Banque : Qui sont les victimes des mauvais payeurs ?
Les banques croulent sous le poids des créances en souffrance.
C’est le CIH qui enregistre le taux de contentieux le plus élevé du secteur, mais la Banque Populaire et la Société Générale connaissent la dégradation la plus importante. Il se murmure que les secteurs de l’immobilier et du BTP sont parmi les plus mauvais payeurs.
Les entreprises croulent sous le poids de la dette et les banques sous le lourd fardeau de créances en souffrance. Mais toutes les banques ne sont pas logées à la même enseigne et tous les secteurs ne sont pas si mauvais payeurs que cela. Au niveau du secteur bancaire, il est assez surprenant de voir que les trois grandes banques, à savoir Attijariwafa bank, Groupe Banques Populaires et BMCE Bank, ne sont pas les plus touchées par le phénomène des créances en souffrance. C’est en tout cas ce qu’on est tenté de croire en voyant notamment, les taux de contentieux des différents établissements de la place.
Ainsi, la BMCE Bank qui présente le taux de contentieux le plus élevé, n’a que 4,86% de créances contentieuses à fin octobre 2011. Cette banque subit une légère dégradation de son portefeuille clientèle avec une hausse de 0,33 point seulement. Au niveau d’Attijariwafa bank, on ne ressent pratiquement pas du tout la crise. Aussi étonnant que cela puisse paraître, 3,08% du portefeuille
est passé en contentieux. Il s’agit d’une amélioration de 0,19 point par rapport à fin 2011.
Cependant, c’est le portefeuille du groupe Banques Populaires qui se détériore le plus en 2012.
En effet, «le taux de contentieux qui n’était que de 3,20% en 2011 est passé subitement à quelque 4,32%», augmentant de 1,12 point, selon les dernières statistiques de Bank Al Maghrib. Au vu des derniers développements de l’affaire Maghreb Steel, on est tenté de se demander quel a été l’impact sur la Banque Populaire. Mais au niveau de l’établissement, on minimise cet impact. «En tout cas, l’augmentation des contentieux ne provient pas du tout de cette entreprise», rassure un directeur général de la banque. Certaines indiscrétions lient cette évolution aux engagements dans le secteur l’immobilier et celui du BTP. En d’autres termes, il s’agit des secteurs touchés par la crise.
En effet, si le logement social n’a pas réellement souffert du contexte difficile, le haut de gamme n’a toujours pas connu de relance. Et plusieurs grands groupes traînent avec eux des stocks de logements ou de terrains assez importants.
C’est sans doute, ce qui ralentit les paiements des échéances. Mais, «il faut éviter des conclusions hâtives, concernant l’évolution des taux de contentieux », prévient ce banquier. Il sous-entend que toutes les banques de la place sont touchées de la même manière par le phénomène des impayés.
Selon lui, certaines banques ont simplement choisi de faire passer les dossiers les plus litigieux en contentieux, au lieu de continuer à jouer la carte du rééchelonnement. Quoi qu’il en soit, on peut s’apercevoir que les trois filiales des banques françaises sont touchées à des degrés divers par la dégradation des portefeuilles. La plus affectée est la Société générale dont le taux de contentieux atteint 8,49% contre 7,25%, en 2011, soit une hausse de 1,24 point. Au Crédit du Maroc et la BMCI, on note une détérioration plus faible avec des taux de contentieux respectifs de 7,61% et 6,94% en 2012.
C’est le CIH qui ferme la marche avec ses 9,19%. Pourtant, le spécialiste de l’immobilier a fait des progrès, puisqu’en fin 2011, cet indicateur atteignait 10,05%. Cette baisse de 0,86 point s’explique essentiellement par un niveau de recouvrement assez important. Aujourd’hui, la question est de savoir ce qui attend les banquiers pour l’année en cours. Et les analystes ne semblent pas très optimistes. ■
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