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Sécheresse : Bloomberg met en lumière l'impact sur les exportations marocaines.


Sécheresse : Bloomberg met en lumière l'impact sur les exportations marocaines.

Sécheresse : Bloomberg met en lumière l'impact sur les exportations marocaines
Mercredi 03 juillet 2024 


Bloomberg a récemment mis en lumière la crise de sécheresse sévère qui affecte le Maroc depuis plusieurs années, détaillant ses répercussions sur les niveaux agricoles, économiques et sociaux du pays. Ainsi, et selon la plateforme, la sécheresse prolongée menace les approvisionnements alimentaires mondiaux, contraignant le Maroc à augmenter ses importations de céréales tout en compromettant ses exportations de fruits et légumes.

Mohamed Essdiri, cultivateur depuis 1963 dans la commune de Ezzhiliga, n’a jamais vu la terre aussi sèche. La récolte de blé de l’année dernière a chuté à une tonne par hectare, le niveau le plus bas jamais enregistré, en raison de la sécheresse la plus sévère que le Maroc ait connue depuis trois décennies. Le puits de 25 pieds de profondeur sur sa propriété s’est asséché, et il tente maintenant de cultiver de l’orge, une culture plus résistante.
Réduction de la récolte de céréales

Essdiri fait partie des 1,2 million de cultivateurs de céréales au Maroc qui subissent les effets du changement climatique. La fréquence des vagues de sécheresse a été multipliée par cinq au cours de ce siècle. Les autorités prévoient que la récolte actuelle de blé ne dépassera pas les 2,5 millions de tonnes, bien en deçà des prévisions budgétaires, marquant le niveau le plus bas depuis la crise alimentaire mondiale de 2007.


Cette situation complique la tâche du Maroc pour assurer l’approvisionnement en céréales de sa population, et augmente les dépenses du pays, déjà confronté à des coûts de reconstruction élevés après le séisme dévastateur dans la région d’Al Haouz et les préparatifs pour la Coupe d’Afrique 2025 et la Coupe du Monde 2030.

La situation rappelle le printemps arabe, où l’augmentation des prix des denrées alimentaires a contribué à déclencher des soulèvements dans la région. Les récoltes de blé en Égypte ont souffert de la chaleur extrême, et l’Algérie et la Tunisie ont également connu des sécheresses en 2023. Abderrahim Handouf, chercheur agronome à l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA), a indiqué que l’agriculture céréalière est en crise, et que le Maroc devra augmenter ses importations de blé à court et moyen terme.

Michael Baum, directeur général adjoint du Centre International de Recherche Agricole dans les Zones Arides (ICARDA), a expliqué que les vagues de sécheresse successives ont réduit la production annuelle de blé, de blé dur et d’orge du Maroc à 3 millions de tonnes, contre 10 millions de tonnes lors de la saison des pluies il y a trois ans.

Exportations menacées
La situation est également difficile pour les cultivateurs de tomates, poivrons, fraises et olives, dont les produits remplissent les supermarchés à l’étranger. La zone d’El Kerdane, la plus grande zone agricole irriguée avec une superficie de 10.000 hectares, est sans eau depuis novembre dernier, en raison de la baisse des réserves dans les grands barrages du royaume. Les autorités ont imposé des restrictions sur les exportations d’oignons et de pommes de terre vers l’Afrique de l’Ouest pour tenter de faire baisser les prix, alors que la superficie des cultures céréalières a été réduite à 2,5 millions d’hectares cette année, contre quatre millions ces dernières années, selon le ministre de l’Agriculture Mohamed Sadiki.
Une situation critique

Le Maroc, principal acheteur de céréales françaises, a dépensé 562 millions d’euros (602 millions de dollars) l’année dernière en importations de céréales. La sécheresse a entraîné une augmentation des prix des denrées alimentaires et a aggravé l’inégalité des revenus entre les zones urbaines et rurales, avec une perte estimée de 200.000 emplois dans les zones rurales l’année dernière, portant le taux de chômage national à 13 %.

Deux tiers des cultivateurs de céréales au Maroc travaillent sur des parcelles de moins de trois hectares. La plupart n’ont pas de tracteur, ne peuvent pas acheter de semences, d’engrais ou de pesticides, n’ont pas accès au financement et ne reçoivent pas de formation sur les techniques agricoles alternatives. Handouf a ajouté que « la culture des céréales est devenue synonyme de misère dans les villages marocains« .

L’Institut Royal des Études Stratégiques (IRES), basé à Rabat, a déclaré que les programmes publics des dernières décennies n’ont pas servi équitablement l’agriculture de subsistance, accordant plutôt d’importantes subventions aux zones irriguées sans contrôler leur consommation d’eau. Il a recommandé de donner la priorité aux petits agriculteurs dans les subventions pour contribuer à la sécurité alimentaire nationale et éviter tout risque de troubles.

Impact sur les femmes
La sécheresse affecte également le programme dirigé par le Roi Mohammed VI visant à renforcer la participation des femmes à l’économie. Aicha Aouatchou et ses collègues d’une coopérative n’ont pas acheté de blé dur pour fabriquer du couscous depuis deux mois, en raison de la mauvaise qualité et du coût élevé des grains disponibles. Le prix du blé dur a atteint 7.300 dirhams la tonne cette année, contre environ 4000 dirhams en 2014. Ces femmes gagnent environ 500 dirhams par mois, la plupart étant les principales soutiens de famille.

Pour Essdiri, il a récolté neuf tonnes d’orge cette année, suffisamment pour nourrir sa famille et couvrir les dépenses jusqu’à la prochaine saison de labour. 

Cependant, il se rappelle les années 1980 où, malgré l’absence d’infrastructures modernes, les pluies étaient abondantes. « Maintenant, nous avons ces services de base, mais nous manquons de pluie. 
Tout est disponible sauf l’eau que nous utilisons pour boire et pour l’agriculture«.




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