Dans son dernier rapport, le CESE a relevé que la hausse du taux de chômage pourrait peser lourdement sur le budget de l’Etat.
Les programmes d'insertion professionnelle existants sont jugés insuffisants pour faire face à la hausse du taux de chômage, manquant souvent d'évaluations rigoureuses pour mesurer leur efficacité.
Sans conteste, le chômage demeure la bête noire du gouvernement actuel. Pourtant, rappelons-le, lors de son investiture, Aziz Akhannouch s’était engagé à créer 1 million d’emplois à l’horizon 2026. Une promesse qui, au fil du mandat, s’est hélas transformée en un vœu pieux. Avec un taux de chômage de plus de 13% au deuxième trimestre 2024, le Maroc s’enfonce dans une situation des plus inquiétantes.
Dans son dernier rapport annuel, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a fait état d’une dégradation préoccupante du marché du travail marocain, notant que cette situation touche particulièrement les jeunes et les diplômés. Bien que ces tendances s'inscrivent dans un contexte international difficile, le Maroc affiche un taux de chômage supérieur à celui des pays à revenu intermédiaire inférieur (12%) ainsi qu'à la moyenne de la région MENA (9%).
Des répercussions socioéconomiques inquiétantes.
La persistance de ces indicateurs négatifs pourrait avoir des conséquences économiques considérables. D’après le Conseil, l'augmentation des dépenses liées à l'Indemnité pour perte d'emploi (IPE) et aux aides directes pourrait exercer une pression supplémentaire sur le budget de l'État. Et de poursuivre que cette situation freinerait l'exploitation du potentiel de croissance offert par une population jeune.
Dans cette même optique, le rapport du CESE met en garde contre les répercussions sociales du sous-emploi. Il en ressort que les pays à fort taux de chômage connaissent également une augmentation de la pauvreté multidimensionnelle, de la criminalité et des troubles de santé mentale, notamment la dépression.
D’après la même source, le chômage prolongé peut également inciter à l'émigration, et ceux qui restent sont souvent contraints d'accepter des emplois précaires en raison d'un affaiblissement de leur pouvoir de négociation sur le marché du travail. Entre 2017 et 2023, le taux d’emploi au Maroc est passé de 42% à 38%.
Comment en est-on arrivé là ? Selon le CESE, la sous-performance du marché de l'emploi s'explique par des facteurs liés à la demande et à l'offre de travail ainsi qu'à des lacunes institutionnelles. Sur le plan de la demande, l'économie marocaine peine à générer suffisamment d'emplois pour absorber les 370.000 nouveaux arrivants annuels sur le marché du travail ou pour réduire le nombre de chômeurs existants. Cette insuffisance est exacerbée par un ralentissement quasi-continu de la croissance économique et une baisse de l'intensité de la croissance en termes d'emploi au fil des années.
Un tissu économique vulnérable aux chocs
Dans le même ordre d’idées, le Conseil a relevé que le tissu économique marocain, largement dominé par les petites et microentreprises, reste vulnérable aux chocs économiques. Ces structures, limitées dans leur développement, ne parviennent pas à absorber une main-d'œuvre plus importante.
Pour rappel, une enquête menée par le haut-commissariat au Plan en 2023 a démontré que près de 48% des chômeurs attribuent leur situation à des raisons économiques, telles que la cessation d'activité des entreprises ou l'insuffisance de revenus pour les indépendants. De plus, l'emploi reste concentré dans quelques régions, notamment CasablancaSettat, Rabat-Salé-Kénitra, et Tanger-Tétouan-Al Hoceima, qui génèrent ensemble 59% du PIB national. Une telle concentration accentue les inégalités territoriales.
Une formation en déphasage avec les besoins du marché
Sur le plan de l'offre de travail, le rapport souligne un désalignement persistant entre la formation et les besoins du marché, ce qui se traduit par de longues périodes de chômage pour les jeunes diplômés. D’ailleurs, une étude de la Banque mondiale a révélé que 11% des entreprises de 5 à 19 salariés peinent à trouver des employés dotés des compétences appropriées.
«Le plus urgent à traiter est l’inadéquation entre la formation et le marché du travail : un des défis majeurs est l’écart entre les qualifications des jeunes diplômés et les compétences recherchées par les employeurs.
Le système éducatif au Maroc continue de former beaucoup d’étudiants dans des filières théoriques, alors que le marché a besoin de compétences pratiques dans des domaines techniques. Et cette question à elle seule est sujette d’un véritable débat. On remarque aussi une faible valorisation de la formation professionnelle malgré les efforts fournis depuis des décennies pour l’encourager.
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