Chiens errants et abattage : Pour ou contre, “that’s the question“ ?


Chiens errants et abattage : Pour ou contre, “that’s the question“ ?


Publié le dimanche 01 décembre 2024 

Dans les ruelles et espaces de plusieurs villes au Maroc, ces ombres furtives que l’on croise à chaque coin de rue sont bien plus qu’un problème de santé publique.

Ce sont des vies, des âmes oubliées qui, faute de soin et d’attention, errent dans le désert d’indifférence de la jungle urbaine.

Pour les défenseurs de ces animaux, la solution à la « crise des chiens errants » ne réside pas dans l’élimination, mais dans la compassion et l’action responsable. Il existe environ 900 millions de chiens dans le monde. 

On estime qu’environ 75 %, soit environ 675 millions d’entre eux, sont des chiens en liberté, également appelés chiens errants, qui sont plus courants dans les pays en développement que dans les pays développés.

Le Maroc souffre des effets de la surpopulation d’animaux errants. Le royaume en extermine plus d’un demi-million, bon an mal an selon les ONG. Faut-dire que le Maroc, confronté à une prolifération de chiens errants estimée à 3 millions, suscite de vives réactions. 

Des associations et ONG locales et internationales dénoncent des méthodes violentes de gestion, telles que l’abattage des chiens par balles et empoisonnement en cette veille de l’organisation de la Coupe du monde 2030.

Cause de la prolifération : Un problème humain.

Mais, il faut reconnaitre que si les chiens envahissent les espaces publics, ce n’est pas par choix, mais bien par abandon. Le manque de sensibilisation à la stérilisation, l’absence de politiques de gestion durable et un dysfonctionnement dans l’éducation à la responsabilité des propriétaires sont des causes directes de ce phénomène. 

Mais, pour autant, faut-il punir les chiens pour les erreurs humaines ?

Des solutions humaines et respectueuses existent pourtant. La méthode CNVR (Capture, Stérilisation, Vaccination, Relâchement ou Trap-Neuter-Vaccinate-Release) s’est avérée efficace dans d’autres pays. Elle permet de réduire les populations canines sans les massacrer, tout en assurant une meilleure coexistence. De nombreuses associations au Maroc militent déjà pour sa généralisation, mais elles peinent à obtenir un soutien suffisant.

Éliminer ces animaux, comme le réclament certains, semble être une solution facile et rapide. Pourtant, elle est coûteuse sur le plan moral. Dans une société où les valeurs de tolérance et d’empathie sont chéries, éradiquer des êtres vivants pour des raisons de confort ou d’esthétique publique est un choix qui pourrait ternir l’image du Royaume.
Le coût de l’éthique

Pour ces défenseurs d’animaux, il ne s’agit pas que de protéger les chiens, mais également d’éduquer les générations futures à respecter toute vie, quelle qu’elle soit. Les campagnes de sensibilisation doivent aller de pair avec des actions concrètes, comme la création de refuges et de centres de soins, car l’humanité d’une société se mesure à la manière dont elle traite ses plus vulnérables, animaux inclus.

Cependant, derrière le débat moral, il y a une réalité brutale que défend “mordicus“ ceux qui sont contre la présence de ces bêtes dans les rues et espaces publics urbains surtout. En effet, des personnes font les frais de morsures çà et là par des chiens errants. 
Cela suffit à alarmer les autorités locales et les fanas de massacres d’animaux. 

Face à cette situation, certaines plaident pour des mesures drastiques, soulignant que la prolifération incontrôlée de ces animaux représente un danger tangible pour la population.

Ils invoquent la rage, cette maladie mortelle transmissible par morsure, qui reste un problème de santé majeur au Maroc. 

Les chiens errants, non vaccinés, deviennent les vecteurs principaux de cette menace. Les morsures ne sont pas qu’un problème médical ; elles créent également une peur généralisée qui nuit à la qualité de vie dans les espaces publics.

Des zones, touristiques et autres comme Casablanca, Mohammedia, Agadir, Tanger, Rabat, Marrakech…, en pleine préparation pour accueillir des événements internationaux tels que la Coupe d’Afrique et les préparatifs du Mondial 2030, ne peuvent se permettre d’être associées à une gestion inefficace de la sécurité publique. 

Les municipalités, déjà sous pression, recherchent des solutions rapides pour protéger les citoyens et l’image du pays.
Le pragmatisme avant l’émotion

Pour les opposants à la méthode CNVR, les résultats sont trop lents. L’urgence nécessite des actions immédiates et visibles. 
Si les campagnes d’abattage soulèvent des critiques, elles sont souvent perçues par ceux-là, comme un mal nécessaire pour endiguer une situation qui échappe à tout contrôle.

Le gouvernement, dans ce cas, se retrouve face à un dilemme classique : concilier efficacité et acceptabilité sociale. Mais, pour ces partisans d’une réponse ferme, il ne s’agit pas de cruauté, mais de responsabilité envers les citoyens, en particulier les enfants et les populations vulnérables.

Entre la protection des droits des animaux et la préservation de la sécurité publique, un terrain d’entente est-il possible ? Une gestion mixte pourrait être envisagée, combinant les méthodes de capture et de stérilisation avec des mesures ponctuelles de régulation des populations à risque.

Le vrai défi, cependant, réside dans l’engagement de tous : associations, citoyens, autorités. Car au fond, cette crise des chiens errants n’est que le reflet d’une société en quête d’un équilibre entre ses valeurs et ses impératifs pratiques.

Pourtant, une législation interdisant de tuer ces animaux existe bel et bien chez-nous. Ces pratiques, pour les défenseurs d’animaux, nuisent à l’image du Royaume et violents les engagements pris dans un accord signé en 2019. 

Ce dernier, impliquant plusieurs ministères et organismes publics, prévoit la stérilisation, la vaccination, et la création de refuges pour limiter leur prolifération. 

Qu’en est-il vraiment ?

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