Après le débat Trump-Biden, la panique gagne le camp démocrate

ELECTIONS AMÉRICAINES DE 2024

Après le débat Trump-Biden, la panique gagne le camp démocrate.


Publié le 28 juin 2024
 
Donald Trump et Joe Biden, jeudi soir lors du débat.


Analyse Le président, qui a semblé vieux, usé, éteint, peinant à finir certaines phrases, a laissé un boulevard à un Trump, pourtant une cible facile… Une contre-performance abyssale qui sème le trouble dans son camp.

Les derniers mots à peine prononcés, un silence stupéfait a flotté sur le plateau de commentateurs de CNN. John King, vétéran du journalisme politique, s’est lancé : « Le parti démocrate est en proie à une panique profonde, étendue et très virulente. » Abby Phillip, autre star de CNN, a embrayé : « La panique que j’entends de la part des démocrates ne ressemble à rien de ce que j’ai pu constater dans le passé. » David Axelrod, ancien stratège d’Obama, a aussitôt pris le relais : « Il y avait un sentiment de choc… le son de sa voix, il semblait un peu désorienté. » Van Jones, autre ex-conseiller d’Obama : « C’était douloureux… Il ne s’est pas bien débrouillé du tout. »


Le mot de catastrophe n’est pas trop fort pour décrire la performance de Joe Biden, ce jeudi 27 juin au soir, lors de son premier débat de la campagne 2024 contre Donald Trump. L’air absent, usé, baissant les yeux et peinant à terminer certaines phrases, l’homme a conforté les pires craintes de ceux qui, depuis des mois, le considéraient trop vieux pour se représenter. Sa contre-performance fut telle que beaucoup, dans le camp démocrate, partageaient cet avis de Van Jones, évoquant le choix qui se présente désormais à Joe Biden : « Nombreux sont ceux qui vont vouloir qu’il envisage de changer d’orientation. Nous sommes encore loin de notre convention et le parti a le temps d’emprunter une autre voie s’il nous le permet. » Acceptera-t-il de s’effacer ? Peu probable. Mais les voix discordantes vont rapidement gonfler au sein du parti, et elles pourraient bien devenir assourdissantes.


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Certains, hier soir, tentaient de limiter l’ampleur des dégâts, sur le thème : ce n’est qu’un débat, et en plus, Joe avait la crève. Dans quatre mois, au moment de l’élection, cette soirée ne sera plus qu’un lointain souvenir. Vœu pieux. Comme l’a rappelé David Axelrod, qui ne cachait pas depuis des mois ses inquiétudes sur la candidature de Biden : « C’est la soirée qui a permis de confirmer les craintes de la population. » Il sera impossible, après une telle image de faiblesse et, il faut bien le dire, de vieillesse, d’effacer cette impression.
Outrance grotesque de Trump

La frustration des démocrates est d’autant plus grande qu’en face, il aurait été aisé de déstabiliser Trump. Oui, il a projeté une image dynamique et semblait avoir dix ans de moins (et non trois dans la réalité) que son adversaire. Oui, il a su rester calme de bout en bout. Mais la façon avec laquelle il a enfilé les mensonges à jet continu, baignant dans une outrance grotesque (« Depuis trois ans et demi, nous vivons en enfer »), en faisait une cible facile. Son pitch, répété tout au long du débat – l’Amérique était un paradis quand j’étais président, elle est aujourd’hui un pays en faillite – était tellement peu crédible qu’il offrait mille angles à démolir sans se donner trop de mal.

Biden a réussi quelques contres, par exemple sur la responsabilité de Trump dans l’assaut du Capitole le 6 janvier 2021. Mais le plus souvent, il s’est contenté de réciter et répéter tel ou tel point de son action de président. Même dans sa conclusion de deux minutes, un moment que l’on imaginait pourtant préparé minutieusement, il s’est perdu dans des détails obscurs ou sans intérêt et n’a pas mentionné l’assaut contre le droit à l’IVG et la condamnation de Trump au pénal.

Et maintenant ? Si Biden décide de rester dans la course, les fissures vont rapidement apparaître. Le soutien unanime du parti derrière son candidat ne sera plus qu’une vitrine factice et ridicule s’il perdure – ce qui est peu probable. A l’inverse, si Joe Biden choisissait de ne pas se représenter, l’investiture démocrate serait décidée dans moins de deux mois, lors de la convention démocrate à Chicago, du 19 au 22 août. On imagine la foire d’empoigne, vu le nombre de postulants potentiels. Et comment effacer l’image d’un président et d’un entourage qui ont prétendu si longtemps que leur champion était en pleine forme ? Des questions vont être posées, des accusations lancées, certains vont devoir s’expliquer.

Donald Trump, ce jeudi 27 juin, a fait un grand pas vers la présidence. Il n’a pas gagné, loin s’en faut, et sa performance lors de ce débat ne fera pas changer d’avis tous ceux qu’il inquiète. Mais il est désormais le favori.





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