein du service de cybercriminalité à la BNPJ, nous dit Commissaire Hejjouji, ambitionne de « développer de plus en plus » ses « capacités techniques et logistiques pour pouvoir accompagner le développement technologique et lutter efficacement contre ce fléau de cybercriminalité« .
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