Cette année, le ftour coûte bien plus cher, à cause de l’inflation galopante qui touche la quasi-totalité des produits alimentaires. Résultat, les tables font davantage dans la sobriété et la modération, bien loin de l’opulence habituelle des repas durant le mois sacré. Témoignages à Casablanca.
Chaque mois de ramadan, les Marocains ont pour usage de compenser la frugalité alimentaire de la journée par une abondance gastronomique une fois le jeûne rompu, composant des tables de ftour dont la générosité frise l’exubérance. Pourtant, cette année, la donne semble avoir changé. Inflation oblige, les voici contraints de maîtriser leurs dépenses et de privilégier une certaine sobriété, loin de l’opulence habituelle des repas.
En attendant des jours -et des prix- plus cléments, la modération est donc de mise. Certes, les marchés du Royaume regorgent de produits frais et de qualité, entre légumes variés, fruits juteux et pâtisseries gourmandes, à même de satisfaire les papilles les plus exigeantes. Toutefois, les prix particulièrement élevés, pesant lourdement dans le panier des ménages, ont de quoi calmer les appétits. C’est notamment le cas dans la ville de Casablanca, où la hausse des prix a changé les habitudes les plus tenaces.
«Les prix ont augmenté de manière spectaculaire cette année», se plaint ce père de famille casablancais. «Nous avons dû ajuster notre budget pour pouvoir faire face à cette inflation. Mais, malgré tout, je pense que cette situation a eu des aspects positifs. Nous avons appris à faire plus attention à nos dépenses et à ne plus gaspiller de nourriture», fait-il observer.
Ce père de famille n’est pas le seul à ressentir cette pression financière. De nombreux résidents de la capitale économique ont vu les prix des fruits, des légumes et des viandes gonfler de manière significative.
«Avec la flambée des prix, notre pouvoir d’achat a été sérieusement impacté. Nous faisons désormais plus attention à nos courses, en réduisant nos dépenses alimentaires et en achetant des quantités plus modestes. On se contente de ce que l’on peut trouver à des prix abordables», déplore cette autre personne rencontrée sur le Boulevard Abdelmoumen.
Malgré la difficulté de cette situation économique, certains ménages restent optimistes quant à une future stabilisation des prix. «Il est vrai que la hausse des prix a eu un impact important sur le pouvoir d’achat des Marocains, obligeant beaucoup de gens à réduire leur consommation ou à opter pour des alternatives moins coûteuses. Cependant, on observe que les prix commencent à se stabiliser, comme c’est le cas pour ceux de la tomate», témoigne un autre Casaoui.
Pour d’autres, l’impact est plus difficile à gérer. La hausse des prix de certains produits de base, comme les œufs ou la viande, a même poussé plusieurs consommateurs à revoir leur façon de cuisiner et d’organiser leur repas de ftour. Ainsi si certains parviennent, malgré l’envolée des prix, à conserver leurs habitudes et à composer leurs repas selon leurs envies, pour d’autres, c’est le moment de faire preuve de créativité et de capacité d’adaptation pour continuer à profiter de cette période particulière de l’année.
Une inflation à deux chiffres
Selon les derniers chiffres du Haut-commissariat au plan (HCP), l’inflation a, rappelons-le, grimpé à 10,1% durant le mois de février passé. Cette accélération est principalement la conséquence de la hausse de l’indice des produits alimentaires; qui a atteint de 20,1%. Rien qu’entre janvier et février de l’année en cours, les prix des légumes ont augmenté de 17,8%, de 5,7% pour les fruits, de 4,3% pour les viandes, et de 2,3% pour le lait, le fromage et les œufs.
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